Outre son intéressante explication de la difficulté physique du Grand Prix des Amériques, Johann Zarco est revenu sur nombre de sujets lors de la conférence de présentation du Grand Prix de France qui s’est tenue à Paris mardi dernier.
Entre passé, présent et futur, le champion français nous partage ses analyses…
Êtes-vous satisfait de votre début de saison
?
« Comme je viens de le dire, il y a toujours du positif. Vu le
niveau, c’est bien d’être toujours un des pionniers du championnat,
en étant dans ces 10 premiers, et en ayant déjà fait un podium, en
étant parmi ces 10 pilotes qui ont déjà fait un podium en début
d’année. Ce sont des choses positives. Quand on espère jouer le
titre, on peut avoir une image décevante de ce début de saison,
mais c’est là où il ne faut pas partir dans cette spirale négative
car ce serait trop dommage : vu les possibilités de la moto, et
même les pilotes que je peux encore avoir puisque les sensations ne
sont pas encore toutes bonnes et mises ensemble, et bien ça laisse
à penser que ça peut performer mieux que ce que j’ai pu performer.
Donc si je devais donner une note, je dirais 6/10 pour les quatre
premières courses, parce que plus de la moyenne justement pour tout
ce côté positif d’être un des pionniers du championnat, mais pas
vraiment plus que 6/10 parce que je n’ai pas été prétendant au
podium à chaque fois. »
La GP 21 a déjà marqué deux victoires cette saison, la
GP 22 seulement des podiums. N’est-ce pas un peu frustrant
?
« Il ne faut pas penser comme ça sinon on va sur une pensée
négative qui vous frustre. On essaie d’oublier le passé et de
rester concentré sur le présent, car ça permet d’avancer.
L’analyse, elle est comme ça, et sans doute que la moto 2021 semble
un peu plus aboutie et moins capricieuse que la 2022, mais parfois
le fait de rester seulement sur des choses qui fonctionnent ne
permet pas d’évoluer. Il y a toujours un risque, en voulant faire
un pas en avant, de faire quelques pas en arrière, et c’est là
toute la beauté du championnat et du développement de haut niveau :
il y a des prises de décision et des risques à prendre ! Pour
l’instant, on les vit de cette manière et personnellement je ne
pense clairement pas à cette moto 2021 qui gagne aux mains de
Bastianini, parce que ça sous-estime le niveau de Bastianini : ce
n’est pas la moto qui a tout fait, c’est également lui qui a su
aller chercher ces victoires, donc respect à lui ! De plus, ça ne
me permettrait pas de rester concentré sur ce que je dois faire
maintenant. »
Vous n’avez peut-être pas trouvé l’alchimie avec la
Ducati GP 22 ?
« Oui, ça c’est fort possible. Après, les solutions je ne les
ai pas, sinon on n’aurait pas eu les difficultés. En fait, le
niveau est tellement relevé que ça rend les motos encore plus
difficiles à mettre au point. La capacité d’aller vite, elle est
toujours là, mais tant qu’on n’a pas l’aisance, c’est ça qui bloque
pour réaliser de grandes courses, parce que pour gagner des
courses, ça nécessite une gestion, et lorsqu’on n’a pas l’aisance
sur la moto la gestion n’est pas encore là. »
Au dernier Grand Prix, vous avait fait un meilleur
départ que d’habitude. Vous continuez à travailler ce domaine
?
« Pareil, travail sans arrêt ! Trouver aussi des sensations
pour répéter ça le plus souvent possible. Après, il y avait une
belle umbrella girl à côté de moi qui m’a beaucoup motivé : ça
faisait longtemps qu’on n’avait pas eu d’umbrella girls à côté de
nous. Donc si je dois trouver un élément qui a changé sur les
quatre premières courses, c’était ça (rires)… »
Attendez-vous des changements dans la hiérarchie avec
l’arrivée sur les circuits européens ?
« Non,
je n’attends pas de changement. C’est toujours le même effort, et
l’effort c’est faire plus que ce qu’on pense être capable de faire.
C’est pour ça qu’on ne peut se baser sur rien, en tout cas pour ma
part, parce que l’intensité de chaque séance est parfois au-delà de
ce que supporte le mental ou le corps, comme si on donnait tout à
chaque fois. Ça, c’est assez éprouvant et ça m’empêche de pouvoir
vraiment dire si oui ou non il y aura une hiérarchie. Si je le vis
comme ça, je pense que les autres ne le décrivent pas de cette
manière mais, à mon avis, ils le vivent aussi comme ça, sinon
quelqu’un se serait déjà démarqué. »
Comment allez-vous aborder le Grand Prix de France,
après votre podium de l’année dernière ?
« Sans penser particulièrement à la victoire, parce que
l’expérience fait que si on pense seulement à » j’ai
fait ça l’an dernier, du coup je suis obligé de faire mieux »
il y a une pression qui n’est pas bonne du tout et qui ne fait pas
accepter le résultat du moment. Et si je suis hors du podium ou que
je suis simplement dans le top 10, ça sera un désastre, alors que
non : vu le niveau de chaque année, et ça se répète encore cette
année, un top 10, c’est parfois très bien. Il faut savoir prendre
le positif du moment et, du coup, oublier le passé pour ne pas se
mettre une pression qui ne sert pas. »
Une place éventuellement disponible dans l’équipe
d’usine est-elle une motivation pour vous ?
« Pas plus que ça ! Je suis bien chez Pramac et si je
renouvelle avec eux je serais vraiment très content. Si je dois
aller dans l’équipe officielle, je pense que ce serait parce que
j’aurais obtenu le titre mondial cette année, et du coup, par le
statut que j’aurais pris pendant l’année 2022, et ce serait alors
la voie et la place obligatoire de pilote officiel qui est hyper
prestigieuse, mais sur le moment de carrière et l’avenir des autres
pilotes je pense que la deuxième place sera plus pour un pilote
plus jeune qui a même déjà gagné des courses. Et moi, du coup, en
tant que pionnier chez Pramac ce serait déjà très bien. »