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Aleix Espargaró a continué sur son excellente lancée en Espagne, en signant un troisième podium en quatre courses, ce qui lui permet d’évoluer à présent au deuxième rang du championnat, à seulement sept points du leader Fabio Quartararo.

Le pilote Aprilia, qui fait de plus en plus figure de prétendant au titre cette saison, a répondu aux questions des journalistes lors de la conférence de presse post-course, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.


Aleix, vous venez de signer votre troisième podium sur les quatre derniers GP. Vous avez vraiment dû batailler dur pour obtenir celui-là, et venir notamment à bout de Marc Márquez et Jack Miller. Mais c’est un nouveau résultat de premier choix pour vous et Aprilia.
« Ce fut une course assez frustrante, car je dois dire que la chose sur laquelle nous devons vraiment progresser c’est l’embrayage. Mes départs sont un véritable désastre cette saison, et cette fois-ci encore j’ai perdu beaucoup de positions, même si j’ai assez rapidement repris Takaaki Nakagami il m’était par la suite quasi impossible de repasser Marc et Jack. Cela m’a énervé car j’avais un bien meilleur rythme qu’eux, mais le fait est qu’ils parvenaient à freiner vraiment tard, alors que pour ma part j’avais plus de mal à emmagasiner autant de vitesse dans les virages. Je savais pertinemment qu’il fallait que je les dépasse rapidement car pendant ce temps-là, Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia filaient à l’anglaise, mais c’était tout bonnement impossible de doubler. Si j’avais essayé je serai à coup sûr entré en contact avec Marc. Je me suis donc résolu à ne pas pouvoir me battre pour la victoire, mais simplement à rester en embuscade. Tout au long de ces quarante minutes de course, Marc et Jack prenaient de plus en plus large dans leurs trajectoires, donc je m’attendais à une erreur de leur part à un moment ou à un autre, et quand j’ai pris l’ascendant sur Jack dans le dernier virage j’ai vu Marc effectivement partir large, et j’ai pu faire d’une pierre deux coups à cinq tours de la fin. Dans les trois tours suivants j’ai été en mesure de rouler une demi-seconde plus vite et d’évoluer dans la fenêtre basse des 1’38, ce qui était en définitive un bon rythme. Je ne sais pas si j’aurais eu le rythme pour me battre pour la victoire au final, mais j’aurais fini à coup sûr bien plus proche d’eux [Fabio et Pecco]. Mais les choses sont ce qu’elles sont, et je suis tout de même très content de cette troisième place ici à Jerez. »

Vous occupez dorénavant la deuxième place du championnat, à seulement sept points du leader Fabio Quartararo. Nous allons aborder la septième manche de la saison avec le GP de France dans deux semaines, et en finir avec le premier tiers du championnat. Étant donné votre position au classement général, peut-on enfin dire que vous et Aprilia représentez des prétendants légitimes au titre cette année ?
« Je pense que oui. Fabio est le champion en titre et c’est lui qui mène actuellement la danse. Je pense qu’il ne faut pas que je manque ce train [la possibilité de viser le titre mondial], car il ne passera sans doute qu’une fois dans mon cas. Je sais que cela va être difficile, mais je vais faire de mon mieux. Quand je vois le rythme de Pecco et Fabio aujourd’hui, je me dis qu’il me manque encore un petit quelque chose, aussi bien sur la moto que sur moi-même. Mais la constance va être la clé cette saison, et je sais que ma régularité est bonne, donc je suis content de cela et je vais essayer de mettre la pression sur Fabio jusqu’à la fin. »

C’était votre GP national, on imagine que les derniers virages, en particulier les virages 9 et 10 situés dans le stadium, ont été incroyables en termes d’ambiance pour vous…
« Ce fut fou ! Il y avait beaucoup d’émotion sur le podium, plus qu’en Argentine je dirais, car je viens courir ici depuis que je suis tout gamin, et jusque-là je n’avais jamais fini sur le podium. Donc le fait d’atteindre un tel résultat aujourd’hui à 32 ans, et livrer bataille au championnat avec les meilleurs pilotes au monde, c’est comme un rêve. »

Grâce à votre résultat du jour, Aprilia vient de perdre ses concessions techniques pour la saison prochaine. Est-ce que cela va vous affecter d’une quelconque façon cette saison ?
« Je pense que si nous sommes à la sixième course avec seulement sept points de retard sur le leader du championnat, c’est que la moto fonctionne bien. C’est donc normal de perdre ces concessions et de devoir nous battre avec les mêmes armes que nos adversaires. Je sais qu’à Noale cela va susciter un peu de stress, mais je pense que cela ne va pas changer fondamentalement les choses. Ma vie va être un peu plus facile, et je ne suis pas plus inquiet que cela. La chose la plus difficile était d’atteindre le niveau qui est le nôtre aujourd’hui. »

Sans l’erreur de Marc Márquez, aviez-vous un plan pour tenter de le dépasser ?
« Mon rythme était meilleur que celui de Marc et Jack, mais j’étais dans l’impossibilité de les dépasser. A chaque fois qu’ils ouvraient un peu la porte je mettais ma roue pour leur mettre la pression. J’étais sûr que sur quarante minutes ils allaient forcément faire une ou deux erreurs. Mais si j’avais terminé en cinquième position cela aurait tout de même été un bon résultat : j’aurais marqué de bons points pour le championnat, mais je pensais vraiment qu’une opportunité allait se présenter, et c’est ce qui s’est passé. Le hasard a fait que Marc a fait son erreur au moment même où j’étais en train de dépasser Jack. Dès que je les ai dépassés j’ai pu enchaîner les tours dans la partie basse des 1’38, ce qui représentait en définitive un bon rythme et j’ai d’ailleurs pu leur prendre deux secondes en seulement quatre tours. Mais le fait est que nous devons améliorer l’embrayage, car mes départs sont vraiment désastreux cette saison. Heureusement pour moi, je parviens la plupart du temps à m’élancer de la première ou de la deuxième ligne sur la plupart des épreuves, donc je parviens à limiter les dégâts, mais mes départs sont vraiment désastreux cette saison jusqu’ici. »

On sait que Jack Miller n’est pas le meilleur finisseur du plateau, et que Marc Márquez souffre encore de son épaule. Pensez-vous avoir fait la différence dans les derniers tours grâce à votre meilleure condition physique ?
« Je pense vraiment que j’étais plus rapide qu’eux, mais que je ne parvenais tout simplement pas à trouver l’ouverture. C’est la course : il faut être capable d’être rapide, mais également savoir dépasser, et j’ai été mauvais dans ce domaine aujourd’hui. Quand j’ai réussi à les passer, j’ai pu gagner une demi-seconde dans les derniers tours. Mais on ne court jamais seul, et par conséquent il faut être capable de dépasser. »

Le fait de rester longtemps derrière Marc et Jack vous a-t-il aussi handicapé dans la mesure où vous avez peut-être souffert d’une surchauffe et d’une montée en pression de votre pneu avant ?
« Quand je les suivais, ils roulaient dans la fenêtre haute des 1’38, et à ce moment-là je souffrais de beaucoup de chattering, notamment dans les virages à gauche. Je savais bien que c’était dû au pneu avant, mais je devais me battre pour le podium et par conséquent je ne pouvais pas les laisser s’échapper. Ce fut donc une situation très difficile à gérer pour moi. Dès que j’ai pris le dessus sur eux, je n’avais plus aucun chattering, la moto tournait parfaitement dans les virages, et elle avait bien plus de grip. Mais c’est comme ça : nous savons tous que quand nous restons trop longtemps derrière un autre pilote la température et la pression du pneu avant augmentent et que cela rend tout plus difficile. C’est pour ça que je dis que Fabio et Pecco ont été très forts devant, mais je pense vraiment que si j’avais pris un meilleur départ j’aurais peut-être été capable de les suivre. »

 

GP d’Espagne MotoGP – Résultats de la course :

Crédit classement : MotoGP.com

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