Dans une époque où le politiquement correct et la nouvelle cadence pour faire marcher au pas, à une période où l’on nous fait avancer sous le joug d’une culpabilité permanente, au point de nous faire accepter sans broncher les ZFE, il en faut du courage pour s’élever contre la propulsion électrique et défendre encore le moteur à combustion. Et chez KTM, on en a.
Regardez la moindre publicité, écoutez autour de vous et vous serez persuadé que le monde nouveau, pour ne pas parler d’ordre de sinistre mémoire, sera électrique ou ne sera pas. Mais en MotoGP, on a décidé de faire de la résistance et de se lancer dans une autre voie : celle du carburant vert, qui rendra le moteur thermique écologiquement irréprochable. Et c’est clairement un acte de résistance devant les batteries électriques.
Pour comprendre l’enjeu en cours, il faut écouter l’homme des sports chez KTM qui n’est autre que Pit Beirer. Sur Motorsport-total, il fait d’abord ce constat : « nous voyons actuellement l’électromobilité dans de petites unités de moins de 15 ch. Mais si c’est censé être vraiment amusant, alors ce doit être un moteur à combustion. La voie est ouverte en MotoGP. Nous travaillons avec l’industrie pétrolière sur les e-carburants. Ce sera la solution pour organiser à l’avenir un sport moto neutre en CO2 et respectueux de l’environnement ».
A ce stade, il faut préciser que ce qui suit intéresse celles et ceux qui trouvent du plaisir à se déplacer d’un point A à un point B avec un véhicule distillant une expérience de conduite. Et non un outil aussi affriolant que de l’électroménager. Mais revenons à Pit Beirer : « bien sûr, nous voyons aussi ce qui se passe dans l’environnement qui nous entoure. Il faut être ouvert à cette technologie et regarder le développement. Mais la batterie ne sera pas la solution, ni pour les gros véhicules ni pour les grosses motos », commente l’homme de KTM.
Il faudrait installer une batterie de 600 kilos dans une MotoGP électrique pour avoir l’équivalent en rendement de 22 litres de carburant
Et il a ses arguments : la Coupe du Monde MotoEn qui fait partie du programme de certains Grands Prix depuis la saison 2019, ne l’a pas convaincu : « une machine MotoGP a besoin de 22 litres de carburant. Pour l’utiliser avec une batterie, il faudrait en installer une de 600 kilogrammes. Les courses seraient un peu plus ennuyeuses. Ça ne marche pas du tout », précise Pit Beirer qui souligne : « les carburants non fossiles sont l’avenir du MotoGP. Le développement est rapide. Le MotoGP joue ici un rôle de pionnier. Nous avons besoin de fournisseurs qui fabriquent des produits. Mais nos bancs d’essais sont également importants pour rendre ces produits socialement acceptables pour la production en série et les véhicules normaux ».
À partir de 2024, le MotoGP roulera avec 40 % de contenu organique. À partir de 2027, 100 % seront utilisés. Pit Beirer ajoute : « nous avons créé quelque chose qui aidera tout le monde. Nous pourrons alors utiliser des carburants neutres en CO2 pour toutes les motos et autres véhicules qui sont sur la route. Nous pensons que cela a beaucoup plus de sens que de construire de grosses batteries ». Assurément, mais il faudra s’attendre à ce que l’écologie punitive parée de son vert de gris s’offense de cette déviance…