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Ducati

Paolo Ciabatti est le directeur sportif de Ducati Corse et à ce titre fait partie de l’incontournable triumvirat représentant la marque de Borgo Panigale au plus haut niveau en MotoGP. Le trio a été vu en grande discussion depuis le muret des stands en plein Grand Prix ce Malaisie, une course marquée par un duel à couteaux tirés entre Pecco Bagnaia, du team officiel jouant le titre, et un Enea Bastianini, son futur équipier 2023, qui veut absolument finir troisième du championnat pour des raisons économiques mises sur la place publique par son manager Carlo Pernat. Que s’est-il dit à cette occasion et sur ces sujets ? Ciabatti répond.

Paolo Ciabatti s’est fait quelques cheveux blancs de plus à Sepang en regardant les 20 tours d’un Grand Prix de Malaisie qui a joué aussi sur les fréquences cardiaques de Davide Tardozzi le team manager Ducati version rouge, tandis que le patron de la compétition et ingénieur en chef Gigi Dall’Igna faisait les cent pas dans l’allée des stands pour calmer les siennes. Les trois ont eu une discussion sur le déroulé de cette avant-dernière manche du championnat qui a finalement mis dans une posture favorable pour le gain du titre un Pecco Bagnaia vainqueur en Malaisie. Mais d’un rien devant un Enea Bastianini dont il faudra s’habituer au fait qu’il fera encore longtemps parler de lui en n’en faisant qu’à sa tête…

Le directeur sportif raconte cet épisode où les nerfs du staff Ducati ont été mis à rude épreuve par ce duel fratricide… « C’était à un moment de la course où nous avons pensé que la lutte en tête pouvait être un peu trop risquée, compte tenu de ce qui se passait et de ce qui était en jeu. Nous avons donc discuté de la stratégie à choisir. Parce qu’il était trop important pour Pecco non seulement de gagner, mais aussi de ne pas prendre de risques inutiles ». Il ajoute : « Enea est connu pour aller toujours à l’assaut de manière très agressive. Et nous ne voulions tout simplement pas voir une répétition de l’accident du Mans ».

Paolo Ciabatti et la troisième place au championnat de Bastianini : « quand une chose est beaucoup plus importante qu’une autre, il faut prioriser« 

Le contexte posé, voilà ce qui est ressorti de cette réflexion à trois au plus près du terrain : « nous avons décidé de ne rien faire car si Bezzecchi doublait Quartararo, Pecco devenait Champion du Monde. Si Fabio avait terminé 4ème, nous aurions remporté le titre des Pilotes avec Pecco. « Bez » est venu à moins de 0,8 seconde de Quartararo, mais il a ensuite reculé. C’est pourquoi nous avons décidé que nous n’interviendrions pas ».

Voilà pour le chapitre « ordre d’équipe », qui n’a ainsi jamais été donné. Reste cette histoire de prime que Carlo Pernat, le manager d’Enea Bastianini, a clairement racontée et identifiée comme les raisons de son agressivité à peine bridée en course sur Pecco Bagnaia… « Un manager de pilote essaie toujours de tirer le maximum de la situation financièrement, au profit de son pilote » mentionne Ciabbati sur Speedweek. « Mais la troisième place d’Enea au championnat du monde est sans importance dans ce cas si Ducati peut remporter le championnat du monde des pilotes pour la première fois en 15 ans. C’est certes important car c’est synonyme de prestige et aussi d’argent car un bonus vient avec. Mais quand une chose est beaucoup plus importante qu’une autre, il faut prioriser ».

Et maintenant, comment voit-on le grand final de Valence chez Ducati ? Avec une certaine sérénité. Tellement qu’on laissera a priori encore les pilotes de la marque prendre leurs responsabilités : « si Fabio Quartararo ne franchit pas la ligne d’arrivée en vainqueur, le championnat se jouera en notre faveur. Si Quartararo arrive à la 2e place, Pecco sera champion même s’il n’a pas de point » rappelle Ciabatti. « L’année dernière à Valence, nous avons eu trois Ducati dans les trois premiers sur la grille et nous avons décroché les trois podiums de la course avec Bagnaia, Martin et Miller. Nous savons que c’est une piste qui convient à nos motos et à nos pilotes et pas forcément Quartararo et Yamaha qui ont terminé 5e en 2021 ».

L’Italien conclut ainsi logiquement : « je pense donc que nous n’avons pas besoin d’ordres d’équipe. C’est suffisant si une Ducati gagne. Nous avons augmenté l’avance de 14 à 23 points depuis la Malaisie. Fabio est maintenant dans une situation où il doit absolument gagner à Valence et espérer que Pecco rentrera chez lui sans point ». Cependant… « Mathématiquement, c’est possible, comme l’a dit Lin Jarvis après la course. Nous sommes arrivés en finale en 2017 avec Andrea Dovizioso dans une situation similaire à celle de Fabio maintenant – et avons perdu le combat pour le titre contre Marquez ». Sans parler de Rossi en 2006, pour se référer aux enjeux propres de la VR46 Academy…

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, PETRONAS Grand Prix of Malaysia

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