Jack Miller a assuré le doublé en qualifications pour le compte de Ducati, en terminant deuxième derrière son coéquipier Pecco Bagnaia. Un excellent résultat pour l’Australien, qui tentera de réitérer sa performance de l’an passé où il s’était imposé en France, à plus forte raison si la pluie se confirme en course.
Le numéro 43 a répondu aux questions des journalistes lors de la conférence de presse post-qualifications, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Jack, êtes-vous surpris par
la pointe de vitesse que vous avez été capables d’avoir en
qualifications chez Ducati ?
« Les temps que nous
faisions ce matin étaient déjà incroyables : le grip était là, et
on pouvait faire ce qu’on voulait avec les pneus, ce qui est
d’autant plus remarquable que nous sommes au Mans, où il y a
beaucoup de phases d’accélération réalisées sur l’angle. On avait
presque trop de grip. Mais cet après-midi les chronos ont été plus
difficiles à réaliser. Je savais que je pouvais rouler dans la
fenêtre des 1’30, mais je savais aussi qu’avoir quelqu’un comme
référence devant moi m’aiderait, et en ce sens Pecco Bagnaia était
le gars parfait pour cela. On a tous attaqué fort, mais quand je
vois le temps qu’il a fait, c’est vraiment impressionnant. Il a
pris le virage 6 en laissant une marque au sol tout du long, en
manquant à peine le point de corde, c’était vraiment impressionnant
à voir. Le rythme est très élevé depuis le début du weekend, tout
le monde est performant. Le fait d’avoir battu à plusieurs reprises
ce record de la piste qui tenait depuis quelques années, c’est
aussi impressionnant, et je m’attends à quelque chose dans ce
genre-là également demain en course. C’est un weekend fantastique,
et c’est top de voir tous ces fans enfin de retour. Je ne suis pas
sûr qu’on dorme très bien cette nuit, mais quoiqu’il arrive on
devrait vivre une belle journée demain ! »
Vous disposez d’une très
bonne pointe de vitesse sur le sec, mais vous avez montré l’an
dernier être également très à l’aise en cas de course flag-to-flag,
qui n’est d’ailleurs pas à exclure demain…
« En
MotoGP on peut changer beaucoup de choses, mais pas la météo. Il
n’y a donc pas lieu de trop s’en faire à ce sujet. Nous allons
simplement nous adapter et prendre les choses comme elles viennent.
S’il pleut, très bien, mais s’il ne pleut pas c’est mieux car c’est
moins stressant. Mais avoir fait ce que nous avons fait aujourd’hui
va nous rendre la tâche plus facile demain. D’autant plus qu’ici il
semble difficile de dépasser, car vous pouvez débouler derrière un
pilote qui est deux secondes plus lent que vous, et avoir tout de
même du mal à le doubler. Alors imaginez dépasser un pilote qui
fait les mêmes temps que vous… c’est très difficile. »
Le 46 va être retiré des
numéros disponibles lors de la prochaine manche au Mugello.
Aimeriez-vous que votre propre numéro soit un jour retiré ? Cela
serait bon signe…
« Le numéro 46 peut être retiré…
à la différence du mien qui ne le sera jamais, je peux quasiment
vous le garantir ! Je ne suis pas Valentino Rossi, et je n’ai donc
pas trop à me préoccuper de cela. »
Espérez-vous de la pluie ou
à tout le moins une course flag-to-flag demain ?
«
Pas de course flag-to-flag, car c’est beaucoup trop de stress.
C’est bien mieux si la situation est claire : course sur piste
sèche, ou mouillée. Mais comme je l’ai dit plus tôt, on ne peut pas
contrôler la météo. »
Au cours de ces deux
premières journées de compétition nous avons vu beaucoup de tout
droit dans le premier virage, ce qui est assez dangereux à cet
endroit-là [les pilotes tirent tout droit et sont contraints de
garder de la vitesse hors-piste pour ne pas s’enliser dans les
graviers, coupant au final la première chicane à haute vitesse].
Pensez-vous qu’il serait mieux d’avoir de l’asphalte à cet endroit
en lieu et place des graviers ?
« C’est vrai que
la situation n’est pas facile à cet endroit, car vous essayez de
prendre le plus de piste disponible pour avoir la meilleure
trajectoire possible. Mais ce n’est pas évident car aujourd’hui par
exemple j’ai touché aux freins alors que j’étais sur une ligne
blanche et j’ai de suite perdu l’avant. Mais si vous mettez de
l’asphalte à cet endroit il vous faut irrémédiablement repousser le
mur de 200 mètres. Tout ce que je peux dire, pour avoir chuté déjà
deux fois ce weekend, c’est que ce circuit du Mans dispose d’un
très bon gravier. Je suis sérieux en disant cela, car mes gars dans
le garage ont fait un véritable miracle en remettant d’aplomb ma
moto après mon accident dans le virage 7, un endroit où vous n’avez
pas vraiment envie de chuter… Si cela était arrivé à Jerez ou à
Portimão, où les graviers sont bien plus lourds cela aurait été une
autre histoire, à la fois pour moi et pour la moto. Au final nous
sommes sur un circuit, donc il y aura toujours des endroits
dangereux. Mais ici je me suis retrouvé hors-piste à deux reprises
et je n’ai jamais eu à descendre de la moto grâce à la qualité du
gravier : à chaque fois j’ai simplement maîtrisé ma machine du
mieux que je pouvais avec le frein arrière, pour ensuite revenir
sur le tracé de façon assez sûre. »
Lors de votre dernier relai
en Q2 on vous a vus rouler de concert. Était-ce prévu
?
« Il n’y avait pas de plan. J’ai juste gardé un
œil sur l’équipe de Pecco et dès que je les ai vus s’affairer je me
suis empressé de remonter sur ma moto. »
Vous venez de déclarer qu’il
était assez difficile de dépasser ici, alors qu’il y a quelques
années les pilotes tenaient le discours radicalement opposé.
Doit-on s’attendre à ce qu’il soit de plus en plus difficile de
dépasser dans la catégorie reine désormais ?
« Le
championnat est comme cela actuellement : on voit beaucoup de
pilotes chuter, beaucoup de pilotes entrer en contact. Il faut s’y
attendre quand vous avez autant de motos à un aussi bon niveau. Je
ne me plains pas, car je suis sur la première ligne. J’espère
simplement prendre un bon départ. »
Le niveau de la GP22 semble
de plus en plus fort, GP après GP. Avez-vous trouvé quelque chose
de spécial, que ce soit au niveau des réglages ou de l’équilibre
global de la moto ?
« Personnellement c’est ce à
quoi je m’attendais en début de saison. Quand vous apportez quelque
chose de tout nouveau, après des années à avoir roulé avec la même
moto, cela change forcément. Le changement n’est pas une mauvaise
chose, mais il vous faut juste du temps pour comprendre votre
nouveau matériel. Cela prend du temps de développer de nouvelles
choses. C’est comme quand vous revenez sur une piste sur laquelle
vous n’avez plus roulé depuis deux ans. Je pense qu’on va voir tout
le potentiel de la moto se révéler au fur et à mesure, avant
d’avoir de nouveau une nouvelle machine en fin d’année. C’est comme
ça que ça marche. »