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Ce jeudi 27 janvier 2022 a eu lieu la présentation officielle des équipes MotoGP Red Bull KTM Factory Racing et Tech3 KTM Factory Racing qui alignent respectivement Brad Binder, Miguel Oliveira, Raúl Fernández et Remy Gardner sur des KTM RC16.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos de Francesco Guidotti, qui a rallié durant l’intersaison la marque autrichienne, en devenant le team manager de l’équipe d’usine. Une nouvelle aventure exaltante qui s’annonce pour l’Italien, après une dizaine d’années de bons et loyaux services auprès de Ducati, et plus exactement de Pramac ces dernières saisons.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Francesco Guidotti sans la moindre mise en forme, même si cela est traduit de l’anglais.


 

Francesco, vous avez connu beaucoup de succès avec l’équipe Pramac ces dernières saisons. Quelles sont vos motivations dans le fait d’avoir rejoint KTM ?

« C’est quelque chose qui est difficile à expliquer, car comme vous l’avez souligné j’ai apporté une grande contribution au sein de ma précédente équipe pour la faire aller de l’avant et la développer. Ce fut donc une décision assez difficile à prendre, mais le fait de revenir travailler au sein d’une équipe d’usine est quelque chose de spécial. Le fait de travailler dans une équipe d’usine pour quelqu’un d’aussi passionné par les motos que moi, c’est une atmosphère radicalement différente. »

« Je vais pouvoir être davantage impliqué dans le développement technique ainsi que dans tous les domaines qui touchent concrètement à la piste. Je n’ai pas quitté Pramac parce que quelque chose n’allait pas avec cette équipe, mais là je me lance un tout nouveau défi professionnel. Je garde bien sûr des liens humains avec les gens de chez Pramac, même si mon avenir professionnel est désormais ailleurs. Avant Pramac j’ai évolué pour l’essentiel au sein d’équipes d’usine, et le fait d’y retourner était quelque chose qui me manquait, et c’est la meilleure opportunité qui pouvait se présenter à moi. »

« Travailler dans une équipe d’usine est quelque chose qui me manquait »

Qu’allez-vous pouvoir apporter à KTM que vous ayez appris durant votre expérience chez Ducati ? S’agit-il uniquement d’éléments techniques ?

« Je ne peux pas dire que je sois un technicien, quand bien même j’ai travaillé par le passé en tant que mécanicien. Non, je suis plus là pour œuvrer sur le plan sportif. Je ne pense pas être d’une grande utilité sur le plan technique au regard de ce que j’ai pu faire ces dix dernières années. Je ne peux qu’apporter mon expérience personnelle pour essayer de faire en sorte que KTM franchisse cette étape qui lui manque. Je dis « qui lui manque », mais ce n’est même pas vrai car dans les faits en cinq années de présence en MotoGP la marque a fait un énorme pas en avant. Je dois donc simplement faire mon boulot et fournir tout mon soutien à ce projet, et nous verrons bien ce que ça donne. »

« Je suis là pour œuvrer sur le plan sportif plus que technique »

Dans quelle mesure Ducati et KTM diffèrent-ils dans leurs façons de travailler ?

« Du peu que je peux dire jusqu’ici, car je n’ai passé que peu de temps au sein de l’usine KTM, la façon de procéder est complètement différente. Cela fait une vingtaine d’années que Ducati est impliqué dans la discipline, et seulement cinq dans le cas de KTM, cela permet de prendre déjà une première mesure des différences qu’il peut y avoir entre les deux entités. KTM s’est montré jusqu’ici très agressif au niveau de son projet, et cela leur a apporté des résultats formidables. Je pense que le fait que Fabiano Sterlacchini rejoigne le projet [un ingénieur qui provient lui aussi de Ducati, ndlr] est également quelque chose de très important pour avoir une bonne coordination entre tous les départements. Je pense que KTM a fait du bon travail jusqu’ici, mais qu’il est temps de franchir un nouveau cap. »

Avez-vous déjà une idée des points sur lesquels vous allez travailler en priorité ?

« Pas encore. Dans un premier temps j’ai déjà pu découvrir le groupe et passé du temps avec lui à Mattighofen. C’est une très belle équipe, et j’y ai trouvé beaucoup de techniciens très motivés, et je pense qu’il n’y a pas grand-chose à changer de ce point de vue : il faut juste que le tout soit mieux coordonné, ce qui va nécessiter un peu plus d’organisation. Mais dans l’absolu il y a des personnes talentueuses et qui se trouvent déjà à la bonne place. Il faut simplement faire en sorte que tout le monde aille dans la même direction, et de cette manière je suis sûr que nous obtiendrons de très bons résultats. »

« Il faut faire en sorte que tout le monde aille dans la même direction »

KTM vous a-t-il donné l’assurance que vous pourrez faire tout ce dont vous avez l’intention pour améliorer l’équipe ?

« Oui bien sûr. C’est vrai que je ne suis pas « le boss » et que je ne peux pas faire tout ce que je veux. Dans un premier temps il faut déjà que je détermine s’il y a effectivement quelque chose à changer, et si c’est le cas je dois d’abord en rendre compte à Pit Beirer [le directeur de KTM Motorsport, ndlr], et ensuite seulement nous prendrons une décision sur ce que nous faisons et quand. »

Mais comme je l’ai dit, je suis sûr à 100% que les bonnes personnes sont déjà à la bonne place. Il faut simplement un peu plus de coordination ainsi que de soutien technique de la part de l’usine. Cela reste très difficile de répondre à ce genre de question car je n’ai passé pour le moment que très peu de temps en piste. Peut-être que je vais devoir également adapter un peu plus ma façon de travailler à ce groupe, et non l’inverse. Je travaille pour KTM, je ne travaille pas pour moi. Je dois apporter tout mon soutien et toute mon expérience pour répondre aux objectifs de KTM, dans le respect de sa philosophie de course. »

« Je vais apporter tout mon soutien et toute mon expérience pour répondre aux objectifs de KTM, dans le respect de sa philosophie de course »

Le lineup de l’équipe d’usine KTM est très solide, mais beaucoup d’autres pilotes sont déjà dans le giron du constructeur autrichien et finiront tôt ou tard par rejoindre l’équipe officielle ou l’équipe satellite. On imagine cette perspective très excitante…

« Je pense que pour le moment nous disposons de l’un des meilleurs duos de pilotes possible, car ils sont tous les deux très expérimentés [Miguel Oliveira et Brad Binder ont tous les deux débuté en MotoGP en 2019, ndlr], et nous avons deux rookies dans l’équipe satellite qui ont dominé leur catégorie l’an dernier [le duo de chez Tech3 est en effet composé pour 2022 de Remy Gardner, Champion du monde Moto2 2021, et de son dauphin d’alors dans la catégorie intermédiaire, Raúl Fernández, ndlr]. Ce sont des personnalités et des caractères différents, mais cela va être sympa de les avoir avec nous et de tenter de bien les faire travailler ensemble. »

Qu’attend de vous précisément KTM ?

« Ils veulent clairement que je fasse en sorte que tout le monde travaille ensemble et ne s’éparpille pas. Il faut garder en tête qu’il s’agit là d’un grand groupe, plus de quarante personnes, et nous allons devoir d’un côté apporter le maximum de soutien à nos pilotes dans l’équipe d’usine mais aussi aider nos deux rookies chez Tech3 à bien se développer dans la discipline. C’est donc un projet important, et ils ont besoin de quelqu’un qui soude tout cela, et le fait est que sous la pression de la compétition les choses peuvent devenir rapidement très compliquées, donc ils étaient clairement à la recherche de quelqu’un de calme, qui puisse assurer une bonne atmosphère au sein de l’équipe, pour permettre aux pilotes de rester concentrés sur leurs objectifs, car c’est important. »

Votre cahier des charges a l’air particulièrement fourni…

« Ma priorité va être de tirer le meilleur de nos deux pilotes d’usine, mais cela ne veut pas dire pour autant que je vais traiter tout le reste par-dessus la jambe. Comme en toute chose, il faut donner des priorités, et la priorité actuelle de KTM est d’extraire le maximum de performance de l’équipe d’usine. Mais pour parvenir à un tel résultat, il vous faut prêter de l’attention à beaucoup de paramètres. Je ne suis pas Superman, et je n’ai jamais prétendu l’être, mais je suis très enthousiaste à l’idée d’endosser ce nouveau rôle. »

« Ma priorité va être de tirer le meilleur de nos deux pilotes d’usine »

L’une des principales difficultés à laquelle vous allez être confronté est le fait de participer à la saison la plus longue de l’Histoire du MotoGP, le tout dans un contexte de Covid qui perdure. Cela promet d’être une tâche ardue…

« C’est exact, et d’ailleurs nous sommes déjà confrontés à des problèmes liés au Covid dans le cadre des premiers essais officiels de Sepang. On a eu beaucoup d’administratif à faire pour pouvoir nous rendre en Malaisie, mais je dois dire que nous sommes très bien soutenus par la Dorna sur ce sujet. L’an dernier nous avions déjà expérimenté la bulle sanitaire dans le paddock. Mais c’est vrai qu’on doit faire avec des problèmes qui ne nous seraient jamais venus à l’esprit il y a encore deux ou trois ans. »

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