Gigi Dall’Igna, le grand druide de Ducati Corse ne s’en est pas caché lorsqu’il est devenu officiel que le nouveau pilote Gresini en MotoGP serait Alex Marquez en 2023 : il aurait préféré avoir Miguel Oliveira. Une déception d’autant plus grande que le quadruple vainqueur en MotoGP avec KTM avait d’abord frappé à la porte de Ducati avant de se retrouver derrière une table à parapher un contrat Aprilia. Comme quoi, il n’y a pas que sur la piste que l’on peut se faire faire les freins… Paolo Ciabatti, en charge de ce type de dossier chez Ducati explique comment on en est arrivé là …
Miguel Oliveira mettra fin au terme de cette saison à un septennat passé avec KTM durant sa carrière, dont quatre ont été dévolus au projet MotoGP. Quatre réalisations ont été validées et c’est la preuve les deux parties n’ont rien à se reprocher, si ce n’est cette priorité d’embauche de Jack Miller en lieu et place du Portugais qui n’a pas apprécié la mutation proposée en échange vers la joyeuse équipe de ses débuts, Tech3.
C’est au Grand Prix d’Italie qu’il a signifié à Pit Beirer que sa présence comme membre de la famille KTM ne survivrait pas à cette saison. A ce moment, la rumeur lui ouvrait toute grande les portes de l’équipe Gresini pour une intégration dans le clan Ducati. Miguel Oliveira avait même préparé une petite conférence de presse pour l’annoncer avant d’occulter totalement le sujet une fois devant le micro de motogp.com. Que s’était-il donc passé entre-temps ? Paolo Ciabatti nous le révèle aujourd’hui dans les colonnes de Speedweek…
« La situation avec Oliveira semblait positive, mais à un moment donné, nous avons eu besoin de l’approbation de Gresini Racing car c’est une équipe cliente » dit le patron de la compétition. Et il détaille ainsi la situation : « nous avons payé le salaire de Bastianini là-bas cette année à cause d’une situation particulière, car il était sous contrat avec nous. Mais en principe, nous ne payons que les pilotes placés chez Lenovo et Pramac. Les équipes clientes ont vocation à nous consulter mais font leurs propres choix. Parce que nous ne pouvons pas soutenir financièrement les huit pilotes MotoGP ».
« Il nous a donc fallu du temps, ainsi qu’à Gresini, pour trouver un accord avec Oliveira. Entre-temps, Aprilia a signé un accord avec l’équipe RNF de Razlan Razali. Ils ont fait une bonne offre à Oliveira et il a décidé de l’accepter. C’était compréhensible, car nous n’étions pas prêts à temps pour proposer un accord avec Gresini » commente Ciabatti.
Ducati : « Aprilia a agi plus rapidement, Miguel Oliveira a obtenu un contrat directement avec l’usine«
« C’est vrai, j’ai parlé à Miguel Oliveira et à son père Paulo dans le camion Gresini au Grand Prix de Barcelone », a confirmé le manager de Ducati Corse. « Nous avons évoqué la possibilité d’un déménagement chez Ducati. Mais nous n’avons jamais parlé du contrat ou du salaire. Nous connaissions les conditions d’Oliveira, mais nous devions avoir l’accord de Gresini. Bien sûr, Oliveira est un pilote super rapide, comme le montrent ses quatre victoires en MotoGP. Mais nous ne sommes pas seuls dans ce monde. Alors que nous recherchions un accord pour pouvoir payer les frais d’Oliveira, Aprilia a agi plus rapidement. Il y a obtenu un contrat directement avec l’usine. Comme il ne voulait pas basculer dans l’équipe Tech3 chez KTM et en même temps ne voulait pas être sans emploi pour 2023, Miguel s’est tourné vers Aprilia ».
« L’Aprilia est très compétitive. Avec ce que font Aleix Espargaró et Viñales sur la RS-GP, Miguel a sans doute pensé qu’il pourrait faire aussi bien, voire mieux », déclare Ciabatti. « C’est à cause d’une question de timing que l’accord n’a pu être conclu avec lui ». Ciabatti termine sur tout de même le futur nouveau venu, frère de qui vous savez : « lorsque l’opportunité s’est présentée avec Alex Marquez chez Gresini Racing, en négociation directe avec l’équipe, cette place s’est comblée. Les deux parties se sentaient à l’aise. Et nous pensons qu’Alex peut faire mieux à Gresini sur une Ducati que sur sa moto actuelle ». Et puis, avec la dot d’Estrella Galicia 0.0, estimée à 1 million d’euros, il n’y avait plus de problème de salaire à résoudre.
