Souvent, c’est lorsque l’on est au pied du mur que l’on se révèle. Cette pandémie de coronavirus qui bouleverse le monde offre l’occasion de vérifier de quel bois on est fait, quelles sont nos ressources pour s’adapter au fléau. En MotoGP, qui a vu tous ses plans mis à bas et voit son paddock en danger et on fait feu de tout bois pour entretenir la flamme. Les courses virtuelles en sont un exemple. Le directeur de Dorna TV, Manel Arroyo, nous en parle et nous dit même que ce n’est qu’un début avec d’autres contenus qui maintiendront la ligne de vie…
Qui l’aurait cru il y a seulement un mois ? Les courses virtuelles, en cas de crise majeure, sont indispensables pour maintenir en vie le monde des vrais Grands Prix, touché de plein fouet par une pandémie. Une sorte de perfusion qui permet d’écouler la vie au travers des canaux de diffusion nécessaires pour faire battre le cœur du paddock. Dont le pouls s’est affaibli, certes, mais il ne s’est jamais arrêté.
La première compétition avec des manettes tenues par de vrais pilotes confinés chez eux a eu lieu le 29 mars sur un Mugello numérisé. La seconde aura lieu ce dimanche 12 avril avec pour toile de fond le Red Bull Ring. L’équipe Repsol Honda comme le team officiel Yamaha seront au grand complet. L’espoir Fabio Quartararo remettra ça. Les ingrédients d’une bonne audience sont réunis.
Car le succès médiatique est avéré. Une satisfaction pour le directeur de Dorna TV, Manel Arroyo : « les courses eSports sont plus qu’un succès pour nous », explique-t-il sur Speedweek.com à Simon Patterson. « Nous avons réussi à faire quelque chose qui avait du sens pour nous, étant donné que nous avons de jeunes pilotes dont les hobbies sont de toute façon les jeux vidéo. Nous avons essayé de faire quelque chose comme l’ont montré de nombreux autres sports. Mais dans d’autres séries qui ont essayé quelque chose de similaire, les principaux acteurs n’étaient pas impliqués comme c’est notre cas ».
« Nous avons déjà eu un événement réussi, j’espère que les choses iront aussi bien dimanche, et d’autres suivront », promet Arroyo. « Cette fois, nous aurons avec nous les pilotes Ducati Petrucci et Pirro, nous avons Valentino, les frères Márquez… Ce sera certainement un événement très intéressant et nous espérons du monde assis devant les téléviseurs. À un moment où nous avons dû annuler nos courses, nous pouvons au moins montrer un autre type de course. »
L’organisation d’un tel événement est néanmoins moins simple qu’on pourrait le croire de prime abord : « l’organisation était plus que difficile. Nous avons dû impliquer beaucoup de gens sur le plan technique. Mais c’est quelque chose que Dorna aime faire : nous avons une équipe qui a une expertise incroyable, donc ils ont pu faire quelque chose qui fonctionnait bien. Le plus dur a été de trouver le bon moment où tous les pilotes sont disponibles », a expliqué le directeur de Dorna TV.
« Nous essayons toujours de prendre des décisions de bon sens pour notre championnat et à donner quelque chose à la communauté MotoGP. Cette saison sera la quatrième du « Championnat MotoGP eSport », mais nous avons également réussi à offrir aux fans quelque chose de différent », a ajouté Arroyo. « Nous prévoyons de faire plus de courses parce que les pilotes apprécient et en veulent plus. Les gars de Moto2, Moto3 et MotoE veulent également participer, alors voyons comment nous pouvons y arriver. Bien sûr, tout dépend du moment où nous pourrons recommencer la « bonne » saison. Mais pour l’instant nous avons beaucoup d’idées. »
« D’un point de vue technique, il n’est pas facile de rassembler tout le monde en même temps. Ce que nous allons faire, c’est commencer différentes courses à des jours différents. Nous ne pouvons pas organiser un dimanche comme nous le ferions un week-end de course normal. La technologie ne le permet tout simplement pas pour le moment. »
« Nos partenaires TV utilisent les courses eSports, et nous leur fournissons également le plus de contenu possible », a souligné Arroyo. « Nous montons le matériel vidéo brut que nous avons déjà, faisons de nouvelles interviews avec les pilotes via Skype ou d’autres outils et aidons les chaînes de télévision à les inviter à leurs émissions en direct. Nous les aidons à produire le plus de contenu possible afin que les fans restent intéressés jusqu’à ce que nous puissions revenir sur la piste de course. » Et on ne lâche rien !