Il fallait s’y attendre : les effectifs du clan Ducati sont si bien armés pour concrétiser l’ambition de porter une des deux combinaisons rouges la saison d’après, que la saine émulation théorique ne peut tourner qu’en lutte fratricide en piste. Un schéma qui n’aura pas attendu le premier Grand Prix pour s’entrevoir. Il est d’actualité dès le lendemain de deux jours de tests d’intersaison à Sepang. Entre Enea Bastianini et Jorge Martin, on s’échange ainsi des politesses…
Enea Bastianini a fait ce qu’il faut pour se positionner dans le clan Ducati en se montrant flamboyant sur une GP21 aboutie qu’il découvrait sur le tracé de Sepang. Il en est d’ailleurs devenu le nouveau recordman, s’affirmant ainsi en solide leader non seulement des hommes en Desmosedici mais aussi du plateau MotoGP. Et comme chez Ducati, on aime dire que l’on récompense au mérite, le bilan malaisien du protégé de Carlo Pernat n’est pas anodin.
D’ailleurs, Bastianini a annoncé la couleur dès ces préliminaires, après son exploit : « c’est motivant pour moi et pour toute l’équipe » dit l’Italien de chez Gresini. « Nous n’avons pas la pression d’une équipe d’usine et c’est important pour moi d’essayer d’aller de plus en plus vite. Mais mon objectif reste de devenir pilote officiel ».
Jorge Martin Ducati : « Bastianini dit que je suis sa cible, il semble qu’il soit un peu obsédé par le sujet«
Puisque Bagnaia a actuellement l’avantage dans le box usine, c’est à Jack Miller que s’adresse ce message. Mais aussi, et peut-être surtout à celui qui a formulé la même ambition, en l’occurrence Jorge Martin. Ce dernier, troisième à Sepang avec une GP22 qui débute, n’a pas nié l’approche de « Bestia » jusqu’à lui répondre clairement : « Bastianini dit que je suis sa cible, il semble qu’il soit un peu obsédé par le sujet. Je connais le potentiel que j’ai, je sais ce que j’ai fait l’année dernière et je sais ce que je peux faire, je n’ai aucun problème. Je suis concentré sur mon travail ».
L’Espagnol ajoute : « honnêtement, ce n’est pas un sujet qui m’inquiète. Évidemment, il va vite, il a une moto qui fonctionne dès le départ. Nous le savons déjà et cela ne changera pas. Il est clair qu’il y aura cette pression. La pression que va avoir Jack Miller, la pression qu’Enea va avoir. Mais je suis très calme, je ne pense pas que mon combat sera contre Enea en ce moment. J’espère que la relation restera la même ».
De son côté, le grand patron Gigi Dall’Igna, qui sent venir la pression de sa presse compatriote pour pousser à un duo d’Italiens dans son box écarlate en 2023 a commenté : « je pense qu’il peut terminer le championnat du monde dans le top 5. Nous essaierons d’aider tous les pilotes Ducati qui sont rapides. Quels développements recevra-t-il ? Il y a une limite à ce qu’on peut faire pour Enea, par exemple le moteur est différent donc on ne peut pas lui transférer les développements faits ici, mais on peut essayer d’autres développements, on va essayer de lui donner tout ce qu’il mérite ». Et la saison n’a pas encore commencé…