Gigi Dall’Igna est l’heureux patron du département compétition d’une usine Ducati qui a tellement tout raflé en MotoGP et en WSBK en 2022 qu’elle terrifie ses adversaires, à l’aube des campagnes 2023. En WSBK, la leçon est déjà en cours avec un Alvaro Bautista qui a concrétisé dans cinq des six courses disputées avec sa Panigale V4R. En MotoGP, les échéances arrivent mais les premiers tests semblent déjà donner la tendance d’une saison rouge. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, et le General Manager de Ducati Corse tient à le rappeler. Il en profite pour décliner ce qui a toujours été sa méthode de travail, même du temps de Dovizioso en MotoGP et de Redding en WSBK…
Gigi Dall’Igna a fait un point de situation alors que le dernier test de cette intersaison a commencé ce week-end à Portimao. Un tracé qui recevra le Grand Prix inaugural de la saison 2023 de MotoGP, soit celui du Portugal, du 24 au 26 mars. Un exposé qu’il commence en rappelant que tout n’a pas toujours été rose chez les tuniques rouges : « ce n’est pas facile d’atteindre les résultats escomptés, il était important pour Ducati de s’améliorer à partir de 2015 » dit-il. « À partir de 2017, nous nous sommes battus chaque année pour obtenir de bons résultats. Tout comme pour les pilotes, il est également important pour des personnes comme moi d’atteindre des objectifs. Si vous ne les atteignez pas et que les résultats souhaités ne viennent pas, vous ne pouvez pas être heureux et satisfait ».
Après avoir ainsi sous-entendu que la période Dovizioso avait été un échec, il ajoute pour confirmer le sous-entendu : « que vous soyez deuxième, troisième ou quatrième, cela ne fait aucune différence. Le seul endroit où je regarde dans ma tête est la première place ». Mais il n’y en a pas que pour Dovi. La période avant Bautista faite de Davies et de Redding est aussi mentionnée : « jusqu’en 2022, je peux le dire maintenant, les résultats du Championnat du Monde Superbike étaient ma plus grande préoccupation. En fait, Ducati a eu de très bons résultats dans le championnat du monde dérivé de la série pendant de nombreuses années et il a fallu trop de temps pour remporter à nouveau le championnat du monde, c’est certain ».
On notera que la période d’insuccès regrettée englobe aussi la campagne 2019 bien commencée par Alvaro Bautista mais qui s’est mal finie… Reste que la philosophie de Ducati est celle-ci : « toutes les personnes impliquées dans nos projets sont tournées vers la compétition, elles veulent réussir. Tout le monde veut finir à la position dont nous avons besoin ». Et qui est bien sûr celle du leader.
Gigi Dall’Igna : « nous ne sommes pas toujours d’accord avec le pilote, certainement pas. Il doit en être ainsi. Parce que nous avons les chiffres, nous avons les données«
Gigi Dall’Igna était, il n’y a pas si longtemps, identifié comme celui qui n’écoutait pas ses pilotes, un trait de caractère sur lequel Andrea Dovizioso mentionnait à l’occasion. La future légende partie, et avec les résultats qui ont suivi, l’homme de Ducati Corse veut à présent rétablir la vérité. Sur Speedweek, il donne ainsi les éléments de sa méthode : « quand un pilote se plaint d’un problème, tout le monde chez Ducati essaie de comprendre le problème, pas seulement moi. Nous sommes une équipe ! » commence-t-il. « Naturellement, nous avons Paolo Ciabatti et Davide Tardozzi. Ils font du bon travail et nous espérons qu’ils continueront à le faire à l’avenir, mais il ne faut pas oublier les membres de l’équipe, les ingénieurs et les chefs d’équipe tels que Christian Gabarrini et Dani Romagnoli, le chef d’équipe de Jorge Martin, ou l’électronique et l’équipe de Pecco et tous les autres ».
Des compétences qui ont une mission : « nous avons de nombreux techniciens qui essaient de comprendre les pilotes. Tout le monde le fait. Mais si le pilote commet une erreur ou dit quelque chose de faux, et si nous sommes convaincus que cette affirmation est fausse, alors nous le contredisons. Nous ne sommes pas toujours d’accord avec lui, certainement pas. Il doit en être ainsi. Parce que nous avons les chiffres, nous avons les données. Nous devons améliorer les performances, nous devons reconnaître la réalité et nous ne pouvons pas faire d’expériences étranges. Nous devons nous améliorer, c’est notre objectif. C’est mon objectif et aussi celui du pilote. Pour cela, ils doivent me donner leur avis. Et je dois leur dire ce que je pense. Nous devons communiquer ouvertement ». Gigi Dall’Igna sait tenir sa boutique.
