Hervé Poncharal a pris acte de la décision de Miguel Oliveira de ne pas revenir chez Tech3, soit ses premières amours en MotoGP et marquées qui plus est par un succès. Le patron de Tech3 aurait pu mal prendre l’explication du Portugais quand il a tourné le dos à cette offre de KTM, prise comme une sorte de déconsidération. Mais le Français a toujours le regard qui porte au-delà de la colline. Il connait son ancien pilote et il sait aussi comment cela fonctionne au sein de la marque de Mattighofen. Alors il comprend et ne reproche rien à personne. Mais il donne matière à réfléchir quand même…
Dans un entretien avec Speedweek, Hervé Poncharal revient sur cet épisode du marché des transferts qui s’est conclu par la fin annoncée de la relation de longue date entre Miguel Oliveira et KTM. Le Portugais est un pur produit de la filière mise en place par la marque autrichienne. Et c’est a priori une réussite : double vice-champion du monde, 16 victoires en Grand Prix dont quatre avec la RC16, ce qui fait de lui le plus capé des pilotes du blason autrichien en MotoGP. Cependant, il a été décidé qu’il n’avait plus sa place au sein d’une équipe officielle qui s’était décidée pour Jack Miller. Un arbitrage que le Portugais n’a pas validé, même avec toutes les garanties d’obtenir un matériel identique à l’Australien au sein de son ancien team Tech3.
Le patron de ce dernier comprend et veut aussi faire comprendre : « j’ai une relation particulière avec Miguel », assure Poncharal. « Quand j’ai entendu au Mugello qu’il y avait une chance qu’il nous revienne après deux ans avec un support d’usine complet et les dernières machines d’usine, avec un salaire correct et approprié, j’ai pensé que c’était une bonne idée ». Mais c’était sans compter sur la sensibilité de l’homme : « je comprends Miguel. En tant que pilote, vous devez être égoïste, vous devez avoir un ego fort. Si on ne croit pas en soi et qu’on n’a pas une certaine fierté, on ne réussira pas » rappelle le tricolore.
Entre Miguel Oliveira et KTM il y avait déjà eu un malentendu qui a laissé des traces
« Je ne peux pas parler pour Miguel. Mais il pense qu’il est meilleur que Jack. Je pense que c’est normal, il doit penser, ‘Si KTM évalue Jack plus haut que moi, alors ils ont perdu confiance en moi.’ Cela pourrait être la pensée de Miguel. Je comprends son attitude. Il a réfléchi à l’offre de KTM pendant deux jours. Et lorsque nous nous sommes dirigés vers la grille du Mugello, le père Paulo Oliveira a informé Pit Beirer que KTM ne devait plus compter sur Miguel. J’aurais adoré avoir Miguel dans l’équipe. Mais je dois accepter sa décision ».
Cela étant dit, il y a eu un précédent, en 2019, ce qui met les négociations de 2022 en vue de 2023 et au-delà comme le malentendu de trop… Rappelez-vous : Johann Zarco jette alors contre toute attente son contrat officiel au panier, laissant libre la RC16 qui sera finalement mise à la disposition de Brad Binder laissant Miguel Oliveira en plan. Ce dernier en avait pris ombrage et avait été recadré pour ça. Un passé qui a compté dans les événements d’aujourd’hui. Hervé Poncharal n’en disconvient pas : « vous pouvez voir que Miguel Oliveira réagit de manière très sensible et allergique à de tels événements. La deuxième fois que c’est arrivé, il a dit à KTM : « Oublie-moi ! ».
Les relations humaines chez KTM semblent parfois compliquées alors qu’au sein du constructeur on aime à dire que l’on est une famille. Dernièrement, Iker Lecuona a donné son sentiment plus que mitigé sur son expérience avec la marque orange, tandis qu’actuellement, cela semble assez compliqué avec Raul Fernandez et particulier avec Remy Gardner. Danilo Petrucci n’en garde pas non plus que des bons souvenirs. Mais quelle « famille » n’a pas ses problèmes ? En attendant, si la rumeur promet une Aprilia satellite chez RNF à Miguel Oliveira, rien n’est signé, comme rien n’est encore paraphé entre Pol Espargaró et Tech3…
