Après un début de saison difficile, au cours duquel il n’avait inscrit que 31 points sur les cinq premières manches, Pecco Bagnaia a enfin réussi à obtenir sa première victoire cette année au terme d’un weekend parfaitement maîtrisé malgré une gêne encore bien présente à l’épaule droite, séquelle de sa lourde chute survenue il y a huit jours sur le circuit de Portimão, au Portugal. Le succès d’aujourd’hui permet néanmoins au Transalpin de lancer enfin sa saison, lui qui se retrouve propulsé désormais à la cinquième place du championnat, à égalité de points avec Joan Mir.
Le pilote Ducati demeure cependant encore à 33 unités du leader, qui n’est autre que son dauphin du jour, Fabio Quartararo, et doit poursuivre sur sa lancée s’il veut conserver des chances de jouer le titre en 2022. Auteur de sa cinquième victoire en MotoGP ce weekend, le numéro 63 a répondu aux questions des journalistes lors de la conférence de presse post-course, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Pecco, vous avez converti
votre excellente journée du samedi en victoire aujourd’hui. A quel
point ce premier succès cette saison est-il crucial pour vous
?
« J’ai probablement pris mon meilleur départ
avec cette moto, car en règle générale je souffre toujours d’un peu
de wheelie à l’accélération. Mais là tout s’est bien passé. J’ai
simplement fermé la porte à l’entrée du virage 2 car j’ai entendu
que Fabio Quartararo était juste derrière moi. J’ai aussi pris des
précautions à l’approche du virage 13 car j’avais souvenir que
Fabio négociait très bien le virage 12 l’an dernier. Dans les
premiers tours je me suis donc surtout concentré à fermer les
trajectoires, mais par la suite j’ai commencé à imprimer mon
rythme. Je savais pertinemment que Fabio serait l’homme à battre
aujourd’hui. Le seul problème que j’ai vraiment craint par la
suite, c’est la pression de mon pneu avant, car je savais qu’avec
les fortes températures en ce moment cela pouvait être un problème.
Je pense que j’aurais eu beaucoup de mal à avoir un meilleur rythme
aujourd’hui, car justement avec ces températures l’arrière avait
tendance à beaucoup glisser alors que l’avant avait pour sa part
tendance à se bloquer facilement. »
Vous avez eu du mal à
trouver vos marques avec la GP22 cette année. Le fait de retrouver
vos sensations doit être quelque chose d’important pour vous ?
Êtes-vous confiant de pouvoir renouveler votre performance du jour
sur les épreuves à venir ?
« Je dois dire que
j’étais assez optimiste lors des essais de présaison, mais sur les
premières manches de la saison la situation s’est avérée être un
peu différente. Là ont commencé les problèmes. Mais je pense que
nous avons bien fait d’arrêter d’essayer d’ajuster la moto à mes
sensations. On n’a plus touché à la moto et j’ai simplement essayé
d’ajuster mon style de pilotage. Maintenant je suis plus rapide
dans les virages, donc la situation a bien évolué. Au final je
pense que j’ai retrouvé ma meilleure forme, celle qui était la
mienne à la fin de l’an dernier. J’aimerais continuer sur ce chemin
à présent, et ce sans perdre trop de points en route. »
Votre épaule n’a pas semblé
représenter un trop gros problème en course, malgré votre lourde
chute survenue il y a huit jours. Vous n’avez pas trop souffert au
cours de ces 25 tours ?
« J’étais très inquiet au
sujet de la course car ce matin j’ai roulé sans avoir pris
d’antidouleurs, et j’ai pas mal souffert. Mais la Clinica Mobile a
toujours quelque chose d’efficace à vous administrer ! La dernière
partie de la course a été assez difficile, car tous les freinages
sont à droite ici, hormis le dernier virage. C’était par exemple
assez difficile de bien ralentir la moto dans le virage 6 car
c’était comme si quelque chose faisait pression au niveau de mon
épaule, et c’était douloureux. »
Vous et Fabio vous êtes
battus pour le titre fin 2021. Est-on partis pour revivre le même
scénario cette saison ?
« Je l’espère, mais il
faut encore voir comment se déroule ma récupération. »
C’est votre premier succès
cette saison, mais votre cinquième en MotoGP. Comment situez-vous
cette victoire par rapport aux autres ?
« Ma
victoire [en Aragón] en 2021 reste ma première victoire dans la
catégorie. C’est celle qui est le plus chargée en émotions. Mais
celle d’aujourd’hui vaut également son pesant d’or, car elle
survient après une période difficile, durant laquelle nous n’avons
jamais arrêté de travailler. Après un dur labeur nous avons enfin
réussi à démontrer tout notre potentiel, quand bien même ce fut
difficile. C’est une bonne journée, et une bonne victoire à coup
sûr. »
Pouvez-vous nous expliquer
ce que vous avez eu à changer dans votre pilotage pour parvenir à
extraire le plein potentiel de la GP22 ?
« J’ai eu
des difficultés pour appliquer le même style de pilotage que l’an
dernier. Lors des deux derniers weekends j’ai beaucoup travaillé
pour comprendre comment entrer dans les virages plus rapidement. Ce
ne fut pas facile, car j’avais déjà beaucoup travaillé les années
précédentes avec Ducati pour parvenir à bien freiner dans les
entrées de virage, mais cela a été remis en cause avec la nouvelle
moto. Nous parlons là de dixièmes de seconde, donc ce n’est pas une
grande différence. La plus grande évolution me concernant est que
désormais je peux entrer dans les virages avec plus de
vitesse. »
Quel a été le paramètre le
plus difficile à maîtriser durant la course ? Les douleurs au
niveau de votre épaule ou Fabio qui vous mettait continuellement la
pression ?
« Fabio, car l’écart qui nous séparait
ne se comptait pas en secondes, mais en dixièmes. Ce fut comme cela
durant toute la course, et dans ces conditions il est très facile
de commettre une erreur. Aujourd’hui j’ai donc simplement essayé de
rouler à la perfection. Dans ce genre de situation vous n’avez pas
le temps de penser à d’autres choses, comme à mon épaule par
exemple. J’étais donc totalement focalisé sur le fait d’être le
plus rapide en piste, d’être le meilleur. Il suffisait que je parte
un peu large dans un virage pour que Fabio recolle instantanément.
Il était donc très important d’être bien régulier au niveau des
chronos. »