Il n’est plus une voix chez Ducati qui conteste le bien fonde des décisions d’un Gigi Dall’Igna qui, à force de persévérance, de persuasion et d’intelligence à s’entourer des bonnes personnes comme celle de s’intéresser vraiment au sens des règlements, en est arrivé à célébrer avec ses troupes ce bilan sans faute et historique de cette saison 2022. Mais avant d’en arriver là, il y en a eu des périodes de doute et de tension. Un qui est arrivé chez Ducati avant Gigi se souvient…
Et ce vétéran n’est autre que le pilote test Michele Pirro dont l’expérience sur les Desmosedici s’étend sur une décennie. L’Italien a ainsi commencé ses gammes en 2012, avec un opus qui était bien loin de celui de 2022. Mais avant que la série ne soit reprise en main par Gigi Dall’Igna, il y a eu son arrivée… « Il y a 5 ans, je détestais Gigi » avoue avec un certain amusement le champion CIV dans un entretien avec GPOne. « J’étais censé être pilote d’essai pendant un an, je voulais courir et il a dit que je le ferais quand la moto serait compétitive. Quand Stoner est arrivé en tant que pilote d’essai, je pensais que j’étais libre, mais Casey n’a pas duré longtemps dans ce rôle et cet épisode a marqué ma carrière ».
« Puis Gigi m’a dit : je peux trouver un pilote, mais pas un pilote d’essai qui fait ce que tu fais. J’ai métabolisé cette chose, même si la pensée de ce que j’aurais pu faire reste toujours. Gigi avait un objectif en tête et s’est entouré des meilleures personnes pour l’atteindre » ajoute l’Italien qui vit naturellement avec ce doute : « quand on est jeune, c’est difficile à accepter. Je ne pense pas être surpassé par beaucoup d’autres pilotes, donc je suis un peu déçu à ce sujet. J’aurai toujours des doutes sur ce qu’aurait été mon niveau si j’avais couru quelques saisons complètes en MotoGP. Cependant, maintenant je fais partie d’une équipe importante. Contribuer à faire de la Ducati, avec tous les autres gars, la moto la meilleure et la plus recherchée, est une grande satisfaction ».
Michele Pirro : « quand j’ai testé sa moto, j’ai compris pourquoi Valentino n’avait pas réussi à être compétitif avec la Ducati«
Et il y a eu pas mal de boulot abattu avant d’en arriver là. Michele Pirro, se souvient : « j’ai commencé à travailler avec Ducati dans un moment difficile ». Et il n’a pas été le seul dans ce cas… « Valentino Rossi est arrivé au pire moment… Quand j’ai testé sa moto, j’ai compris pourquoi Valentino n’avait pas réussi à être compétitif avec la Ducati : c’était une moto avec laquelle on entrait dans les virages et on ne savait pas si on en sortirait. Le pneu avant ne nous donnait aucune confiance et les pilotes normaux, au sens de ceux qui roulent avec l’avant comme Rossi ou Lorenzo, ont eu du mal, tandis que Stoner a roulé avec l’arrière car il venait d’un chemin de terre ».
« Valentino n’a pas pu faire la différence parce qu’il fallait aller au-delà de son instinct, mais quand on en a fait trop, on chute : on a donc fait un demi-pas en avant et deux en arrière. Quand un pilote manque de confiance, c’est fini, c’est dur » raconte Pirro. Mais aujourd’hui tout est différent : « l’amélioration a été un travail d’équipe. Il n’y a pas de changements majeurs, mais de petites améliorations dans tous les domaines qui devaient nous donner un avantage. Ensuite, il est clair que les sensations du pilote feront la différence ».
Pour 2023, il prédit : « il y aura une bataille, car Honda ne restera pas les bras croisés. Comme je le dis toujours, la plus grande amélioration que vous apportez est basée sur ce que font vos adversaires, nous n’empirerons pas à coup sûr. Nous aurons tous les yeux sur nous et nous avons vu que nous aimons gagner, alors il ne faut pas baisser les bras car la compétition est féroce. C’est une motivation supplémentaire, en plus Bastianini va arriver dans l’équipe d’usine ». Puis il termine avec cette phrase : « Alex Marquez est chez Ducati, on aura beaucoup de choses à se dire » …
