La colère est mauvaise conseillère dit l’adage et Fabio Quartararo l’a vérifié lorsque, après la désillusion de découvrir une Yamaha à l’intersaison qui démontrait que les ingénieurs d’Iwata n’avaient pas écouté un mot de ses recommandations, il a été plus que fâché. C’est la révélation que le Champion du Monde a faite après un Grand Prix de Catalogne remportée de main de maître et démontrant qu’entre lui et sa M1, c’était toujours l’amour fou. Au point de le prolonger jusqu’en 2024…
Alors que le dixième Grand Prix se profile à l’horizon du côté de Sachsenring, Fabio Quartararo se dirige vers ce rendez-vous en Allemagne avec 22 points d’avance au championnat sur son plus proche poursuivant qui est Aleix Espargaró sur l’Aprilia, et une marge de 53 unités sur la première Ducati menée par Enea Bastianini. Le tout avec une Yamaha que l’on peut qualifier de quasi identique à la précédente version que le Français n’espérait plus revoir, bien qu’il ait remporté sa première couronne mondiale avec.
Et pourtant, lors de l’intersaison et lorsque la campagne 2022 a débuté, c’est la même machine avare en vitesse de pointe et radine en puissance qui lui a été servie par des ingénieurs d’Iwata qui ont comme royalement ignoré sa feuille de route prodiguée durant la trêve hivernale. De quoi être agacé, et on apprend qu’effectivement, le tricolore l’était. On peut même envisager qu’il était excédé… On lit ainsi ses propos sur son état d’esprit lors des premières courses rapportés par Tuttomotoriweb : « je n’étais pas concentré mentalement, parce que j’ai vu que la Yamaha n’avait pas évolué. La colère a pris ma tête et m’a bloqué. Je me suis senti pris au piège, car la moto n’avait pas gagné un seul kilomètre à l’heure en 18 mois ».
Fabio Quartararo : « cela n’a aucun sens d’être en colère contre quelque chose que vous ne pouvez pas changer«
A cette époque, le pilote français n’a pas manqué d’exprimer sa déception face à l’insuffisant travail effectué par la maison aux diapasons. Il avait donné des directives précises sur la façon d’améliorer la moto et il n’était logiquement pas satisfait. Il ne s’attendait pas à voler comme une Ducati dans la ligne droite, mais au moins espérait-il quelques progrès. Fabio a admis avoir traversé une période difficile, mais il a ensuite su réagir de la bonne manière : « après Austin, j’ai accepté la situation et j’ai essayé de tirer le meilleur parti de la moto que j’avais. A Portimao j’ai gagné et je me suis dit qu’il fallait arrêter de parler de vitesse de pointe, mais me concentrer sur ce que j’avais à faire ».
Le champion en titre de MotoGP s’est à nouveau concentré sur ses objectifs et a montré qu’il était mature face à un moment critique : « cela n’a aucun sens d’être en colère contre quelque chose que vous ne pouvez pas changer. La colère n’aide pas à obtenir de bons résultats ». La deuxième place au Mugello et la victoire à Montmelò ont été des résultats très importants. Les prochains rendez-vous au Sachsenring et à Assen peuvent le revoir en tant que protagoniste.
Quant à la suite jusqu’en 2024, Yamaha s’est cette fois publiquement engagé de faire un effort en termes de puissance, avec notamment des embauches de compétences extérieures à la marque, pour travailler sur son quatre cylindres en ligne. Ce sera le seul moteur avec cette architecture en MotoGP l’an prochain, face aux V4 de la concurrence, du fait du retrait des GSX-RR de Suzuki.