Depuis le début de saison, Fabio Quartararo
paraît changé. Plus posé, plus létal et plus flamboyant que jamais.
Tout le monde s’accorde à le dire : Le français a tout d’un grand
champion. Cette phrase trouble est finalement assez difficile à
comprendre, vous ne trouvez pas ? Décryptage.
Un champion se comporte de la sorte avant de l’être. Pour être le
meilleur, il faut agir en patron, tout simplement. Ne pas rougir
devant l’adversité, ne pas s’estimer moins bon que la concurrence,
aussi forte soit-elle.
Vous l’aurez compris : Tout se joue dans la tête. Depuis l’entame,
le mental de Fabio paraît plus aiguisé que jamais, ne montrant
aucun signe de relâchement dans les moments difficiles. De
nombreuses légendes s’accordent à dire que tout se construit sur
les détails et l’accumulation de ceux-ci.
Jerez 2021, c’est « gros détail
», comme s’amuserait à dire une autre légende française. Touché au
bras, « El Diablo » prend son courage a deux mains
et donne tout pour joindre l’arrivée. Peu importe la souffrance.
C’est dans ces moments qu’est cultivée l’âme d’un champion, pas
nécessairement dans les victoires.
À seulement 22 ans, ce tour de force est ahurissant. Mais ce n’est
pas tout ! Il faut aussi évoquer cette vitesse pure, empruntée aux
plus grands de ce sport. Les performances en qualifications sont
primordiales, car elles donnent un énorme avantage psychologique,
plus que matériel d’ailleurs.
Par cinq fois, consécutivement s’il vous plaît, à
l’heure où ces lignes sont écrites, Fabio infligea une punition à
toute la grille le samedi. Cette capacité est la marque d’un
champion.
S’il on élargit le champ de vision, d’autres indices ne laissent
aucun doute quant au potentiel du frenchie. Sa prestation après la
tragique disparition de Jason Dupasquier, il y a
quelques semaines au Mugello, en dit long.
Une victoire sensationnelle, dirigée par l’émotion d’une
pensée pure et honnête. L’hommage, une fois le drapeau à
damier tombé, n’en fut que plus beau. Ces petits moments, de-ci
de-là, témoignent de la naissance d’un grand.
Attention ! Ne portons pas la poisse à Quarta’.
Être un champion n’est pas forcément synonyme de succès. Parfois,
la froideur mathématique de ce bas monde nous rattrape, comme en
2020. Joan Mir, très bon pilote au demeurant, s’imposait au général
avec une seule victoire, sans faire de frasques
supplémentaires.
Randy Mamola, quadruple vice-champion du
monde, avait tout d’un géant. Comment allier l’art et la manière ?
L’énigme de notre temps. Seul le destin connaît la réponse. Mais en
continuant sur cette voie, en s’affranchissant des codes et en
étant fier, Fabio à toutes les chances de marquer l’histoire de son
sport.
Et c’est tout ce qu’on lui souhaite !
Photo de couverture : Michelin Motorsport