Les dés seraient-ils pipés ?
Dès la première course de la première manche effectuée par les pilotes en ce début de saison 2023, nous revenait déjà aux oreilles l’inlassable rengaine des consignes d’usine.
Lorsque Francesco Bagnaia remporte une course, c’est normal et cela n’offense personne. En revanche, lorsque Marco Bezzecchi gagne, même si l’on s’esbaudit de raison sur ce nouveau talent, arrive immanquablement l’éternelle question de savoir s’il peut légitimement contrecarrer les plans de victoires du team usine DUCATI. Et nous n’en sommes qu’à la 2e manche effectuée sur 21 !!!
Au lieu de s’extasier sur les performances sportives où tout est censé être ouvert, on découvre avec stupéfaction que des injonctions pourraient contractuellement être faites aux teams satellite s’ils devaient d’aventure se révéler plus performants que leurs homologues d’usine.
Ne risque-t-on pas de dénaturer l’essence même du sport et sa beauté ?
On s’interroge déjà sur la variété des forces en présence : Pour rappel plus que 22 pilotes contre 24 l’année dernière, soit un nombre en déclin pour d’obscures raisons budgétaires. Et ces mêmes pilotes, nous disent-ils vraiment tout ou sont-ils eux-mêmes bernés par leurs employeurs respectifs ? Ne sont-ils condamnés qu’aux coups d’éclat ? Seuls les pilotes « officiels » pourraient prétendre au sacre ?
Au regard de cet éclairage, on comprend désormais mieux l’acharnement viscéral avec lequel Jorge Martín a bataillé lors de la saison 2022 pour devenir pilote usine chez DUCATI, lui qui était pourtant, comme tout pilote PRAMAC, équipé d’une machine strictement équivalente à la GP22 « usine ». Pas de moto usine, fin des rêves de gloire…
Quid de l’existence des autres teams ? Nous sommes légitimement en droit de penser que, à l’image de la Formule 1, les intérêts financiers empiètent par trop, désormais. Où est l’esprit du Continental Circus ?
La fin de saison dernière fût déjà salie par ces obscures considérations, dénaturant un peu plus la performance du champion proclamé Pecco Bagnaia.
Comme si ce devait-être obligatoirement cette année 2023, soit lui, soit Bastianini chez DUCATI, soit Quartararo ou Morbidelli chez YAMAHA ou Márquez et Mir chez HONDA.
Sympa pour les autres pilotes, comme s’ils devaient se satisfaire de leur chance de participer…
Au moins chez KTM, lorsque Oliveira a ouvert le compteur de victoires de la marque en 2020, le team usine n’a pas boudé la performance et se serait certainement contenté d’un championnat du monde gagné via le team Tech3. On peut au moins leur accorder cela !
Objectivement, ces intrigues n’avaient auparavant pas court, ou du moins étaient-elles bien dissimulées.
Il est vrai que certaines machines étaient techniquement en deçà des officielles, muselant de fait toute performance digne pour espérer l’emporter. Aujourd’hui, alors que les motos n’ont jamais été aussi proches au sein d’une même marque, un clivage statutaire s’est opéré.
Les spectateurs étaient dupes, mais jusqu’à quand ?
A force d’enchainer les paradoxes, le formidable élan impulsé par la DORNA pour promouvoir la catégorie reine pourrait être entaché par ces sombres polémiques. Et les pilotes vainqueurs d’un titre au rabais ?
Sans pour autant y voir de similitudes, la catégorie du WSBK ne s’embarrasse pas de ces considérations : Max Biaggi, vainqueur avec APRILIA de la saison 2012 conquise de haute lutte, a été pourtant bien aidé par son coéquipier Eugene Laverty qui s’est sacrifié pour assurer un avantage mathématique de 0.5 point au Corsaire face au trublion anglais Tom Sykes sur KAWASAKI. En cela son titre est contestable et ternit l’image du susnommé. Et que dire de Laverty ? S’il n’avait pas été castré dans son élan par le team pour favoriser Biaggi, sa carrière aurait peut-être été autre car une victoire, élément déclencheur, en aurait sans doute appelée d’autres. Mais avec des si… Ne parlons même pas de l’infortuné Sykes qui devait être un double titré, loin de ces petits arrangements entre amis !
Une chose est sûre cependant : Les légendes ne se forgent pas sur des compromis. Pourvu que les rêves de gloire de nos actuels compétiteurs persistent sans agressivité feinte.
Les joutes des courses Sprint nous rassurent pour l’instant sur ce point, c’est leur côté positif.
Le MotoGP doit rester un vrai combat, pas du catch. Que le meilleur gagne, tout simplement !