Massimo Rivola s’agite beaucoup ces temps-ci et il est le symbole d’une concurrence de Ducati qui vit d’ores et déjà dans la peur d’une humiliation dans cette saison 2023 de MotoGP. Si cela se vérifiait, il faudrait cacher l’évidence d’avoir moins bien travaillé et de s’être moins impliqué parce que le conseil d’administration n’accorde pas la même priorité à l’intérêt de la course que celui de Borgo Panigale. Il ne faudrait pas non plus laisser l’impression que l’on est moins compétent. Cela pourrait influencer l’humeur du client qui n’a pas oublié que la moto est avant tout une affaire de passion. Alors, haro sur Ducati ! Et la dernière sortie du représentant d’Aprilia montre que le ridicule ne tue pas. Car reprocher à Ducati d’avoir six autres machines en plus de ses deux officiels sur la grille de départ, lorsque l’on représente une marque mobilisée en MotoGP depuis 2015 qui s’est décidée d’avoir un team satellite seulement en 2023, il faut avoir un certain culot.
Massimo Rivola a récemment glissé imprudemment qu’un nouvel ECU arrivait mais que pour les équipes officielles, suscitant un certain émoi chez les autorités, coupables cependant de n’avoir rien communiqué en amont. Depuis, elles ont mis les choses au clair. Le même Rivola est aussi parti depuis peu en croisade contre le règlement sur le thème de la sécurité, en appelant non seulement à discuter sur un retour aux motos sans dispositifs d’aide à quoi que ce soit, mais à y réfléchir pour dès les prochains mois. Car la future réglementation n’arrivera qu’en 2027. Et au passage, à suivre cette pente, elle coûtera paradoxalement plus cher aux constructeurs, car il ne suffira pas de sortir de la naphtaline les opus d’il y a bien plus de cinq ans pour les remettre en route. Il s’agira d’élaborer une toute nouvelle moto, car chacun sait, et Rivola en premier, que celles qui ont actuellement cours ne peuvent plus se passer de leurs évolutions, car pensées en fonction d’elles.
Mais Massimo Rivola en avait encore sous le pied. Le voilà attaquant encore Ducati, car c’est bien la cible, en regrettant ses huit motos sur la piste. Et voilà son point de vue : « le MotoGP n’est pas censé être une coupe monotype. Près de la moitié des places de départ sont déjà occupées par une seule marque. Nous devrions chercher un compromis ». Et ce compromis, il l‘envisage ainsi : « je suis d’accord pour qu’un nombre maximum d’équipes par constructeur soit fixé ». Il conclut : « je demande des contrôles et des réglementations sur le nombre de motos autorisé par fabricant ».
Heureusement pour Massimo Rivola, le ridicule ne tue pas
Rivola, dans son exposé sur Speedweek parle de ce qui se passe en Formule 1, qu’il connait bien. Mais tout ça est spécieux. D’abord parce qu’il y a cette évidence : le MotoGP n’est pas la Formule 1. Les engagés en Grand Prix moto n’ont pas du tout la même dimension industrielle et ni des stratégies de marché identiques. Rivola semble oublier que les conseils d’administration des marques automobiles appuient les projets F1 alors qu’en moto, Suzuki a démontré que l’on pouvait euthanasier une démarche gagnante en une réunion. Rivola oublie aussi que s’il y a 22 motos sur la grille de départ, c’est parce que des équipes comme Gresini, VR46 et Pramac ont pu avoir des Ducati. Ce n’est certainement pas chez Yamaha ou Honda à l’époque et encore moins chez Suzuki encore présent, pas plus que chez sa marque Aprilia ou KTM au projet naissant qu’ils auraient pu avoir des motos dans leur box.
Rivola parle « d’un nombre maximum d’équipes par constructeur soit fixé ». Ce qui ne veut rien dire. Car cela sous-entend quoi ? Que les teams doivent aller chercher des motos qu’on ne leur propose pas ? Ou que les constructeurs doivent fournir au maximum quatre motos lorsqu’ils sont engagés ? Ce qui est le meilleur moins de les dissuader de venir ou de les faire fuir. Si cet impératif avait été en vigueur, jamais Suzuki et Aprilia ne seraient seulement arrivés en MotoGP. Car Suzuki n’a jamais voulu de team satellite tandis qu’à Noale, qui s’appuie quand même sur un groupe Piaggio qui n’est pas un artisan du coin, ne propose que son partenaire qu’en 2023. Pour un projet qui dure depuis 2015, il était temps. KTM a été plus impliqué en s’alliant avec Tech3 assez vite après le lancement de son programme RC16.
Sans Ducati, qui n’a pris en otage personne ni versé de pots de vin, la grille de départ du MotoGP aurait au mieux 18 pilotes, ce qui n’est pas digne d’un championnat du monde qui veut trôner dans les sports mécaniques à côté de la Formule 1. Massimo Rivola conclut même avec ceci : « si j’étais chez Ducati, je ferais interdire tous les tests. Parce qu’ils ont tellement de motos sur la piste lors des courses ». Justement Monsieur Rivola, chez Ducati on ne demande jamais d’interdire au contraire de vous et de vos homologues. Ducati a seulement répondu à l’appel des teams que vous étiez incapables de fournir en RS-GP.
C’est avec cet état d’esprit de battu d’avance que certains concurrents de Ducati abordent cette saison 2023 de MotoGP. On cherche déjà des excuses à présenter aux grands patrons qui, s’ils ont deux sous de bon sens, arriveront à ce constat : si la défaite est survenue, c’est que l’on a moins bossé. Et dans la vraie vie, lorsque l’on est recalé à un concours ou à un examen, on ne gâche pas la réussite des autres qui ont bien travaillé en demandant à le repasser en changeant le sujet.