Ce lundi, la visioconférence du Shark Helmets Grand Prix de France inaugure une semaine dont le point d’orgue aura lieu dimanche à 13 heures sur le circuit Bugatti du Mans.
Lors de cette conférence, se sont exprimés Claude Michy, l’organisateur de notre épreuve nationale, Jacques Bolle, président de la Fédération Française de Motocyclisme, Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest, Fabio Quartararo, Johann Zarco et Éric Mahé.
À tout seigneur tout honneur, nous reportons aujourd’hui les propos du pilote en tête du championnat du monde MotoGP, Fabio Quartararo !
Fabio, tu seras sur une moto officielle l’année prochaine. Est-ce que cela change ta vision et ton fonctionnement cette année ?
« Cette année, je roule déjà sur une moto officielle. On a vraiment eu du mal à l’avoir pour 2020 mais on a réussi à avoir un accord avec Yamaha en fin d’année dernière, donc pour moi, l’objectif sera le même. Je pense que l’on est performant cette année et j’ai réussi à avoir mes premières victoires à Jerez, puis ma victoire à Barcelone. Il y a eu des moments difficiles, comme l’a dit Éric tout à l’heure, mais je me sens bien et je pense l’objectif sera le même l’année prochaine avec une moto officielle dans une autre structure. J’emmènerai pas mal de mes mécanos avec moi, mon ingénieur et mon chef mécano. Donc ce sera un changement de structure, mais les objectifs seront les mêmes. »
Pour un pilote français, que représente le rendez-vous du Grand Prix de France ?
« Il est clair qu’on a déjà énormément de chance d’avoir pu garder notre Grand Prix national. C’est vrai qu’il va manquer énormément de public mais on peut voir que beaucoup de courses ont été annulées dans énormément de pays, je pense qu’on peut être très content de faire le Grand Prix de France. On a la chance d’en avoir un, donc il faut vraiment en profiter pour faire le maximum. C’est toujours spécial d’arriver à ce Grand Prix là, car ce n’est pas comme en Espagne ou en Italie où ils en ont normalement quatre ou deux: nous, on n’en a qu’un seul donc il faut vraiment en profiter, et je compte bien le faire cette semaine ! »
Que penses-tu de ta compétitivité personnelle et de celle de ta machine sur le circuit Bugatti du Mans ?
« L’année dernière, ça s’est super bien passé mais malheureusement on avait fait des mauvais choix en qualification. J’ai voulu partir avec des slicks dans des conditions très difficiles et j’ai dû retourner au box mettre les pneus pluie, mais les meilleures conditions étaient lors des premiers tours. Mais en course, j’ai réussi à avoir un très bon rythme : Je pense que j’ai fait le tour le plus rapide en fin de course, au 20e tour. Je pense donc que la M1 performe super bien là-bas. Maintenant, avec les nouvelles carcasses de Michelin, il faut voir, car toutes les machines sont super proches. On sait très bien que la M1 s’adapte très bien sur ce circuit. On a vu la victoire de Maverick en 2017 alors qu’il était avec Valentino, ou si je ne me trompe pas celle de Lorenzo en 2015. On sent que la M1 va bien là-bas, donc je pense que cela pourrait être un très bon Grand Prix pour nous. Je suis motivé au max et j’ai vraiment hâte d’être à vendredi pour faire les premiers tours sur le circuit. »
Y a-t-il un atout chez Johann Zarco que tu aimerais posséder, que ce soit au niveau pilotage ou dans les loisirs ?
« Ses qualités sur le séchant, ça c’est sûr (rires) ! Ce sont des conditions auxquelles j’ai vraiment du mal à m’adapter, et c’est un de ses atouts les plus importants. On a vu à Brno l’année dernière qu’il était très très vite ! Donc si je devais choisir un atout de Johann, c’est sûr que ce serait ça. Je sais très bien que Johann a fait plein de choses en 2017 et il s’est battu pour des victoires. C’est un grand pilote et on peut apprendre beaucoup de lui ! »
Et le piano ou la guitare ?
« (Rires) je n’ai pas de piano et je n’ai pas de guitare, mais ce sont aussi des choses qui seraient cool d’apprendre de Johann. »
Quelle est selon toi l’avantage de ta Yamaha en vue de la dernière partie du championnat ?
« Un de nos points forts, c’est le tour rapide. Si je ne me trompe pas, je crois que Yamaha a fait aussi la majorité des pole positions. On sait qu’en partant devant, on a un avantage, même si on a vu à Barcelone que Maverick a fait un mauvais départ et est resté bloqué derrière. Un des avantages de notre moto, c’est qu’on peut se permettre de faire un tour très rapide en qualification, et en général le rythme des Yamaha est bon. Je pense donc que c’est tout le temps un avantage de partir de la première ou deuxième ligne, donc il sera super important pour nous de faire des bonne qualifs pour les prochains Grands Prix. Surtout à Aragon où il y a une très grande ligne droite et on aura du mal. Mais à Barcelone, c’était pareil : Il y avait une ligne droite super longue et on pouvait se battre devant. Donc on verra bien, mais en tout cas je pense que ce qui est important, ce sont les qualifications. »
Est-ce que cela te fait d’être le premier Français leader du championnat du monde en arrivant en Grand Prix de France ?
« Alors c’est sûr que ça me fait bizarre, parce que même en Moto3 ou en Moto2, je n’ai jamais été leader du championnat. Être leader du championnat en MotoGP, c’est toujours un plus. On peut avoir une pression supplémentaire, mais je ne vois pas sa vraiment comme une pression parce que, pour l’instant, on est devant avec 10 points d’avance sur Joan Mir. Pour moi, c’est plus une motivation car j’arrive comme ça au Grand Prix de France et c’est quand même extraordinaire ! Je me sens bien, même mentalement, donc comme je l’ai dit j’ai vraiment hâte de faire mes premiers tours de roues au circuit du Mans et voir le potentiel qu’on a pour ce weekend. »
Est-ce que c’est un circuit que tu apprécies particulièrement, et pourquoi ? Et quel est ton meilleur souvenir, et ton pire souvenir ?
« Je n’y ai pas fait des super résultats mais ce que je peux
dire, c’est que notre performance en course l’année dernière peut
être un de mes meilleurs souvenirs et ça me donne vraiment
envie d’arriver sur le circuit Bugatti. On a fait le record du
meilleur tour en course l’année dernière et on avait un super
rythme jusqu’à la fin, donc je me sens vraiment en confiance pour
cette année.
Pour mon pire souvenir, on va dire que c’est ma première année
en 2015, où on était troisième mais je tombe à mi-course. On peut
dire que c’est mon pire souvenir, alors que le meilleur, pas en
terme de résultats, est la course de l’année dernière. »
Peux-tu nous décrire en quelques mots ta relation avec Rossi, Viñales et Johann ?
« J’ai une très bonne relation avec tout le monde. Avec
Johann, c’est vrai que c’est super cool d’avoir une relation comme
ça entre Français car on n’est que deux en ce moment dans le
championnat. Il n’y a pas de pilote en Moto3, pas de pilote en
Moto2, donc je pense que c’est vraiment cool qu’on se soutienne
l’un l’autre. »
« Valentino, c’est toujours spécial parce que c’est mon idole
depuis toujours, et j’ai une très bonne relation avec lui.
Avec Maverick, c’est sûr que c’est un peu plus spécial, par ce
que je m’entends bien avec lui mais on va dire que comme l’année
prochaine on sera coéquipier, on dirait qu’on se bat déjà tous les
deux pour ça cette année. Mais une bonne relation avec les trois
personnes, et en général j’ai bonne relation avec tout le monde
dans le paddock. »
Le fait que le Grand Prix de France soit au mois d’octobre cette année modifie-t-il quelque chose pour toi ?
« Pour moi, je pense qu’il faisait également assez frais l’année dernière. À Barcelone, si je ne me trompe pas, il faisait 12 ou 13° sur la grille, donc il faisait super froid aussi. On va dire qu’on a, entre guillemets, l’habitude d’avoir des conditions assez fraîches au Mans. On n’a jamais vraiment eu 25° sur le circuit, donc je pense qu’il y aura une différence, mais j’ai regardé les conditions et on dirait que samedi et dimanche ça a l’air beaucoup mieux. Cette semaine, apparemment, il y a énormément de pluie mais je pense que mon approche sera la même dans toutes les conditions : Il faut donner son maximum ! Le choix de pneus sera très important et on espère avoir des pneus performants pour les conditions assez fraîches. »