Pour ceux qui ont déjà de l’urticaire au simple rappel que Ducati alignera encore huit de ses motos sur la grille de départ en MotoGP, ce qui va suivre sera un choc anaphylactique. Car la marque de Borgo Panigale fera cette année ses grands débuts comme fournisseur unique d’une catégorie au programme des Grands Prix, en l’occurrence le MotoE. Ceci avec une V21L qui promet déjà beaucoup, faisant entrer Ducati dans l’ère de la mobilité électrique, tout en lui donnant une expérience logistique et sportive qui pourrait ouvrir des horizons plus grands…
2023 sera la première saison pour Ducati en tant que fournisseur unique d’une grille de départ en Grand Prix moto, et c’est le désormais championnat du monde MotoE qui offrira cette opportunité à la marque de Borgo Panigale. Ce sera un défi de taille pour le constructeur italien, une dimension que le patron Claudio Domenicali lui-même a reconnu lors de la présentation de la catégorie à Vallelunga.
Le PDG de l’usine de Borgo Panigale a abordé le sujet en déclarant que le moment était venu pour la marque d’étudier l’avenir de la moto : « avoir 18 pilotes aux besoins et aux styles de pilotage différents sur la piste en même temps représente une excellente opportunité pour Ducati d’étudier ce qui pourrait devenir l’usager d’une future Ducati électrique ».
Domenicali a également déclaré que ce serait un « défi » de taille pour le constructeur, et que les premières sorties en piste se sont déjà révélées très bonnes, les excellents temps au tour ayant même permis d’établir un record : « les premiers essais à Jerez se sont très bien déroulés. Malgré des conditions météorologiques défavorables, les retours sur la moto de la part des pilotes et des équipes ont été très positifs, avec le nouveau record non officiel du circuit. Ducati n’a jamais construit un si grand nombre de prototypes et cela représente également pour nous un défi au sein d’un défi ».
Plutôt que la Formule 1, le MotoGP ne devrait-il pas regarder la NASCAR pour son avenir ?
Une dernière mention qui ouvre aussi des perspectives. Car qui peut prévoir ce que sera demain en MotoGP ? Au vu du déroulé de l’intersaison et surtout de la feuille des temps du dernier test de Portimao, révélant une vraie mainmise de Ducati sur la catégorie reine des Grands Prix, la seule résistance venant d’Aprilia, on peut se demander combien de temps encore les deux marques japonaises restantes supporteront de se faire ainsi laminer. Elles ont sous-estimé leur adversaire qui a investi et bien travaillé pendant qu’elles comataient sur leurs lauriers. Le retard pris semble irrécupérable et les conseils d’administration pourraient s’en rendre compte avec la jurisprudence de l’exfiltration du compatriote Suzuki en tête.
Si le scénario du grand départ se jouait, comment le MotoGP pourrait-il s’en relever ? En s’en remettant à la marque qui va apprendre à peupler une catégorie entière cette année et qui en aurait 14, en plus de ses déjà 8, à fournir en Grand Prix. Un délire ? C’est à voir. En Moto2, des machines équipées d’un moteur Triumph font l’apologie de KTM ou de Yamaha. Et économiquement parlant, l‘exemple automobile de la NASCAR, où toutes les voitures sont quasiment identiques, avec des noms différents, montre que le modèle peut être plus que viable…