Dès le premier Grand Prix d’une saison commencée tardivement à cause de la crise sanitaire, les émotions ont été fortes. En effet, avec un Marc Marquez qui terminait dans les graviers une dantesque remontée en course, la campagne basculait déjà puisque l’octuple Champion du Monde était relevé de sa cabriole avec un humérus brisé. Mais Jerez allait encore nous bouleverser une semaine après avec le retour du même Marquez tout juste opéré de sa fracture. Entre héroïsme et inconscience, le débat était ouvert dans le paddock. Qu’en est-il à présent que le recul du temps a ouvert à la réflexion ? Guidotti, de chez Pramac Ducati, répond …
C’était la première sensation d’une saison 2020 haletante vécue en pleine crise sanitaire : Marc Marquez, six jours après la fracture de l’humérus et quatre jours après la première opération, revenait sur sa Honda pour tenter un retour fracassant. Mais l’opération a fait long feu avant d’avoir des conséquences que l’octuple Champion du Monde paie encore.
A l’époque, deux camps analysaient différemment la situation. Pour les uns, c’était la démonstration de la beauté de ce sport et du grand courage de ses acteurs, la passion bouleversant tout sur son passage. Pour d’autres, c’était de l’inconscience pure, mettant en danger le pilote lui-même. Le temps est passé depuis, et l’avis est maintenant réfléchi. Guidotti, le team manager de Pramac Ducati, livre ainsi son analyse : « Marc Marquez n’aurait absolument pas dû sortir sur la piste quatre jours après l’opération ».
Guidotti : « nous n’avons pas donné une bonne image des courses de motos professionnelles »
Mais Guidotti ne s’arrête pas là. Il reconnait que d’autres facteurs ont joué dans ce scénario : « je ne dis pas qu’il aurait été facile de faire différemment. Parce que si un médecin dit au pilote qu’il peut essayer, il voudra y aller et c’est tout. Surtout quand il s’agit de Márquez, avec le personnage que nous connaissons tous. Au moment où le médecin lui a dit qu’il pouvait piloter, il a pensé de la même façon. Même Dieu le Père n’aurait pas pu l’arrêter. Je crois aussi qu’à ce moment-là, toute l’équipe Honda n’avait plus le pouvoir de l’arrêter. Mais bien sûr, c’était une erreur fondamentale ».
Guidotti va alors plus loin : « même s’il avait réussi à reprendre le guidon quatre jours plus tard après une telle opération, nous n’aurions pas eu l’air bien. Car évidemment un pilote serait sorti sur la piste avec plein d’analgésiques dans son corps, ce qui est impensable pour un championnat à notre niveau. En tout cas, nous n’avons pas donné une bonne image des courses de motos professionnelles ». En s’exprimant ainsi sur GPOne, Guidotti n’hésite pas à renvoyer tout le monde à ses propres responsabilités.