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Le pilote australien a dû puiser au plus profond de lui-même pour être sacré en Moto2 l’an dernier, face à un adversaire que personne n’attendait à ce niveau : son propre coéquipier.  

Une décennie. Il aura fallu ni plus ni moins que dix longues années pour que l’Australie place à nouveau l’un de ses ressortissants au sommet de la hiérarchie en Grands Prix. La dernière fois, ce fut donc en 2011, avec le second sacre de Casey Stoner en MotoGP, pour le compte de Honda (le premier ayant été obtenu en 2007 avec Ducati).

En 2021, ce fut finalement le fils ainé de Wayne Gardner (Champion du monde en 500cc en 1987), Remy, qui a repris le flambeau en catégorie Moto2. Pourtant le jeune Australien, qui fêtera ses 24 ans le mois prochain, moins de deux semaines avant l’ouverture de la nouvelle saison, ne visait pas spécialement le titre à pareille époque l’an dernier.

 

Pas de vues sur le championnat en début de saison

Il faut dire qu’il n’avait alors qu’un succès à faire valoir à son palmarès, et encore, ce dernier décroché tout récemment lors de la finale de la saison 2020, à Portimão, au Portugal. Arrivé en Moto2 en 2016, autant dire que l’Aussie a mis le temps pour faire son trou, mais avec la KTM omnipotente de l’équipe Ajo, celui-ci détenait l’arme ultime pour aller chercher le sacre, même si cela ne faisait donc pas partie de ses premières intentions début 2021. « J’ai commencé la saison sur les mêmes bases qu’en 2020, c’est-à-dire faire en sorte de finir les courses et d’empocher le maximum de points », a ainsi expliqué Remy Gardner auprès du site officiel du MotoGP. « J’ai abordé la saison en voulant prendre les courses les unes après les autres, sans même avoir en tête le championnat. »

Il a pourtant bien fallu se rendre à l’évidence lorsqu’il s’est imposé sur trois courses consécutives : au Mugello, en Catalogne ainsi qu’au Sachsenring, bouclant la première moitié de saison avec une large avance sur son coéquipier Raúl Fernández. Une série de victoires qui a mené Gardner à réviser ses ambitions à la hausse, tout en prenant conscience que son plus grand adversaire se situait sans aucun doute dans le garage d’à-côté. « Je pense que notre première partie de saison a été incroyable, mais bien sûr au fur et à mesure que nous nous sommes rapprochés de la fin de saison, les points ont commencé à vraiment compter », reprend le Champion en titre de la catégorie intermédiaire. « D’autant plus que Raúl réalisait de très solides courses, et c’est à ce moment-là que nous avons vraiment commencé à penser au championnat, mais c’était aussi son cas. »

Une menace nommée Fernández

Il est vrai que Fernández, qui découvrait pour sa part la catégorie intermédiaire cette année, s’est montré de suite dans le coup et a constitué une véritable menace une fois passée la mi-saison. Le jeune espagnol est ainsi monté en puissance lors des dernières manches, enchaînant les victoires, allant jusqu’à figurer lui-aussi comme un prétendant crédible pour le titre, notamment lorsque Gardner a flanché, à Austin par exemple. « La seule erreur que j’ai vraiment eu à déplorer fut à Austin », reconnaît l’Australien, qui estime cependant que son abandon au Texas a été salvateur et lui a permis de se remobiliser en vue des dernières épreuves. « Il est clair que ce fut un moment difficile à accepter pour moi dans la perspective du championnat, mais je pense que j’ai réussi à garder mes nerfs et juste après l’accident j’ai tout de même pu me relever et aller de l’avant. De toute façon cela était nécessaire car il ne restait plus que trois courses à disputer, et dans les faits rien n’était perdu. Je me suis donc battu plus fort que jamais. J’ai alors réussi à creuser de nouveau l’écart. »

Notamment sur les terres de sa première victoire dans la catégorie, en Algarve, où il a de nouveau réussi à s’imposer pour présenter pas moins de 23 points d’avance sur son coéquipier à l’amorce de la dernière course de la saison à Valence. « Au Grand Prix du Portugal, le choix des pneus et le fait de rester bien calme tout au long de l’épreuve ont été des facteurs capitaux », explique Gardner, qui ressentait alors encore des douleurs liées à sa chute sur le COTA. « En ce sens, Portimão fut vraiment déterminant cette année me concernant. Il a fallu que je garde la tête froide alors que j’avais encore des douleurs aux côtes. Malgré cela, j’ai réussi à décrocher une victoire qui fut sans doute l’une des plus importantes cette saison. »

 

Une victoire qui lui a donc permis de bénéficier d’un matelas confortable à l’approche de la finale de la saison, le laissant ainsi libre de rouler à sa main pour finir l’épreuve en dixième position, pendant que son rival décrochait son huitième succès de l’année. Suffisant pour rafler la mise et le titre, au terme d’une année qui aura été prodigue en enseignements le concernant. « Il y a bien sûr eu des moments très stressants, et je dois dire qu’il y a eu des passages où ce fut très éprouvant mentalement. Mais au final il ne faut pas rester bloqué sur les erreurs qui ont pu être commises, il faut s’en servir pour progresser. Je pense que j’ai beaucoup appris sur ce point cette année, en particulier sur la façon de gérer la pression, notamment celle appliquée par Raúl. Je pense que c’est une aptitude que je vais pouvoir réutiliser à l’avenir, que ce soit en MotoGP ou dans d’autres domaines. »

Gardner et Fernández, de rivaux en Moto2 à partenaires en MotoGP

Seuls quatre malheureux points ont finalement séparé Gardner de Fernández à l’issue de la saison. Mais malgré l’importance des enjeux, les deux hommes ont su se respecter jusqu’au-bout et c’est d’ailleurs ensemble qu’ils feront cette année leurs débuts dans la catégorie reine, au sein de l’équipe Tech3.

 

 

L’important pour les deux acolytes sera alors plus d’apprendre que de se tirer réellement la bourre, alors que les premiers essais qui se sont tenus à Jerez fin novembre n’ont pas manqué de surprendre l’Australien, victime d’une lourde chute lors de la première journée, qui lui a occasionné, de nouveau, des douleurs aux côtes. Pas de quoi cependant refréner son enthousiasme à l’heure de débuter en MotoGP : « Je suis très impatient de faire mes débuts dans la catégorie, même si bien sûr il va y avoir beaucoup de choses à apprendre. Je pense d’ailleurs qu’il va falloir garder un œil sur Raúl, car il devrait être très rapide. On va se pousser l’un l’autre dans nos retranchements chez KTM, et j’espère que cela va nous permettre d’avoir une bonne saison sur des machines qui en jettent. »

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