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Voici la première réaction à chaud d’Hervé Poncharal à la suite de l’annonce du forfait de Jonas Folger en 2018 (voir ici).

Nous le remercions grandement d’avoir pris ces quelques instants pour nous partager son émotion alors que son téléphone ne cessait de sonner des appels de pilotes et de managers…


Hervé, la mauvaise nouvelle du forfait de Jonas Folger a surpris et attristé tout le monde des Grands Prix car on imagine bien le drame pour lui et, à huit jours des premiers essais à Sepang, la situation difficile pour vous…

Hervé Poncharal : « Oui ! Quand j’ai eu cet appel de Bob Moore, je suis littéralement resté pétrifié. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je savais que Jonas travaillait fort pour revenir à son meilleur niveau, je lui avais parlé il y a une dizaine de jours et il m’avait envoyé des photos où il faisait du ski, et il m’avait dit que, entre le ski et la salle de gym, il était en pleine forme physique et qu’il comptait les jours qui le séparaient de Sepang. Et puis, patatras : quand Bob m’a appelé, je n’ai tout d’abord pas compris avant de devoir me rendre à l’évidence.

J’ai eu la chance de pouvoir parler à Jonas Folger aujourd’hui et il m’a dit qu’il était totalement dévasté et désolé, et qu’il avait bien réfléchi, en sachant parfaitement ce que cela voulait dire. Je lui ai dit « Jonas, tu sais, si on fait partir cette info, c’est de toute façon fini pour 2018 et ça hypothèque beaucoup la suite de ta carrière sportive ». Il m’a répondu qu’il le savait mais qu’il avait bien réfléchi et qu’il ne se sentait pas capable de rouler à son maximum, en connaissant les attentes et le niveau de la Yamaha M1 et de Tech3. Il ne s’en sent pas capable. Personnellement, mon analyse est que le problème est avant tout mental. Quand je l’avais au téléphone, il se persuadait que tout allait bien parce que physiquement il va bien. Mais il a un problème d’assurance dans sa tête, et voyant l’échéance s’approcher, il ne se sent pas capable ».

Pas capable d’affronter le niveau d’exigence que réclame une saison de MotoGP ?

« Oui. Après, quand vous parlez un petit peu avec lui, vous sentez qu’il ne se sent pas capable d’être au niveau mental et d’être suffisamment pointu pour tout maîtriser. Il sait combien c’est dur, mentalement et physiquement, de tout donner pour pouvoir piloter une MotoGP à fond. Et il me dit que s’il le faisait, il risquerait d’être un danger pour lui et pour les autres. Que pour toutes ces raisons, il nous demande de le comprendre, ce que nous faisons évidemment.

C’est sûr que c’est encore plus un problème pour lui que pour nous car il avait enfin l’équipe dont il rêvait, il avait enfin atteint la catégorie MotoGP, ce qui était son rêve et il a vu qu’il était compétitif et qu’il pouvait se battre devant. Abandonner tout cela, quelque part c’est honnête et courageux de sa part. C’est vrai que nous, ça nous met dans une situation, si ce n’est catastrophique en tout cas très compliquée. Très compliquée parce que l’on sait que tous les pilotes qui ont un niveau suffisant pour pouvoir être compétitifs en MotoGP sont tous déjà signés, et il est hors de question de déshabiller qui que ce soit parce que nous on a un problème. C’est donc un vrai problème pour nous, et très sincèrement, à l’heure actuelle, je ne sais pas ce qui va se passer.

Depuis hier soir, on est en brainstorming permanent. J’ai passé une nuit blanche car c’est un gros choc pour moi : j’aimais aussi beaucoup le bonhomme. Je croyais beaucoup dans le pilote mais j’aimais aussi l’homme Folger, et comme justement je le trouvais toujours un peu perdu, j’avais envie d’être son grand frère ou son « père professionnel ». Je sentais bien qu’il était toujours un petit peu comme une bête apeurée. Il évitait beaucoup les contacts humains quand il y avait beaucoup de monde dans l’hospitality. Il n’aimait pas les choses qui lui mettaient une pression et était très très souvent dans son motor-home, tranquille, avec son cousin et sa copine. C’est là où il était le mieux. On sentait bien que c’était quelqu’un de très fragile mentalement, et pour moi c’est un gros gâchis car c’est clair que c’est à la fois un excellent pilote et une belle personne.

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : c’est un sale coup pour lui et pour nous. Mais dans ce job, il faut toujours rester positif et toujours garder l’esprit de combativité, le fighting spirit. On ne va pas retrouver un autre Folger car maintenant, c’est impossible, mais on va réfléchir. On va se motiver et on va essayer de trouver un autre pilote qui va nous permettre de vivre une belle saison 2018. C’est clair que de toute façon, notre leader est Johann Zarco, c’est évident. Ça sera le leader incontesté et l’idéal pour moi serait d’avoir un jeune à ses côtés, même si tous les jeunes rookies sont déjà signés. En tout cas, on ne baisse pas les bras ! C’est une mauvaise nouvelle et une mauvaise passe, mais on va se battre ! »

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