C’est un événement attendu chez Ducati depuis 2007 et l’heureuse période vécue avec Casey Stoner : la célébration d’un titre pilote en MotoGP. Une occasion qui devait se concrétiser cette année avec une nouvelle politique chez les pilotes et une GP19 supposée être la synthèse des qualités de la série Desmosedici, sans les inconvénients. Mais Marc Marquez à fait en sorte que le scénario de cette saison se déroule autrement, et à son avantage. Bien qu’il reste encore quatre Grands Prix, le patron de la marque, Claudio Domenicali fait le bilan. Et il renvoie pilotes et usine dos à dos…
Un partage qui se veut aussi un signal pour la paix des braves. Car entre Andrea Dovizioso et Gigi Dall’Igna, il y a comme une tension qu’il faut confiner sous peine d’une déflagration générale dont personne n’aurait à se féliciter. « Avec quatre courses à faire, il est un peu tôt pour faire le point, mais nous avons certes vu beaucoup de choses » a déclaré Claudio Domenicali, PDG de Ducati Motor Holding, à l’analyse de la saison MotoGP en 2019. « Nous sommes une société qui est en compétition. En tant que tel, notre objectif principal est de remporter le championnat du monde. Cependant, cette année, nous savons que nous ne gagnerons pas » a-t-il souligné.
L’avance de 110 points de Marc Márquez (Repsol Honda) sur Andrea Dovizioso a éteint les espoirs de Ducati. L’équipe se console en pointant en tête du classement par équipe avec 19 points d’avance sur Repsol Honda.
« Le bilan est positif » insiste Domenicali. « Regardons ce que font Honda et Márquez, et ensuite ce que font les autres. » Il rappelle les victoires de « Dovi » (Doha et Spielberg) et de « Petrux » (Mugello): « nos deux pilotes ont remporté une course MotoGP cette saison. Même Honda n’a pas deux pilotes qui ont remporté une course. Cela signifie que nous avons bien fait. Était-ce assez bon ? Non, sinon nous aurions mieux fait, également en termes d’écart dans le classement du championnat. »
Il faut donc maintenant entrer dans le vif du sujet après avoir été consensuel… « Pour que personne ne s’énerve, je divise ainsi les choses : pour moitié la moto et l’autre moitié aux pilotes. » Il explique : « nous devons trouver dans nos 50% la capacité de donner à la moto la vitesse au milieu de la courbe et une dynamique dans les changements de direction qui nous font défaut aujourd’hui. Nous perdons tellement dans ces zones de la piste que c’est intolérable. Le pilote n’a rien à voir avec cela. C’est un problème dont Borgo Panigale est responsable. »
« Les autres 50% doivent provenir des pilotes, car ils doivent rivaliser avec Marc Márquez. Parce que nous devons battre Marc. Si Marc n’existait pas, nous aurions remporté deux championnats du monde et demi. C’est un fait historique, pas une de mes hypothèses. » Domenicali conseille ainsi Dovizioso et Petrucci d’élever leur niveau de jeu… « Pour moi, Marc a un grand talent, mais ce n’est pas que du talent. C’est un pilote qui a étudié et analysé le comportement. Un pilote qui, à mon avis, a inventé une nouvelle façon de s’asseoir sur une moto : son style, comment il se soutient avec son coude et contrôle ainsi la glisse de la roue avant » déclaré le PDG de Ducati.
Domenicali poursuit : « il a certes du courage, mais avec du courage seul, on ne va pas loin, car on tombe 20 fois et on se blesse. C’est probablement aussi son entraînement physique qui lui donne cette élasticité, y compris les muscles. Il est tombé très souvent, mais il a toujours réussi à bien tomber. Ce n’est pas une coïncidence, c’est une formation, une préparation et l’étude d’un style de pilotage. »
« À mon avis, il est beaucoup plus réfléchi et méthodique qu’il n’y parait. C’est un grand talent, car sans talent, vous n’iriez pas si loin. Mais il doit y avoir une préparation derrière cela. La façon dont il pilote la moto, vous ne le faites pas par accident. C’est quelque chose où vous analysez, préparez, comprenez comment faire et vous vous y entraînez, encore et encore. »
« Il s’améliore constamment, encore un peu plus. Ce n’est pas simplement du pur talent ». L’Italien de 53 ans termine ainsi son hommage : « il y a beaucoup de talents, mais je crois fermement en la méthode d’analyse et d’étude des autres. Valentino Rossi a aussi réfléchi de cette façon. Je pense que celui qui battra Márquez sera celui qui l’étudiera le mieux. » Dovizioso sait ce qui lui reste à faire…
