Il n’a pas échappé à Ducati qu’il reste deux Grands Prix encore à faire dans cette saison MotoGP, mais on commence tout de même à élaborer le bilan d’une campagne où le titre des pilotes a été perdu. Il reste celui des constructeurs et des équipes à jouer. Cependant, depuis 2007 et Casey Stoner, l’objectif est manqué par les hommes de Borgo Panigale qui ont pourtant six pilotes sur la piste, et bientôt huit, sur la moto à présent considérée comme la meilleure du plateau. En 2022, il faudra vaincre, et aucune tolérance ne sera montrée pour les maillons faibles. En ce sens, les derniers commentaires venus de Paolo Ciabatti en direction de Jack Miller auraient de quoi inquiéter l’Australien…
Chez Ducati, on réfléchit déjà à 2022 et même au-delà et cela passe par une évaluation de ses effectifs pilotes. Ces derniers ont été rajeunis avec les départs de Dovizioso et de Petrucci qui font passer désormais Johann Zarco comme un vétéran dans un ensemble à la moyenne d’âge descendu à 24,5 ans. Mais l’état civil est une chose et les résultats sont autre chose. Et pour ce qui est de ces derniers, lorsque l’on porte une combinaison rouge, ils doivent relever de l’excellence.
Sur ce plan, Pecco Bagnaia a rempli les attentes des patrons de Borgo Panigale : sept podiums dont deux victoires. Lors de la seconde partie de la saison, il a parfois donné l’impression d’être intouchable, même par Fabio Quartararo. Mais il a payé son manque de régularité en entame de campagne, une inconstance qui est son talon d’Achille. Pour Jack Miller, c’est moins flamboyant : deux victoires, à Jerez et au Mans, et un podium, en Catalogne, dans la première partie du championnat. Après la trêve estivale, son meilleur résultat est une 4e place, à Silverstone.
Des résultats qui n’ont pas échappé au directeur sportif Paolo Ciabatti qui a déclaré sur la Gazzetta Dello Sport : « il ne sert à rien de s’en cacher, nous nous attendions à ce que Miller se batte pour le titre. Alors que pour Pecco, nous aurions été heureux de le voir constamment dans le 5. Au lieu de cela, les choses se sont passées différemment ». Bref, l’Australien était attendu pour être le leader des troupes de Borgo Panigale.
La déception est signalée et elle porte à conséquence sur le statut de Jack Miller dans l’équipe. Le directeur sportif ajoute en effet : « nous avons récemment eu quatre pilotes d’usine sur les motos d’usine actuelles. Vous devez ensuite réfléchir à ce que vous pouvez offrir aux talents du futur. Et si vous n’avez que quatre places, il arrivera toujours que tôt ou tard un pilote obtiendra une meilleure offre d’une autre équipe ou usine. Aucun constructeur ne peut engager dix pilotes pour le MotoGP et offrir à tout le monde une bonne place ».
Ducati lance sa réflexion pour 2023 où tout y semble aussi « ouvert »…
Il faut donc mériter son guidon. Et Jack Miller n’est pas dans les petits papiers en ce moment… « Maintenant, nous avons beaucoup de jeunes sous contrat avec Martin, Bastianini, Marini, Di Giannantonio et Bezzecchi. La plupart d’entre eux ont 24 ans ou moins. Nous aurons huit pilotes MotoGP sur le terrain en 2022. Pour le moment, nous avons suffisamment de candidats prometteurs pour nos meilleures positions ». On notera que Ciabatti confirme Bezzecchi, qui n’a pas été officialisé par la VR46.
Au fait, cette académie VR46 doit-elle être considérée comme le vivier officieux de Ducati en termes d’élevage de champions ? Rien n’est moins certain… « La VR46 veut rester indépendante de la marque. Cette académie a été imaginée par Valentino et son groupe de proches collaborateurs. L’Académie suit sa propre voie. Ils ne sont pas encore attachés à une marque, mis à part le fait qu’ils se fournissent chez Yamaha pour les motos d’entraînement. Même en équipe, ils aiment rester indépendants lorsqu’il s’agit de choisir un pilote ».
Il précise : « Morbidelli et Bagnaia ont été les premiers pilotes MotoGP de l’académie. Début février 2018, nous avons eu l’opportunité de signer Bagnaia avant qu’il ne débute sa deuxième saison en Moto2. Pecco voulait devenir pilote Ducati. Les managers de l’Académie ont essayé de négocier le meilleur accord possible pour lui avec nous afin de réaliser son souhait avec Ducati. Cela nous aidera certainement dans la recherche de pilotes et les négociations à l’avenir que l’équipe VR46 pilotera Ducati en MotoGP. Nous verrons quels pilotes VR46 de Moto2 pourraient nous intéresser ».
Au fait, le curseur semble être placé à 24 ans chez Ducati pour un recrutement. En 2023, Fabio Quartararo ne les aura pas encore tout à fait atteints et il est le premier à dire, avec son manager Eric Mahé, qu’il n’a encore aucune certitude sur sa destination pour cette saison, pas si lointaine que ça dans l’espace-temps du MotoGP…