Aleix Espargaró a de nouveau livré une prestation de premier ordre ce weekend en France, avec l’obtention d’un nouveau podium, son quatrième de la saison et le troisième d’affilée. Une belle régularité qui lui vaut de naviguer en deuxième position au championnat, à seulement quatre points du leader Fabio Quartararo.
Le pilote Aprilia est revenu sur sa performance lors de la conférence de presse post-course, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Aleix, c’est votre quatrième
podium cette saison, et le troisième consécutif. Ce fut d’ailleurs
probablement le plus difficile à aller chercher ?
«
Cela a été extrêmement difficile, car j’étais rapide mais pas
suffisamment pour dépasser Jack Miller, ou bien même Joan Mir en
début de course. Mais je savais qu’aujourd’hui ça allait être une
affaire de survie car la piste était vraiment glissante. En fait il
était plus difficile de rester sur la moto que d’aller vite : à
chaque fois que j’étais sur le point de rattraper Jack, je
commençais à ressentir des mouvements sur l’avant, et j’ai vu sur
mon tableau de bord que le pneu avant était en feu. Je me suis donc
résolu à le laisser prendre ses distances, à environ huit dixièmes
voire une seconde. Dans la dernière partie de la course j’ai vu sur
les écrans géants que Fabio Quartararo était très proche. Pour
avoir analysé son pilotage durant le weekend je m’étais aperçu
qu’il était très rapide en milieu de virage, donc je savais
pertinemment que si je faisais un écart ne serait-ce que d’un ou
deux mètres, il en tirerait immédiatement avantage. Ce fut donc
très difficile de ne faire aucune erreur dans les dix derniers
tours tout en continuant de rouler en 1’32.0, mais finalement j’ai
réussi et ça a payé. »
Ce fut en effet sans doute
difficile de contenir Fabio alors qu’un podium était à sa portée
devant son public…
« A chaque fois que je m’étais
approché de Jack, j’avais eu des problèmes de pression et de
température au niveau du pneu avant, et c’était impossible de
doubler. Je savais donc que Fabio rencontrait exactement le même
problème derrière moi. Il est certes meilleur que moi en milieu de
virage, mais je suis plus fort que lui au freinage, donc au final
je savais que la balle était dans mon camp. Je savais que si je ne
commettais aucune erreur et que je continuais à freiner tard, alors
le podium était pour moi, donc c’est ce que j’ai fait. »
Aprilia va se présenter sur
son GP national, au Mugello, en étant en tête du championnat des
équipes. C’est un peu un rêve non ?
« Je n’ai
aucune explication pour décrire notre situation actuelle. Je prends
énormément de plaisir au guidon cette année, j’ai la moto de mes
rêves entre les mains. J’avais donné des indications aux ingénieurs
pour qu’ils essaient de faire une moto qui soit parfaite pour moi,
et c’est ce qu’ils ont fait. Durant l’hiver ils ont fait progresser
énormément la moto, et à présent j’ai à disposition la machine dont
j’ai toujours rêvée. Maintenant nous ne sommes qu’à quatre points
derrière Fabio Quartararo après sept manches, alors qu’il est en
tête du championnat. L’équipe est vraiment incroyable. »
Pensez-vous que la traction
constitue le point fort de l’Aprilia ?
« Je pense
qu’aujourd’hui on a été forts au niveau de la traction car j’ai été
très conservateur au niveau des freins. Je ne voulais faire aucune
erreur dans la perspective du championnat avec Fabio. Freiner fort
en entrée de virage m’a permis de relever davantage la moto dans le
virage et donc de bénéficier de plus de grip. Je pense cependant
que le bon côté de l’Aprilia ne réside pas dans sa traction ou dans
les phases de freinage, mais au niveau de son équilibre. Elle est
performante dans plus ou moins tous les secteurs, et aujourd’hui ce
fut la première fois où j’ai souffert au niveau de l’accélération.
La traction n’était pas si mauvaise, mais avec mon accélération
c’était tout bonnement impossible pour moi aujourd’hui de me
rapprocher de Pecco Bagnaia, Enea Bastianini et de Jack
Miller. »
A un certain moment, en fin
de course, Fabio s’est vraiment rapproché de vous dans un virage.
Aviez-vous fait une erreur ?
« Non pas vraiment,
mais le fait est que dans le même temps je m’efforçais de revenir
sur Jack pour tenter de le dépasser, mais à chaque fois que je me
rapprochais je voyais sur mon tableau de bord que mon pneu avant
devenait vraiment très chaud, et à un moment j’ai pris la décision
de rendre une seconde car sinon j’étais promis à la chute. Je me
suis donc donné un peu d’air, et sitôt après cela la température a
commencé à décroître, et c’est à ce moment-là que Fabio s’est
rapproché. Mais je savais très bien que Fabio était dans une
situation similaire, et qu’il était très dangereux pour lui de trop
se rapprocher de moi. Dès lors je savais ce que j’avais à faire
pour rester devant : freiner très tard pour le maintenir derrière
moi, mais sincèrement ce fut une course très difficile pour
moi. »