Si Marco Bezzecchi regarde de près le parcours actuel d’Enea Bastianini dans cette saison 2023 de MotoGP, il devrait être convaincu de rester au sein de la VR46 avec une GP23 qui suivra son actuelle GP22, plutôt que de passer directement à la GP24, avec l’équipe semi-officielle Pramac. Car il apparait avec le « Bestia » que sauter une génération de Desmosedici n’est pas une mince affaire, comme s’installer dans une nouvelle équipe où il faut tout remettre en perspective avec un chef mécanicien inconnu et un système de fonctionnement à réassimiler. Au vu des résultats obtenus par le protégé de Carlo Pernat, il y aurait même de quoi écorner sa crédibilité et sa légitimité d’occuper le poste de pilote d’usine. Ebranlé, mais aussi résilient, Enea Bastianini fait le dos rond, garde le nez dans la bulle et attend son heure …
La Ducati est la machine gagnante, mais il faut tout de même s’en occuper et connaitre son mode d’emploi, sans en sauter les chapitres. Ainsi, Enea Bastianini est tombé de haut en passant de la GP21 directement à la GP23, sans donc avoir connu l’étape intermédiaire de la GP22. Pour commencer, on l’a fait tomber tout court, lors du Sprint à Portimao. Un accident provoqué par Luca Marini qui a conduit le pilote officiel Ducati à devoir se remettre d’une fracture à l’omoplate. Contraint à s’absenter pendant quatre manches et à revenir dans des conditions encore précaires au Mugello, sa découverte de la GP23 a été pour le moins perturbée.
Mais le pilote de 25 ans a annoncé que l’on verrait dans cette dernière partie de saison celui qui avait remporté quatre Grands Prix comme deux podiums l’an passé et terminé troisième du championnat, un parcours qui lui a ouvert les portes du box rouge, au grand dam de Jorge Martin… Seulement voilà, le Grand Prix de Grande Bretagne a été une déception tandis que le dernier en Autriche n’a pas plus enthousiasmé. Il a terminé le Sprint à la 13ème place, tandis que, dimanche, après le meilleur temps de warm-up, il a dû se contenter de la 10ème place en raison d’une forte usure du pneu arrière. Pendant ce temps, son coéquipier Francesco Bagnaia récoltait une double victoire depuis la pole position, confortant ainsi son avance au classement général devant … Jorge Martin.
Comme Fabio Quartararo et Marc Marquez, Enea Bastianini attendra beaucoup du test prévu à Misano
Tout semble donc se liguer contre un Bastianini que le sort avait eu au contraire la bonne l’an passé. Un choc thermique qui ferait craqueler plus d’un moral d’acier. Mais l’Italien s’en défend : « je ne suis pas mentalement déprimé. Parce que je sais ce que je peux faire. Je n’ai aucun doute à ce sujet » assure-t-il. « Il s’agit de tout mettre en place. En ce moment, tout semble aller contre nous. Il se passe quelque chose à chaque fois, on ne trouve jamais de situation facile. Mais j’attends mon moment ».
Sur sa situation dans le box usine Ducati, il commente sur Corsedimoto : « je pense que Pecco était de toute façon avantagé car cette moto correspond mieux à ses caractéristiques que les miennes. Lui aussi a dû s’adapter, bien sûr, car lui aussi avait une moto différente de celle qu’il pilote actuellement. Mais je dois trouver un autre moyen » analyse le 18e au classement du Championnat du Monde qui ne cache pas de souffrir du réglage du frein moteur de sa machine.
Un écueil qui sera travaillé lors du test à Misano attendu pour le 11 septembre prochain : « oui, nous avons certainement l’intention d’essayer beaucoup de choses lors de ce test. Parce que vous ne pouvez pas faire ça pendant les week-ends de course, nous sommes donc plus conservateurs. Mais nous allons essayer quelque chose à Barcelone, puis à Misano, nous irons certainement encore plus loin lors de ces essais », conclu un Bastianini qui rejoint donc Quartararo et Marc Marquez sur la liste des pilotes qui espèrent beaucoup de cette journée de travail sur les bords de l’Adriatique, au lendemain du Grand Prix de Saint Marin.