Par son approche, son travail et sa méthode, force est de constater que Gigi Dall’Igna est, en MotoGP, bien plus que le patron de Ducati Corse. Son influence s‘étend en effet bien au-delà de sa fonction de patron de la compétition d’un constructeur. C’est ainsi lui qui a changé la donne en termes de développement d’une MotoGP, en comprenant et exploitant les subtilités du règlement, et poussant par la même occasion les valeurs établies japonaises dans les cordes. Avec à présent tous les atouts en main, il a beau jeu de rafler la mise. Cependant, il reste les pieds sur terre et la tête à Ducati …
Gigi Dall’Igna a été l’homme qui a fait gagner Aprilia dans les catégories intermédiaires des Grands Prix et en WSBK avant d’exprimer totalement son talent d’ingénieur, d’organisateur et de meneur d’hommes chez Ducati. Un succès qui ne passe évidemment pas inaperçu, au point que la concurrence, et en l’occurrence récemment Yamaha et KTM, n’hésitent plus à attirer dans leur camp certains de ses lieutenants.
Il s’est dit que l’intéressé lui-même aurait eu des contacts avec Honda. Ce qu’il ne nie pas en expliquant pourquoi il a décliné l’option … On lit ainsi de lui sur motorionline : « cela nous a coûté cher d’arriver à ce niveau » rappelle-t-il. « Nous n’avons pas gagné le championnat du monde du jour au lendemain. Il aurait été complètement stupide d’abandonner une situation aussi positive sur le plan technique comme celle qui m’entoure actuellement chez Ducati ».
Gigi Dall’Igna : « chez Ducati, c’est fantastique »
Il précise : « l’équipe qui m’entoure est formidable, tant d’un point de vue technique qu’humain. Chez Ducati, c’est fantastique. C’est un lieu où l’on peut parler, discuter. Ce n’est pas facile d’abandonner cette douce chose ».
Au vu de son œuvre, son talent et son aura, Gigi Dall’Igna est souvent considéré comme l’Adrian Newey du MotoGP. On rappellera que ce dernier est le chef du département technique de Red Bull en Formule 1. Un parallèle que l’homme de Ducati refuse : « c’est impossible. Newey est une légende. Le simple fait que quelqu’un me compare à lui me suffit. Mais les voitures et les motos sont deux mondes complètement différents ».
Il poursuit ainsi sa réflexion sur la Formule 1 : « il y a quelque temps, j’adorais la F1. Maintenant, je l’aime un peu moins. Je la suis et je m’y intéresse cependant car il y a beaucoup de technologie derrière elle et je suis très curieux. Disons que je ne regarde plus toutes les courses ».
Puis il termine par ce constat : « il y a beaucoup d’ingénieurs aérodynamiques travaillant en MotoGP qui viennent de la F1. Après l’aviation, la F1 est l’expression ultime de l’aérodynamique. Le MotoGP a encore un long chemin à parcourir à cet égard ».