Franco Morbidelli n’est pas fâché d’être enfin arrivé jusqu’à une trêve hivernale qui va lui donner un délai de cinq semaines pour faire sa métamorphose. Car c’est bien de cela dont il s’agit pour le gentil Francky qui va devoir se muer en féroce Morbido pour enfin mettre à sa botte cette M1 élevée selon les principes de son équipier Fabio Quartararo. Une feuille de route que l’italo-brésilien a lui-même tracé après une première partie de saison anonyme que le dernier Grand Prix des Pays-Bas peut résumer à lui-seul…
Une punition infligée pour avoir gêné un pilote lors des séances d’essai, une sanction en course si mal accomplie qu’elle en a motivé une seconde qui n’a même pas pu être honorée à cause d’une chute synonyme d’abandon, le tout dans la discrétion du fond du peloton, ce n’est rien de dire que Franco Morbidelli n’a pas été à la hauteur de son statut d’officiel Yamaha à Assen.
C’est l’occasion de rappeler le parcours fait jusque-là par celui qui a été Champion du Monde Moto2 en 2017 : en onze courses, il n’a récolté que 25 points et il est désormais 19e au classement général, tandis que son coéquipier Fabio Quartararo mène le championnat avec 172 points. Avec un tel bilan, cette chute aux Pays-Bas n’est pas ce qui le préoccupe. Et il le reconnait volontiers : « la chute n’est pas notre plus gros problème pour le moment », assure le vice-champion du monde MotoGP 2020. « Nous devons être plus rapides, mais je dois être très agressif pour le faire. Seulement pour le moment mon style de pilotage n’est pas assez agressif pour aller vite avec la moto ».
Le placide Morbidelli a donc des objectifs clairs pour la trêve estivale : « nous allons profiter du temps libre pour nous regrouper et adapter mon style de pilotage à la M1 de cette année. Je dois changer mon approche et je vais essayer de le faire le plus rapidement possible, afin de tirer le meilleur parti de la moto ».
Franco Morbidelli : « je considère que c’est un grand défi, également d’un point de vue humain«
Il ajoute : « durant ces mois j’ai compris une chose importante, qui est de changer pour être rapide avec cette moto. Je sais que dans certaines conditions mon style est payant, mais je dois le changer. Pour finir, c’est ma moto, c’est le cadre que j’ai, ainsi que l’équipe. Le fait est qu’il est difficile de changer toutes ces choses ensemble, mais en même temps je considère que c’est un grand défi, également d’un point de vue humain ».
Toujours selon Morbidelli, « la moto a beaucoup grandi et comme vous pouvez le voir, elle a un grand potentiel, mais vous devez être agressif et pas gentil pour la piloter. Pour être plus violent au guidon de la M1, il faut changer, car je suis trop mou. Pour l’instant je n’ai pas d’idées sur lesquelles me baser, mais il va falloir que je trouve un moyen d’avancer ».
On rappellera que Franco Morbidelli est bien le seul pilote du plateau MotoGP qui peut se permettre de prendre du temps afin que la Chrysalide devienne papillon. Il a un contrat jusqu’en 2023 qui ressemble comme à un piège pour une usine Yamaha qui aurait bien tenté, sinon, le pari de la fougue de son Champion du Monde WSBK Toprak Razgatlioglu. Car pour ce qui est de l’agressivité, le Turc en a plutôt à revendre…