Diego Gubellini est le chef mécanicien de Fabio Quartararo et les deux hommes ont fait connaissance sous l’auvent Petronas dès les débuts du Français en MotoGP. Une complicité s’est créée qui n’a pas été mise à mal par l’échec dans la quête du titre en 2020. Le duo est à présent rassemblé dans le box officiel Yamaha et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne très bien. L’homme des stands parle de son pilote en donnant des indications intéressantes sur leur méthode de travail. Et, surtout, en donnant une référence Lorenzo qui annonce un avenir radieux…
En effet, on rappellera que Jorge Lorenzo a remporté trois titres pour une usine Yamaha qui éprouvait depuis son départ les pires difficultés à rester aux avant-postes. Une place de choix que la marque au diapason retrouve avec Fabio Quartararo qui a passé un cap cette saison, en tenant compte des leçons apprises en 2020 : « je suis plus fort maintenant et je me plains moins » reconnait d’ailleurs le Français au mental renforcé. Certes, mais pas que… Et c’est l’agrégation de tous les autres éléments qui assemblent un nouveau pilote à la fois redoutable et redouté.
« Beaucoup de gens ont commencé à parler de la pression pour Fabio au niveau mental, mais le plus gros problème était en fait la situation technique de la moto », a déclaré Gubellini dans une interview avec motorsportmagazine.com. « L’année dernière, il a été super bon sur certaines pistes, mais a eu de grosses difficultés sur d’autres. Même si la moto 2020 ressemblait beaucoup à celle de 2019 de l’extérieur, de nombreuses pièces étaient différentes, donc la sensation était loin de celle de 2019 ».
« Fabio ne s’est jamais vraiment habitué à la moto 2020, mais cette année, la moto est beaucoup plus proche de celle de 2019 et c’est pourquoi il a le sentiment qu’il peut être cohérent. Il se bat essentiellement pour le podium à chaque course, ce qui est la clé pour faire partie de la course au titre », explique l’Italien.
Gubellini : « Quartararo est similaire à Lorenzo mais son style est différent«
Une constance et une assurance qui rappellent évidemment les grandes heures de Jorge Lorenzo sur la M1. Gubellini ne le nie pas, mais il précise que le nouveau cocktail présenté a une plus grande saveur… « Lorenzo était très fluide et très rapide dans les virages. Cela a extrêmement bien fonctionné avec la Yamaha, en particulier avec les pneus Bridgestone. Fabio est similaire car il peut tenir une vitesse de virage élevée, mais son style est différent », détaille-t-il. « C’est typique pour Fabio et la nouvelle génération de pilotes qui joue beaucoup avec leur corps et leur équilibre. Ils déplacent beaucoup leur poids afin de mieux gérer les phases de freinage et d’accélération. Lorenzo a beaucoup bougé sur la moto, mais latéralement – à droite et à gauche – car son objectif était d’augmenter la vitesse dans les virages. Fabio bouge un peu moins à cet égard, mais beaucoup plus en avant et en arrière ».
Une chorégraphie qui s’évère essentielle pour tirer le meilleur parti des pneus et en même temps ne pas trop les stresser. Et c’est la recette du succès dans un MotoGP qui a aussi fondamentalement changé la méthode de travail comme l’approche de la moto : « nous essayons de laisser la moto telle qu’elle était avant » révèle Gubellini, dont la spécialité en tant qu’ancien ingénieur de données est l’électronique. « Nous essayons de travailler dans différents domaines, il est très important de coordonner et de gérer l’électronique. La clé est aussi, surtout avec les Michelin, de laisser les pneus travailler dans la bonne zone. Si nous ne pouvons pas résoudre un problème avec l’électronique ou les pneus, alors nous pensons au set-up. C’est très différent du passé, mais c’est comme ça que nous préférons travailler ». Le changement de génération n’a pas seulement lieu derrière le guidon. Il est aussi en cours dans les stands…