Ducati avait espéré ce scénario brut dans ses prévisions sur la saison 2022 de MotoGP, élaborées durant l’hiver : avoir un de ses pilotes mener le championnat au terme du premier épisode du feuilleton encore long de cette campagne, avant l’entame d’une nouvelle période du calendrier qui s’ouvrira dès le 22 avril au Portugal, sur fond de retrouvailles avec l’Europe. C’est même peut-être encore mieux qu’espéré puisque la marque mène aussi le classement des constructeurs. Cependant, les sourires sont un peu figés à Borgo Panigale, car tout ce bonheur vient d’un pilote satellite Gresini sur une GP21 que les homologues en rouge avec la nouvelle GP22 auraient dû dominer. Avant d’aller à Portimao, les pontes de Ducati Corse affichent bien sûr leur satisfaction après les quatre premiers Grands Prix en outre-mer, mais ils ne cachent pas non plus qu’ils aimeraient retrouver la logique de la chaine alimentaire…
Un sentiment qui veut dire que Pecco Bagnaia comme Jack Miller vont devoir montrer que la GP22 est supérieure à son aînée GP21. Ce qui ne sera pas si simple. Car Enea Bastianini est en tat de grâce, ce qui exacerbe encore un peu plus son talent, tandis que l’équipe technique mise en place chez Gresini, avec notamment l’ancien chef mécanicien de Dovizioso, est efficiente… Gigi Dall’Igna ne s’y est d’ailleurs pas trompé en louant après la démonstration d’Austin la « maturité et la détermination » du protégé de Carlo Pernat, tout en adressant ses félicitations au team Gresini pour « les réglages parfaits » de la GP21.
Mais c’est encore Paolo Ciabatti qui explique le mieux l’ambiance qui règne actuellement chez Ducati : « il est évident que, chez Ducati, nous sommes heureux parce que l’une de nos motos a remporté la moitié des courses ayant eu lieu. Mais il est temps que l’équipe d’usine gagne », dit clairement le directeur sportif de Ducati Corse sur Motorsport.com.
Ducati : « il y a un décalage entre les informations dont disposent les ingénieurs et les sensations transmises par les pilotes«
Mais il y a aussi comme un problème de fond qui ne sera pas si facile à résoudre… « Il y a un décalage entre ce que les techniciens ont projeté à partir de leurs idées et des informations dont ils disposent, et les sensations que la moto transmet aux pilotes » regrette-t-on à Borgo Panigale. Reste qu’il faut avancer, résoudre, et que la couleur rouge reprenne ses droits au sein du clan de la marque composé de huit Desmosedici. Gigi Dall’Igna ne dit pas autre chose sous couvert d’une analyse encourageante des événements vécus au Texas : « un week-end totalement sous le sceau de Ducati ! Un Grand Prix que je n’hésiterais pas à définir comme étant l’ultime confirmation », décrit le directeur général de Ducati Corse toujours sur Motorsport.com. « Après de fantastiques qualifications avec cinq de nos motos à l’avant de la grille, nous avons vécu une course disputée jusqu’à la toute fin, un Grand Prix qui nous a apporté beaucoup de joie et des signaux d’une importance vitale ».
Ces signaux sont ainsi identifiés : « Jack Miller a été plutôt en difficulté vers la fin, après une première partie à un rythme très rapide et contre lequel personne ne pouvait rivaliser. Il a cependant décroché un podium très important. Une excellente course qui nous dit que le Lenovo Ducati Team est en train de trouver le bon feeling, bien que plus tard qu’attendu : il s’agit maintenant de rapidement rattraper le dernier retard ». Voilà pour le premier message.
Le second suit : « bien qu’en apparence insatisfaisante, même la cinquième place de Pecco Bagnaia, vue dans ce contexte entre les qualifications et la course où, à plusieurs reprises, il a enregistré le meilleur temps provisoire, indique qu’il ne manque pas grand-chose pour atteindre l’harmonie stable dont il a besoin afin que ses performances gagnent en constance. Nous espérons avec confiance continuer cette importante progression au cours d’une saison qui sera longue et ouverte à tous les résultats, étant donné aussi les performances de nos adversaires ». A partir de Portimao, Dall’Igna ne voudra plus voir ses troupes officielles malmenées par ses alliés, qui commencent à devenir encombrants.