Ducati va devoir trancher ce nœud gordien qui lie pour l’instant Enea Bastianini et Jorge Matin autour de la seconde machine rouge du box officiel. Un choix cornélien qui était pourtant de l’ordre de la formalité en début d’année. A ce moment-là, l’arrivée de l’Espagnol aux côtés de Bagnaia ne faisait aucun doute. Puis l’Italien s’est révélé, avec trois victoires sur la GP21. Sa prise en considération coulait de source. Qui sera choisi ? A Borgo Panigale on a annoncé que tout serait décidé fin août, mais on parle à présent d’une annonce début septembre, à Misano. La tension monte, ce qui est par ailleurs inexplicable car tous les cadres de Ducati assurent qu’en rouge ou chez Pramac, ce sera du pareil au même, de la moto au soutien technique et même en salaire…
Chez Ducati, on martèle qu’entre Jorge Martin et Enea Bastianini, en 2023, ce sera le même traitement, mais avec des couleurs différentes. Il n’y a donc pas débat a priori. Mais alors pourquoi Jorge Martin rappelle sans cesse que s’il n’a pas une combinaison rouge, il ira voir ailleurs ? Et d’ailleurs où ? A moins que si déception il y a, on assiste à un sensationnel hold-up de Honda ? Du coup, il y a quand même comme un coup de pression.
D’un côté, il y a donc l’Espagnol, champion du monde Moto3 2018, auteur d’une victoire pour ses débuts en MotoGP, en Autriche, avec la Ducati de l’équipe Pramac. De l’autre, il y a l’Italien, champion du monde de Moto2 en 2020, qui a déjà remporté trois courses avec l’équipe Gresini cette année. Actuellement, la différence entre les deux au championnat est grande, étant donné que Martin a marqué 81 points et Bastianini 118. Et ce dernier a mis un point d’honneur de finir le dernier Grand Prix de Grande Bretagne à Silverstone devant le premier, pour une quatrième place acquise malgré un aileron en moins sur sa GP21.
Une chose est claire, cependant, selon ce que dit le directeur sportif Davide Tardozzi : « les deux seront traités de la même manière, à la fois chez Pramac et dans l’équipe officielle. En ce moment, ils ont les mêmes opportunités sur la piste, même si Bastianini a la moto de l’année dernière ». Et les deux ont eu droit en Angleterre aux ailerons arrière. Ils ont été à ce propos mieux accueillis par Bastianini que par Martin.
La Ducati rouge ? « Les résultats parlent d’eux-mêmes et penchent du côté d’Enea Bastianini plutôt que de Jorge Martin«
Le directeur de la compétition Paolo Ciabatti confirme le schéma décrit par Tardozzi : « Enea et Jorge ont tous les deux les mêmes opportunités. Évidemment, chacun d’eux a ses points forts et ses côtés positifs. Une chose agréable est que les deux ont signé avec nous. Ils bénéficieront d’un traitement identique en 2023, tant sur le plan économique que technique. Nous ne pensons pas que les deux candidats soient soumis à une pression supplémentaire car ils toucheront exactement le même salaire qu’ils pilotent pour Pramac ou dans l’équipe d’usine. De plus, ils recevront exactement les mêmes motos et un support technique identique ».
L’Italien ajoute : « à mon avis, nous avons soulagé les pilotes avec cette approche. Bien sûr, cela pourrait toujours être plus prestigieux si vous obtenez un contrat pour l’équipe Factory Ducati Lenovo au lieu de Pramac », est conscient Ciabatti, « même si vous gagnez le même argent. C’est juste une question de savoir si vous roulez avec les couleurs d’usine ou non. Nous ne pensons pas que cela devrait faire une différence. Parce que nous avons promis à Enea et Jorge des étapes de développement et des mises à jour identiques ».
Si, chez Jorge Martin, on tient au rouge, le manager de Bastianini qu’est Carlo Pernat se montre plus ouvert. Il argumente ainsi : « il y a un accord qui prévoit des conditions identiques, à tous points de vue, qu’il soit dans l’équipe officielle et qu’il soit chez Pramac, Bien sûr, d’un côté il y a la moto de l’équipe officielle qui représente le blason et la plus haute aspiration pour un pilote, mais de l’autre il y a la possibilité de se retrouver, avec le même équipement technique et les mêmes hommes, dans un environnement où pourtant la pression serait moindre ».
Alors qu’importe ? Carlo Pernat glisse quand même … « Les résultats parlent d’eux-mêmes et penchent du côté d’Enea plutôt que de Jorge Martin ». Le prochain Grand Prix d’Autriche s’annonce explosif entre les deux hommes, et d’abord parce Jorge Martin adore ce tracé du Red Bull Ring où il y a concrétisé avec Ducati en MotoGP lors de sa saison de rookie. Il doit donner le change à Bastianini qui a concrétisé déjà trois fois cette année.