Michele Pirro est le pilote test Ducati depuis fin 2012. Une période charnière dans le projet MotoGP de la marque puisque c’est le moment où Gigi Dall’Igna est arrivé pour tout réécrire. Entre-temps, l’époque Stoner s’était éteinte et la page Rossi écrite, un paragraphe vierge de résultats mais assez fourni en critiques. A maintenant 35 ans, l’Italien a le recul nécessaire pour analyser cette situation passée comme l’actuelle, tout en ayant quelques avis sur certains de ses collègues de marque, et autres…
Michele Pirro a trouvé sa voie en épousant la cause du pilote de développement Ducati. Une mission qui a jalonné sa carrière, commencée en Supersport, avant de bifurquer vers le Moto2 et Gresini. Lorsqu’il est arrivé chez Ducati, la marque passait un cap avec l’installation de Gigi Dall’Igna. Un moment qui coïncidait aussi avec le départ de Valentino Rossi qui dressait alors un impitoyable constat d’échec qui avait fait grand bruit à l‘époque.
Mais avec le temps, Michele Pirro analyse ainsi ce diagnostic du Doctor : « il avait raison ! » lâche sans nuance Pirro sur Mowmag. « C’est pourquoi je dis que ceux qui viennent chez Ducati maintenant trouvent vraiment un autre monde, mais je vous assure qu’à l’époque c’était dur ». Il ajoute sur la conjoncture actuelle chez Ducati : « il existe un grand groupe, tous Italiens, qui travaillent en équipe et avec beaucoup de passion. Dall’Igna, Ciabatti et Tardozzi sont les bonnes personnes et nous essayons toujours de faire de notre mieux avec les ressources dont nous disposons. Nous pouvons faire de plus en plus et nous essayons toujours de nous améliorer, mais nous avons eu de grandes satisfactions. Et j’essaie toujours d’élever le niveau et de repousser la limite ».
Une interprétation intéressante lorsque l’on sait que les « nouvelles » Ducati vont se rapprocher du même Vale qui pourra en effet les voir dans le box de ses troupes VR46… La tentation de biffer la déception ou de lever le doute pourrait saisir l’octuple Champion du Monde… « Je pense que Valentino le sait… Il a juste eu la malchance d’utiliser la Ducati dans un mauvais moment » dit d’ailleurs Pirro. « Je pense que c’est une autre Ducati avec laquelle il pourrait encore s’amuser. Mais je ne sais pas, je pense qu’au final, l’âge joue aussi son rôle. J’aimerais sûrement qu’il l’évalue un jour, mais je ne suis pas convaincu que faire une saison puisse être une chose positive pour lui. J’aimerais bien, mais je pense qu’il y a beaucoup d’autres facteurs en jeu ».
Pirro et les trois pilotes leaders Ducati : « il est clair que si nous rassemblions les forces de chacun, tout irait bien »
Alors il faut regarder le présent, et ce trio en GP21 qui occupe les cinq premières places du championnat en cours… « Ce sont certainement trois pilotes avec des caractéristiques différentes » dit Pirro. « Zarco a l’expérience et il est rapide, Miller est un cheval fou capable de surprendre et Bagnaia… s’il trouve la bonne continuité, il pourrait être un atout. Disons que cette année l’important est que l’un d’eux gagne ! Tous les trois ont des caractéristiques différentes. Il est clair que si nous rassemblions les forces de chacun, tout irait bien. Mais je pense que nous pourrions commencer à penser à ces choses après Misano. Chacun a ses avantages, l’important est que le résultat final soit le bon ».
Mais pour le moment, ils se partagent les points pendant que chez Yamaha, la monoculture Quartararo est à son plein rendement : « j’aime vraiment la façon dont il gère le freinage. Cela ne veut pas dire que Marquez fait pire, mais le sang-froid de Fabio pour ralentir la moto jusqu’au virage est fou » commente l’Italien sur le Français.
Pirro a aussi une pensée pour Dovizioso qui s’interroge sur son possible retour en MotoGP au guidon d’une Aprilia. Voici son sentiment : « le pilote avec qui j’ai passé le plus de temps était certainement Dovizioso. Andrea a une méticulosité dans le traitement de tout qui est vraiment incroyable. Vous savez, pour un pilote comme lui qui a l’habitude de gagner, ce n’est pas facile. L’année prochaine, il aura 36 ans et se remettre dans le jeu à cet âge… Il y a beaucoup de facteurs qui doivent être évalués. Avec un pilote comme Dovi il y a des exigences et ce n’est pas facile ». D’ailleurs la piste du pilote d’essai commence à être privilégiée chez Aprilia, plus que celle d’un poste de titulaire à la saison. Depuis, aussi, le déçu de Yamaha qu’est Viñales est arrivé sur le marché.