Les deux premiers Grands Prix de cette saison 2023 encore balbutiante ont révélé quatre courses MotoGP d’une intensité que l’on n’espérait plus. Comme l’a affirmé Pecco Bagnaia, pour mieux prendre au mot d’autres de ses confrères, on ne peut plus dire à présent qu’il est impossible de dépasser en MotoGP à cause de la configuration aérodynamique des machines. Cependant, s’y risquer est une entreprise périlleuse qui peut faire des dégâts en cas de loupé. La bévue de Marc Marquez au Grand Prix du Portugal en a été la démonstration, avec des dégâts collatéraux puisque Miguel Oliveira n’a pas pu plus faire la manche suivante en Argentine que son bourreau sur la Honda. Une situation dommageable pour Aprilia dont le Portugais fait maintenant partie des effectifs. Ce qui légitime une réflexion sur la sécurité, dont ne se prive pas le technicien maison Bonora. Ce dernier fait une proposition, qui ouvre la perspective à d’autres débats…
Chez Aprilia, à l’effectif pilotes passé de quatre à trois en Argentine comme, mais aussi à cause, de Honda, on s’interroge sur la sécurité après deux meetings ponctués par quatre courses particulièrement disputées. Il y a d’abord la logique de réflexion des commissaires que l’on aimerait comprendre. L’homme de Noale Bonora pose ainsi le débat : « si nous sanctionnons quelqu’un qui s’est engagé de manière décisive mais propre et a perdu sa moto par inadvertance, alors nous ne comprenons pas où se situe la frontière entre la compétition et la promenade ».
Il ajoute : « il faut revoir le concept du pilotage agressif et les comportements qui provoquent ou non des accidents ». Et il termine : « ce n’est pas facile, mais nous avons l’intention de collaborer avec la Direction de Course et les Commissaires Sportifs ».
Chez Aprilia, on a cette conviction en MotoGP : « l’ABS dans le domaine de la course doit être développée »
Une main tendue qui concerne aussi le domaine technique. Voilà la vision de Paolo Bonora, repérée sur GPOne : « la partie aérodynamique, surtout à haute vitesse, oblige les pilotes désormais à faire encore plus attention aux lignes qu’ils prennent, car tout changement de position au freinage devient plus difficile qu’auparavant. La partie aérodynamique est reine à haute vitesse et la limite que nous avons atteinte avec les performances de freinage est très élevée ».
Puis il dit : « la limite n’est plus due jusqu’où vous pouvez freiner, mais à jusqu’où le pneu peut supporter. On cherche toujours la limite et le « front lock » peut arriver quand on s’y attend le moins. Pour le moment, la limite de blocage est entièrement gérée par le pilotes et surveillée par les techniciens ». Et pour éviter les accidents, Bonora propose la même chose que ce que l’on trouve à présent obligatoirement sur les machines de série pour le même but à atteindre… « Nous essayons de le prévenir au maximum, cependant l’utilisation de l’ABS dans le domaine de la course doit être développée. Cela allongerait probablement les distances de freinage, mais nous n’excluons pas que cela puisse exister à l’avenir, pour augmenter la sécurité sur la piste ». Le débat est ouvert…