Pour le moment, ça tient. Quoi donc ? Le tissus économique et social d’un paddock des Grands Prix dont la raison d’être est de faire des courses… Qui ne peuvent plus avoir lieu. La faute à ce satané coronavirus dont on fera le bilan de ses victimes industrielles lorsque l’on pourra cesser de comptabiliser les pertes humaines. Les teams ont été mis sous perfusion par le système composé des constructeurs, de l’association des équipes et du promoteur Dorna. Mais pour un temps seulement. Au-delà de juin, la situation va devenir critique si aucune perspective d’une saison 2020 ne se dégage. La preuve…
Les acteurs des Grands Prix ont eu un répit grâce à un plan de sauvegarde rapidement adopté par les décideurs du paddock. Mais le dispositif est un pis-aller, un cautère sur une jambe de bois, un temps gagné certes précieux mais qui ne peut occulter l’essentiel : il faut une compétition pour continuer à exister.
Une anxiété qui augmente au fur et à mesure que l’on descend dans les catégories. Ainsi, si le MotoGP est légitimement préoccupé, en Moto2, on est vraiment très inquiet, sans parler du Moto3. Luca Boscoscuro, qui est aux destinées de la belle aventure Speed Up dans la discipline intermédiaire rappelle ainsi la conjoncture : « c’est un moment compliqué, nous avons suspendu les contrats avec les sponsors en attendant de voir ce qui va se passer. Dorna nous a apporté une contribution : nous espérons qu’à l’avenir, ils pourront nous aider à nouveau. »
Il faudra donc de nouveau abonder les caisses des équipes. « Pour beaucoup, il sera difficile de continuer, vous devez comprendre combien de temps nous devrons rester à quai. J’ai maintenant de l’oxygène, nous espérons que Dorna donnera un coup de main similaire à ce qu’elle fait pour le MotoGP. Le motocyclisme est susceptible de changer après cette crise : tout le monde aura des problèmes, même les équipes satellites MotoGP » insiste l’Italien sur Moto.it.
Une espérance dans le système qui peut cependant tourner à l’illusion si elle n’est pas raisonnée. Le patron de l’IRTA, mais aussi du team Red Bull Tech3 engagé en MotoGP et en Moto3 qu’est Hervé Poncharal réaligne ainsi la mire : « malheureusement, nous n’avons plus de ressources financières, car la majeure partie de notre argent provient de sponsors et nombre de ces entreprises éprouvent autant de difficultés que nous » assure le Français qui veut clarifier les choses : « il faut se rappeler que Dorna n’est pas une banque. Certaines équipes viennent me voir et me disent « Dorna doit nous aider », mais elles sont essentiellement une équipe. »
Aide-toi, le ciel t’aidera aussi rappelle ainsi Hervé Poncharal qui termine sur Tuttomotoriweb : « nous devrons faire face à un environnement économique différent et nous devrons trouver un moyen de nous adapter. Nous avons quelques idées sur d’autres façons de réduire les coûts et tout au long de 2021, nous devrons continuer à y travailler. » On rappellera que le gel technique moteur et aérodynamique a été acté en Commission des Grands Prix tandis que le « holeshot device » a été clairement interdit pour les Moto2 et Moto3. Enfin un début de saison à huis-clos est envisagé pour cet été, en un lieu en Europe encore à définir.