La relation entre Ducati et Andrea Dovizioso a toujours semblé rythmée sur le thème complexe du « je t’aime moi non plus ». On n’a jamais vraiment su, ou pu, attribuer les moments de succès et de défaite au pilote ou à l’ingénieur Gigi Dall’Igna, tellement ces deux forces s’opposaient sourdement dans l’étroit box Ducati. Après huit ans et quatre occasions successives ratées de remporter le titre mondial des pilotes, l’implosion a finalement eu lieu, avec le départ décidé par Dovi. Un épilogue que Carmelo Ezpeleta, Paolo Ciabatti et Chicho Lorenzo analysent chacun à leur manière. Avec, sans doute, des parts de vérité dans chacune des théories avancées …
On a beau interpréter de différentes manières la fin de la relation entre Ducati et Andrea Dovizioso, un mot accorde tous les observateurs : celui de regret d’en être arrivé là. Et ça commence par le patron du promoteur Dorna, Carmelo Ezpeleta : « de toute évidence, ne pas avoir Andrea est une perte. En dehors de cette année, les années précédentes, il a été trois fois vice-champion du monde. Pour le moment, il n’a trouvé aucun accord pour courir, mais il a également dit que cela pourrait être une année sabbatique. Je ne sais pas s’il reviendra cette année ou la prochaine, mais je ne le considère pas comme un pilote à la retraite. Il n’a pas parlé de retraite mais de congé sabbatique ».
Le déroulé des faits est rappelé par le directeur sportif de Ducati, Paolo Ciabatti : « nous avons commencé en 2020 avec la volonté de remporter le championnat du monde ensemble. L’intérêt principal d’Andrea et de Ducati était de profiter de l’occasion due à l’absence de Marquez. Il n’a pas été immédiatement décidé qu’Andrea ne ferait pas partie de l’équipe 2021. Des choses se sont passées. Nous avons dû trouver un accord pour réduire le salaire 2020, ce que nous avons fait avec tous les pilotes, et dans le cas de Dovi, la discussion n’a pas été facile. Nous avons également dû revoir des contrats avec les sponsors en raison de la Covid-19 et il a donc fallu réviser le budget pour 2021. Nous avions indiqué à Andrea le chiffre sur lequel discuter pour l’année prochaine, mais là-dessus tout est bloqué et il a pris sa décision ».
Dovizioso dans la bataille entre la technique et l’égo
Le manager Ducati explique que la situation interne a pu affecter le pilote dans la course au titre, mais le problème était avant tout ailleurs : « je pense qu’il a surtout souffert du fait qu’avec le nouveau pneu arrière Michelin son style de pilotage n’était plus efficace. Il a eu du mal à interpréter le pneu, même si tous les pilotes avaient des difficultés. À cause de la Covid-19, nous n’avons même pas pu effectuer les tests prévus ».
Ducati met donc en exergue l’écueil technique, mais Chicho Lorenzo remet en avant le problème humain caractérisé par le choc des égos entre Dovizioso et Dall’Igna : « Dovizioso a remporté les courses avec la Ducati qu’il a aidé à développer, mais c’est Dall’Igna qui a dirigé tout le développement. Qui était le moins intelligent des deux ici ? Je pense que c’est Dovizioso. Finalement, il restera dans l’histoire en tant que pilote qui a été finaliste à plusieurs reprises mais qui n’a pas été champion. Je pense que Dovizioso était le moins intelligent ici, parce que vous ne changerez pas Dall’Igna, surtout avec le logiciel qu’il a. C’est un technicien qui sait développer une moto. Il a remporté les championnats Superbike, avec Aprilia, et c’est lui qui a fait fonctionner la Ducati ».
En 2021, c’est Jack Miller qui semble désigné pour succéder à Dovizioso. Un pilote plus instinctif et qui devrait donc poser moins de problème dans le débat concernant le développement technique de la Desmosedici en MotoGP.