Avant d’entamer une saison 2023 de MotoGP que les tests hivernaux promettent à Ducati d’être au moins aussi prolifique que la précédente, marquée, rappelons-le, par la prisée triple couronne à sa conclusion, le patron de la compétition de la marque Gigi Dall’Igna fait un point sur sa méthode et les souvenirs qu’elle a laissés derrière lui. Ils concernent notamment les pilotes avec lesquels cela s’est bien passé, à l’exception d’un, apparemment…
Gigi Dall’Igna est logiquement l’homme en vue dans l’actuel paddock du MotoGP. Depuis son arrivée chez Ducati en 2013, il a fondamentalement changé le destin des hommes de Borgo Panigale, et pour leur bien. Il a ainsi réussi à discipliner cet artisan génial pour en faire un haut représentant de l’ingénierie sur la grille de départ, en imposant des choix techniques que personne n’avait envisagé parmi des concurrents historiquement certains de leur fait et de leur méthode. La marque Ducati était autrefois raillée et, depuis, elle est imitée mais pas encore égalée.
Pour en arriver là, il a aussi fallu organiser les rangs, et même surtout, si l’on écoute celui que Johann Zarco surnomme avec affection « barbichette », qui s’est ainsi confié à Speedweek : « je pense que je suis assez doué pour coordonner les gens. Je me considère plus comme un organisateur que comme un technicien » surprendrait-il presque.
Gigi Dall’Igna Ducati : « quand je parlais aux pilotes, j’ai toujours eu l’impression qu’ils avaient confiance en ce que je faisais«
Concrètement, sa démarche donne ça : « si je trouve nécessaire d’exercer un contrôle, alors je dois contrôler. Mais si j’ai une confiance sincère dans les gens, alors il n’y a pas besoin de contrôle. Mais j’explique toujours au personnel : parfois, il vaut mieux dire quelque chose deux fois que pas du tout. Je veux que mes employés comprennent ce que je pense et pourquoi j’ai parfois besoin de contrôler. Mais parfois, je laisse l’équipe effectuer son travail de manière indépendante. Cela dépend du ressenti ».
Un discours qui peut passer chez les ingénieurs et autres membres du staff. Mais qu’en est-il des pilotes qui ne peuvent être ce qu’ils sont que parce qu’ils ont un caractère fort ? Gigi fait le bilan de son parcours avant de livrer cette conclusion : « je n’ai pas beaucoup de gens que je considère comme des rivaux et j’ai de bonnes relations avec de nombreux pilotes, cela a commencé il y a 30 ans. Il y a aussi une bonne entente avec des pilotes difficiles comme Max Biaggi et Jorge Lorenzo. Pour être honnête, quand je parlais aux pilotes, j’ai toujours eu l’impression qu’ils avaient confiance en ce que je faisais ».
Une mention qui n‘est pas anodine puisque c’est exactement de qu’Andrea Dovizioso reprochait souvent à Gigi Dall’Igna. Ce dernier ne nie pas que les choses n’ont jamais été simples avec son compatriote, et lorsqu’il lui est demandé son sentiment au sujet du triple vice-champion du monde, il répond, sans le citer : « bien sûr, il y avait parfois des problèmes avec les pilotes. C’est normal. Des discussions normales peuvent avoir lieu entre des personnes travaillant ensemble. Concernant votre question spécifique sur un qui avait l’impression que je ne l’écoutais pas assez, nous ne parlons ici que d’un seul pilote ». Qui sera intronisé parmi les légendes des Grands Prix lors du prochain Grand Prix d’Italie.