Lorsque Gresini a dévoilé ses plans en Grand Prix jusqu’en 2026, la surprise a été d’apprendre qu’en MotoGP, il n’accueillerait plus dans son box des Aprilia. Ainsi, l’Italien sortira du giron d’un constructeur officiellement engagé. Une mauvaise nouvelle ? Généralement, c’en est une, mais dans le cas de Fausto aux écuries éponymes, on a décelé comme un soulagement forgeant une plus grande détermination. Ce qui jette encore un peu plus le trouble sur la gestion du projet RS-GP …
Depuis qu’il a été lancé, on a du mal à comprendre les tenants et les aboutissants du projet Aprilia en MotoGP. La marque est venue en Grand Prix après des titres mondiaux en WSBK qui ont redoré son blason terni depuis les disparitions des catégories deux temps 125 et 250 au profit des quatre temps des Moto3 et Moto2. Une dynamique que l’on espérait voir se développer. Mais il n’en est rien.
D’abord Aprilia n’est pas venu avec son équipe. Le constructeur de Noale a pris ses quartiers dans le box du team Gresini. Ce qui explique qu’il concourt dans le classement des structures indépendantes. Quant à l’évolution de la moto, c’est uniquement en 2020 que l’on a vu une RS-GP véritablement prototype, abandonnant enfin ses origines de RSV4.
Le développement s’est peu ou prou fait sur la base de l’unique pilote Aleix Espargaró, dix-septième du dernier championnat. Le second pilote Iannone a été soutenu jusqu’au bout par Aprilia mais en vain dans son affaire de dopage qui lui vaut d’être suspendu 4 ans. Quant aux pilotes d’essai Smith et Savadori, si leur vaillance est garantie, ils ne sont pas des foudres de guerre.
Tout cela est-il digne d’une marque du grand groupe Piaggio ? Apparemment, il y a un doute sur la réponse puisque tant Dovizioso que Crutchlow, pour les anciens, que pour Joe Roberts, Bezzecchi et Di Giannantonio pour la relève, ont refusé un contrat pour rejoindre l’aventure. Et voilà qu’à présent, Aprilia est mis dehors par Gresini …
Mis dehors en effet, car ce n’est pas Aprilia qui a décidé au vu des événements. C’est Gresini qui a fait l’annonce. On prête à Aprilia la volonté de monter son team officiel, mais on attend le communiqué officiel. Gresini, lui, n’a pas eu cette patience et a pris son destin en main sur la foi de cette rumeur.
Gresini a appris mais il est aussi déçu
Sur GPOne, il explique ainsi : « ce n’est pas mon choix. Depuis quelques temps, ils avaient exprimé le désir de faire une équipe officielle. J’ai décidé de faire ma déclaration et dire ainsi clairement : « nous serons simplement là ». Nous voulions aussi donner le signal pour construire ».
Gresini, en 2022, se retrouvera donc indépendant. Ce qu’il a été avec Honda du temps des Gibernau, Melandri et, bien sûr, Simoncelli. Il fallait prendre date car la volonté de Dorna est d’avoir 24 motos sur la grille de départ en 2022. Suzuki veut deux GSX-RR de plus tandis que chez KTM, on a annoncé une possible perspective de six RC16.
Les tractations vont donc être lancées et Gresini se présente comme un interlocuteur, qui a beaucoup appris de son expérience avec Aprilia : « nous avons eu une expérience importante avec Aprilia. Travailler avec une équipe d’usine qui en est à ses débuts est différente. Cela m’a appris beaucoup de choses sur les coulisses, sur l’usine même, et j’ai compris beaucoup de choses, certains mécanismes ».
Une période durant laquelle Gresini a appris une chose tout en regrettant une déception : « j’ai appris qu’il y avait une complexité incroyable derrière cela. Mais avec Aprilia, je n’ai pas pu donner ou avoir pour créer quelque chose de plus. J’aurais aimé être davantage incorporé. Un choix politique que je respecte mais dont j’ai aussi beaucoup souffert ». Avec l’issue que l’on sait.