Entre Honda et Jorge Lorenzo, c’est une aventure qui paraît de plus en plus sans issue. D’un côté, vous avez un constructeur qui a construit sa moto autour d’un pilote, Marc Márquez, dont les exceptionnels résultats ne font que justifier cette préférence. De l’autre, un pilote au style radicalement différent qui ne s’adapte pas et encore moins en raison de blessures toujours à panser et d’un moral ébranlé. L’idée d’un départ est bien ancrée, mais tout le monde ne s’appelle pas Johann Zarco… Lorenzo, lui, lit les contrats et il est sensible à ses enjeux. Comme Honda…
On commence à s’en persuader : entre Honda et Lorenzo, on en est plus au bras de fer pour en finir qu’à la recherche d’une solution pour continuer. Les dernières prestations du Majorquin ne sont pas dignes de son rang, ni celui d’un constructeur japonais qui voit son autre machine gagner pratiquement chaque week-end. Si on ne demande pas à Lorenzo de faire aussi bien que Márquez, on l’encourage, à tout le moins, de réduire ostensiblement l’écart avec le leader. Mais même ce message ne semble pas passer.
Pire, les commentaires du pilote ont de quoi agacer : « il n’y avait rien de positif à dire, indépendamment de ma situation en matière de santé. Je suis très lent, je ne me sens pas très bien pour freiner. Le moteur me limite, c’est le plus gros problème » explique-t-il. « Les problèmes seront les mêmes au Motegi car nous n’essaierons pas de nouvelles pièces qui pourraient conduire à une amélioration significative. »
Lorenzo ajoute : « il serait intéressant que Honda se concentre sur les problèmes que le moteur nous pose à l’entrée du virage, de sorte qu’un pilote ne soit pas le seul à pouvoir remporter des courses. »
L’Espagnol a ensuite poursuivi : « cette saison, je n’ai jamais été à 100%, j’ai toujours eu des problèmes. Déjà à Valence, j’avais des problèmes avec les ligaments de la main. J’ai vraiment aimé la moto 2018, mais le nouveau moteur ne l’a pas fait, j’ai essayé de donner des indications, mais c’était trop tard. Je voudrais essayer de concevoir une moto qui ne soit pas seulement menée par un seul pilote. J’ai besoin de me sentir bien physiquement, dans ce cas je serai rapide car j’ai toujours été rapide. »
Jorge Lorenzo a ensuite analysé la position de e Honda sur motorsport-total : « la marque m’a toujours compris. Le plan que nous avons mis en place au Japon est toujours là et ils m’ont confirmé que l’intention était de mettre en pratique les changements que nous pensions. » Sur ses atermoiements révélés lors du Grand Prix d’Autriche, il précise : « j’ai prévenu Honda d’une possible retraite, puis je les ai informés lorsque j’ai changé d’avis. C’est désormais leur décision. J’essaie toujours de faire de mon mieux, mais ce n’est pas toujours suffisant. J’ai toujours été habitué à gagner, je veux bien faire avec Honda, mais si je ne peux pas le faire, ce ne sera pas la fin du monde. »
La balle est donc mise dans le camp de Honda qui, selon Lorenzo aurait donc deux choix : prendre l’initiative de mettre fin à la collaboration. Ou la poursuivre en assumant le fait que sa seconde moto officielle évoluera dans les dernières places avec un pilote au sens critique développé…