Depuis son retour en MotoGP en 2015, la marque de Noale n’a pas rencontré les résultats escomptés, même si un rayon de soleil est apparu l’an dernier. Pleinement engagées en tant que constructeur cette année, les troupes de Noale espèrent donc enfin percer aux avant-postes.
Il est souvent facile de présupposer des forces en présence d’une saison donnée en s’attardant avec attention sur les performances des uns et des autres lors des dernières manches de l’exercice précédent. Ainsi, la fin d’année 2021 a été riche en enseignements sur la position relative de chaque constructeur engagé en MotoGP.
De fait, si Yamaha est parvenu à renouer avec le titre de Champion du monde chez les pilotes par l’intermédiaire de Fabio Quartararo l’an dernier (pour la première fois depuis l’ultime sacre de Jorge Lorenzo en 2015), c’est bien Ducati qui a affiché la meilleure dynamique lors des dernières épreuves, Pecco Bagnaia remportant quatre des six dernières courses disputées, excusez du peu !
Une fin de saison en trombe qui a d’ailleurs permis à la marque de Borgo Panigale de remporter à la fois le titre chez les constructeurs et les équipes. Dans ces conditions, inutile de préciser que le prochain objectif des Rouges sera d’obtenir la triple couronne cette année, en faisant chuter Quartararo de son trône pour coiffer à son tour la couronne chez les pilotes.
Mais si Yamaha et Ducati font office de favoris légitimes en 2022 au vue de la répartition des titres l’an dernier, il faudra tout de même garder un œil sur les outsiders, à savoir Honda et Suzuki, qui nourrissent tous deux l’ambition de faire leur retour au premier plan après leurs lauriers respectifs en 2019 et 2020.
Aprilia en position d’outsider
Davantage d’incertitudes subsistent en revanche chez KTM et Aprilia, même si dans le cas de ce dernier, la dynamique imprimée en 2021 fut très clairement haussière, et d’autant plus remarquable que la marque de Noale piétinait il faut bien le dire depuis son retour en catégorie reine en 2015.
Jugez plutôt : pas un seul top 5 obtenu en six saisons, avant que son pilote fétiche Aleix Espargaró, devenu la véritable figure de proue du projet depuis son arrivée au sein de l’équipe en 2017, ne sonne la révolte l’an dernier avec en point d’orgue un premier podium pour Aprilia à Silverstone (suivi d’une quatrième place non moins méritante lors de la manche suivante, en Aragón).
Toute la question est dès lors de savoir si la marque transalpine va être en mesure de poursuivre dans son élan cette année. Les essais officiels de Sepang et Mandalika ont déjà répondu partiellement à cette interrogation, et par la positive qui plus est, Espargaró bouclant les tests en Malaisie à la deuxième place, puis ceux en Indonésie à la troisième.
Même si les résultats d’essais sont toujours à prendre avec des pincettes, ne sachant pas précisément dans quelles conditions ont été réalisés les meilleurs tours (pneus chaussés, quantité précise de carburant dans le réservoir, température et état de la piste au moment du time attack, etc), un vent d’optimisme souffle donc chez Aprilia, qui est cette année pleinement engagé en tant que constructeur en MotoGP.
Un championnat très resserré en perspective
Les troupes de Noale chercheront donc à confirmer cette année leurs progrès observés l’an passé, notamment par une nouvelle RS-GP qui continue d’arborer un grande nombre d’évolutions, comme le souligne le directeur technique de l’équipe, Romano Albesiano, dans une vidéo diffusée sur YouTube : « La RSGP de 2021 a été une moto excellente, mais nous avons tout de même revu en profondeur tous ses éléments. Nous nous concentrons sur tous les secteurs qui peuvent nous fournir de la performance, comme le moteur par exemple, mais aussi au niveau de l’aérodynamique, ou bien encore le châssis et l’électronique, ce afin de gérer toujours mieux les phases d’accélération et de freinage. »
Au-delà de ses avancées, Aprilia pourrait également profiter du resserrement toujours plus prononcé des performances entre les différents constructeurs. Là encore, il n’y a qu’à voir les résultats des derniers essais pour prendre conscience des écarts particulièrement ténus qui séparent les différentes parties engagées dans la catégorie reine : hormis KTM qui a semblé en retrait, les cinq autres constructeurs ont en effet été représentés à minima dans les sept premières places des temps combinés à Sepang et Mandalika.
« Lors des dernières années il y a eu un lissage des performances entre les constructeurs, et cela comprend bien sûr Aprilia, qui s’est rapproché de ses concurrents dans la catégorie reine », reprend Albesiano. « En 2022, nous nous attendons à une forte progression de la part de tout le plateau. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons beaucoup travaillé cet hiver, car nous voulions vraiment participer à ce nouvel exercice avec toutes les cartes en main. Je m’attends en effet à un championnat très disputé, avec tous les constructeurs très proches les uns des autres. Nous devrions avoir nos chances de faire bonne figure. »
Les bons résultats récoltés en 2021 ont donc semblé réveiller l’appétit d’Aprilia, impatient de voir débuter la nouvelle saison pour démontrer enfin aux yeux du paddock que sa bonne forme de l’an passé n’était en rien un feu de paille : « Nous ressentons beaucoup d’adrénaline à l’approche de cette nouvelle saison », explique Massimo Rivola, le patron d’Aprilia Racing. « Nous sommes vraiment impatients de voir l’étendue de nos progrès par rapport à la concurrence. Nous avons réalisé des progrès majeurs, en prenant notamment quelques risques dans le développement de la moto, et nous avons hâte de voir ce que ça va donner en piste. »
Un duo de pilotes avide de succès
Aprilia pourra compter pour cela sur la vaillance de son line up, alliant la grande expérience et les talents de metteur au point d’Aleix Espargaró à la fougue et la pointe de vitesse de Maverick Viñales, qui a rejoint l’équipe en fin de saison dernière. « Aleix est notre « capitaine », nous savons de quoi il est capable », reprend Rivola. « Nous devons en revanche encore voir ce dont Maverick est capable, mais le moins qu’on puisse c’est qu’il a constitué une bonne surprise pour nous l’an passé. »
L’ancien pilote Yamaha, qui a lui aussi brillé lors des essais de présaison, pourra de toute façon compter sur les retours avisés de son coéquipier, qui a d’ores et déjà foi en lui : « Il est expérimenté tout en étant encore très jeune, et cela fait déjà quelques années qu’il évoluent en MotoGP », analyse ainsi le numéro 41. « Tout ce que je peux lui dire, c’est de croire à fond dans le projet. L’an dernier il a déjà eu un aperçu de la façon dont fonctionne l’équipe. Il est très important que nous allions tous dans la même direction, c’est tout ce que je peux lui conseiller. »
La première manche de la saison 2022 (année qui marquera du reste les 30 ans du premier titre décroché par la marque en Grands Prix, en 125cc en 1992 par Alex Gramigni), prévue le weekend du 4 au 6 mars prochain, sera ainsi un très bon révélateur pour Aprilia et ses pilotes. Après tout, le Qatar n’est-il pas le lieu de la toute dernière victoire de Viñales en MotoGP l’an dernier ?