Joan Mir nie qu’il y a un lien de cause à effet, mais il ne peut pas ne pas reconnaitre qu’il y a comme une étonnante concomitance des faits. De quoi s’agit-il ? Du parallèle entre le moment où Suzuki a annoncé son retrait du MotoGP à la fin de l‘année, et l’effondrement de ses résultats. Et pas qu’un peu. Si l’on compare son capital en points accumulé après douze courses en 2021 et celui de cette saison après autant de Grands Prix, on constate une vertigineuses régression de 64 points. C’est même le pire bilan d’un exercice à l’autre constaté parmi tous les pilotes en lice dans la catégorie.
Un bilan comptable qui, au passage, révèle que Fabio Quartararo a marqué 26 points de moins, qu’Aleix Espargaró en a récolté 75 de plus et Bagnaia seulement 5 de moins… Mais revenons-en au cas de Joan Mir. En 2021, après 12 épreuves dans la saison, il était à la tête de 141 unités. Il en a aujourd’hui, après la douzaine de départs consommée, seulement 77.
Mais ce n’est pas tout. Il regrette aussi cinq chutes, et c’est le pire score en la matière jamais enregistré dans sa carrière en MotoGP. Même lors de son année de rookie en 2019 il n’avait pas fait pire. Pour donner le change, Joan Mir a beau rappeler qu’il a été sacré en Moto3 en 2017, et en MotoGP trois ans plus tard, on lui retorque qu’il n’a toujours pas de podium cette année alors qu’Alex Rins, son équipier, en a deux. Le majorquin est douzième du présent championnat, à 103 longueurs du leader Fabio Quartararo. Lors des six premières courses MotoGP 2022, il avait récolté trois sixièmes places, deux quatrièmes et un abandon à Portimao. Au classement général, il occupait la sixième position avec 56 points, 33 de moins que le leader Quartararo.
Joan Mir n’a ajouté que 21 points à son capital depuis que Suzuki a annoncé ses adieux en mai
Ce n’est donc rien de dire que la facture s’est depuis aggravée… Sur les six dernières courses, il y a eu un net effondrement du double champion du monde : quatre abandons, une quatrième et une huitième place. Et on en arrive au fameux constat : Joan Mir n’a ajouté que 21 points à son capital depuis que Suzuki a annoncé ses adieux en mai. A cette période, il était convaincu de renouveler son contrat. Du jour au lendemain, il s’est retrouvé à devoir chercher une autre équipe pour 2023 et poursuivre la saison avec une équipe qui ne sera plus là l’année prochaine. Ce n’est pas une situation facile, même si c’est dans les difficultés que les champions se révèlent et ne pensent qu’à donner le meilleur d’eux-mêmes sur la moto.
Et c’est avec ces faibles statistiques, c’est dans cette période de coup de mou, de trou d’air, qu’il doit assurer la suite de sa carrière en se présentant devant le motor-home Repsol Honda. Qui ne se presse pas pour lui répondre. Les négociations avec HRC durent depuis un certain temps, mais les parties n’ont pas encore atteint le stade de la signature. Il semble y avoir une certaine divergence liée au salaire de Mir, qui espère que tout sera bientôt résolu. Il mérite d’être encore sur la grille MotoGP en 2023. Y rester en dehors en raison de différends économiques serait un véritable gâchis. Une situation qui mine visiblement le pilote aux résultats en chute libre.