Johann Zarco a signé le sixième chrono de la séance de qualifications du GP de France. Devant son public, le Français avait plus tôt dans la journée établit un nouveau record de la piste du Bugatti, bien vite effacé par une succession d’améliorations lors de la Q2 de la part de plusieurs de ses adversaires.
Il n’en demeure pas moins que le pilote Pramac aura une très belle carte à jouer demain. Celui-ci a répondu aux questions des journalistes à l’issue des qualifications, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Johann, es-tu déçu de ne pas
être parvenu à réitérer ta performance de ce matin, où tu avais
roulé en 1’30.5 ? Un tel chrono t’aurait permis de figurer en
première ligne cet après-midi…
« Sur le coup j’ai
en effet été contrarié, mais après-coup ça allait, car mon 1’30.8
reste un bon chrono cet après-midi. J’ai vraiment réalisé un super
tour ce matin [Zarco a réalisé le meilleur temps lors des FP3],
mais le fait de parvenir à répéter ce type de performance dépend à
la fois de peu et de beaucoup de choses. C’est pour cette raison
que les qualifications ont été difficiles, tout en saluant Pecco
Bagnaia qui a fait le boulot. Il a su passer un cap et confirmer
alors que Jack Miller est resté derrière lui [les deux Ducati
officielles ont roulé de concert lors de la Q2]. J’ai essayé de
partir avec eux mais ils étaient déjà trop loin. J’ai cependant
réussi à monter en puissance au fil des tours, avec un 1’31.3 puis
un 1’31.0 et enfin le 1’30.8, ce qui est toujours encourageant en
termes de dynamique. Les FP4 n’ont quant à eux pas été
exceptionnels en termes de résultat, mais on cherche toujours ce
petit truc qui pourrait me permettre d’être plus à l’aise. On n’y
est pas encore mais on progresse, et je sens qu’on peut vraiment
être dans le coup et ça c’est important. La deuxième ligne reste un
bon résultat, de toute façon c’est le cas pour les deux premières
sur la grille. C’était génial de faire ce super chrono ce matin,
c’est toujours bon d’établir un nouveau record de piste comme ça,
car ça reste historique, même si dans ce cas précis ce n’est pas
resté historique très longtemps ! Mais cela m’a au moins permis de
passer directement en Q2 avec tout le gain d’énergie que cela
implique, car participer à la Q1 est toujours quelque chose de
fatigant. Pas de prise de tête pour demain, car il peut y avoir des
changements de conditions, et du coup plus d’opportunités à saisir,
en tout cas plus que sur le sec, car dans ces conditions Bagnaia a
fait un nouveau bond en avant alors que Fabio Quartararo est
toujours très fort. Je vois bien ces deux-là être dans le coup, et
j’ai du mal à m’imaginer les battre à la régulière. Du coup c’est
vrai qu’un changement de conditions pourrait changer la donne.
»
Tous tes engagements auprès
des fans français ne sont-ils pas fatigants sur un GP comme
celui-là ?
« Cela n’arrive qu’une fois dans
l’année, et en plus comme cela fait longtemps qu’on n’a pas eu de
public ici tout le monde essaye d’en profiter. On essaye de filtrer
énormément, mais même comme cela on a tout l’après-midi d’occupé.
L’énergie du public est toujours bonne à prendre, mais elle me
pompe aussi car tout le monde se pousse un peu et tu ne peux jamais
faire plaisir à tout le monde. Donc là on va faire le maximum sur
les moments dédiés à cela. Je sais que cela va être bien géré. Déjà
je ne suis pas en première ligne, donc pas de conférence de presse,
ça me fait gagner une heure dans mon après-midi ! »
As-tu une explication sur le
fait que les records n’ont eu de cesse de tomber aujourd’hui
?
« C’est simplement du fait de la catégorie : on
va de plus en plus vite, les moteurs évoluent, et comme il n’y a
plus de leader, tout le monde se motive pour viser le podium, voire
la victoire, et je pense que cela a beaucoup permis d’augmenter le
niveau de tous les pilotes. Trois dixièmes qui couvrent les 12
premiers, ce n’est pas quelque chose qu’on voyait auparavant, et
par conséquent chaque pilote essaye de jouer sa chance. Par
ailleurs, ici au Mans nous avons vu le record de la piste tombé à
de multiples reprises jusqu’ici ce weekend pour la simple et bonne
raison que celui-ci datait de 2018 [déjà du fait de Zarco, à
l’époque sur une Yamaha satellite alignée par Tech3], et comme ici
il est rare de bénéficier d’un weekend totalement sec, on n’a
habituellement pas le temps de battre ce record. Mais depuis hier
il fait tellement beau que les conditions météo ont permis de
rouler plus vite. »
Que s’est-il passé avec Pol
Espargaró ?
« IJe l’ai gêné dans la chicane. Je
venais de finir mes tours lancés, et je venais de me louper dans la
chicane, et du coup j’ai voulu me décaler à droite et c’est vrai
qu’il était vraiment tout près derrière moi et que je lui ai coupé
la route et tué son tour. J’ai tout simplement voulu couper car je
m’étais loupé, et je ne me suis pas poussé au bon endroit.
»
De la pluie est annoncée
pour demain. Tu as l’image d’un pilote à l’aise sur le mouillé,
comment est-ce que tu perçois ça ?
« C’est sympa,
cela veut dire que je m’en sors bien dans ces conditions. Mais je
dois dire que Jack Miller s’en sort parfois mieux, en tout cas en
ce qui concerne l’adaptation très rapide. Il n’y a qu’à voir le
début de course à Mandalika où il est parti vite avec Miguel
Oliveira, même si par la suite il a galéré avec son pneu et que je
l’ai rattrapé. Mais c’est justement parce que j’ai tardé à prendre
le rythme à Mandalika que j’ai manqué la victoire. Une fois que
j’ai le feeling je suis très bon, mais comme j’ai un côté un peu
conservateur parfois je perds du temps. C’est vrai que s’il pleut
il va falloir être en mesure d’attaquer dès le début pour vraiment
espérer jouer la gagne. »
On parle beaucoup de mercato
en ce moment. Quelle est ta situation vis-à-vis de Ducati
?
« Dans nos discussions il y a une certaine
volonté que tout soit confirmé ici. Vu ce qu’on fait, on veut
continuer ensemble, car la relation est très bonne. Il n’y a donc
pas de raison de se dire qu’on peut être remplacé par quelqu’un
d’autre. Comme je l’ai dit par le passé, je suis bien au sein de
l’équipe satellite, et c’est mieux pour les jeunes s’ils se
disputent la place de Miller au sein de l’équipe officielle. De mon
côté tant que je suis là avec une moto en mesure de gagner, je suis
content. »