Ce vendredi 4 février 2022, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Sepang en Malaisie, en prélude aux deux jours de test IRTA marquant le véritable début de la saison 2022.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français champion du monde visiblement en pleine forme.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
On a appris que Sumi San (l’ancien MotoGP
Project leader) était parti au Japon pour y travailler à un poste
plus élevé. Vous avez mis beaucoup de pression sur Yamaha l’année
dernière pour avoir plus de puissance. Cela peut-il favoriser votre
demande ?
Fabio Quartararo : « Même si vous ne me connaissez
pas, la demande que j’ai faite était simple : j’ai besoin de plus
de vitesse de pointe ! Il ne s’agit pas de connaître quelqu’un, et
il n’y avait aucun problème dans le box : tout le monde agissait
comme dans une famille et tout le monde participait à la très bonne
atmosphère du box. Mais même s’il me connaît très bien, je pense
que cela changera rien. Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui me
connaisse très bien mais quelqu’un qui trouve de la puissance. Donc
pour lui, bien sûr, je pense que cela sera un changement très
important et vraiment positif, mais je que ce fait changera pas
véritablement (les choses) pour nous. »
Lin Jarvis a dit lors de la présentation que l’on avait vu le meilleur de Fabio. Avez-vous la pression du titre mondial sur vos épaules et comment devez-vous vous améliorer ?
« Avant tout, je ne pense pas qu’il y a une pression supplémentaire ou un poids supplémentaire, car j’ai réalisé le rêve que j’avais depuis que j’étais enfant. Je l’ai fait ! La plupart des pilotes ne peuvent pas atteindre cet objectif donc je ne ressens pas de poids supplémentaire, et c’est davantage comme une motivation supplémentaire car je connais déjà la sensation de remporter un championnat du monde et je veux la connaître à nouveau. Bien sûr, tout le monde de la pression mais il n’y a pas de pression supplémentaire. Pour moi, c’est une année complètement nouvelle et je débute l’année sans titre : pour moi, je ne dois pas défendre mon titre, je dois simplement gagner ! Et c’est tout ! L’année dernière est l’année dernière, et c’est une année complètement nouvelle pour tout le monde. Il n’y a pas de défense du titre. »
À quel point cette mentalité sur la pression vous a été apportée par un psychologue et par l’expérience, alors que vous avez souffert de la pression par le passé ?
« Je n’ai jamais eu de problème avec la pression ! La dernière fois que j’ai vu un psychologue était en 2020, donc cela fait longtemps que je n’ai pas vu quelqu’un. Je pense qu’il est très important pour moi (le fait) que j’ai la motivation, et je ne pense pas qu’il y a une pression supplémentaire, comme je l’ai dit avant. Là où j’ai eu des problèmes dans le passé, c’est quand je me mettais en colère très vite, et c’est pourquoi j’ai vu un psychologue. Mais maintenant je ne me mets jamais vraiment en colère pour des petites choses, contrairement au passé, et en ce qui concerne la pression j’ai toujours été plutôt bien, sauf quand j’avais 15 ou 16 ans. Mais maintenant, je ne ressens pas de pression particulière. »
Vous avez demandé plus de puissance à Yamaha. Ont-ils répondu favorablement ou êtes-vous toujours dans le doute ?
« Concernant la puissance, nous verrons demain. Ils ne veulent pas trop donner de détails donc nous verrons demain. »
Qu’en est-il de votre futur après cette année 2022 ?
« Je suis vraiment concentré sur la saison 2022 et sur le test. J’ai quelqu’un qui s’occupe déjà de mon futur, en qui j’ai confiance, mais actuellement ce n’est pas pour moi le moment de parler de mon futur, mais seulement du présent et du test. Donc nous verrons bien ce qui se passera dans mon futur, mais pour le moment je suis concentré sur le présent et sur me battre pour faire les meilleurs résultats en 2022. »
Demain, quand vous serez sur la moto, allez-vous porter une attention particulière aux chronos de Marc Márquez ?
« Que ce soit Marc, Bagnaia ou n’importe qui d’autre, je ne regarderai personne ! Cela fait trois mois que je ne suis pas monté sur une MotoGP, donc avant tout je dois me concentrer sur moi-même, voir à quel point je serai rapide, et ne pas me concentrer sur qui que ce soit demain. Bien sûr, on regarde toujours le meilleur chrono mais je ne regarderai pas particulièrement Marc, Pecco ou un autre. Je regarderai simplement le meilleur chrono et où nous perdons. Je ne regarderai pas vraiment Marc même si je sais qu’il est fort et qu’il est toujours un adversaire pour le titre. Je me regarderai d’abord moi-même, puis nous verrons en Indonésie. »
Mario Meregalli a dit que vous aviez beaucoup progressé mentalement l’année dernière dans l’approche des weekends de course. Cette année, où se situe votre confiance, après le titre passé ?
« Pour être honnête, il ne s’est rien passé d’étrange l’année dernière : c’était seulement ma troisième année en MotoGP, et vous apprenez à chaque fois que vous montez sur la moto. Vous n’apprenez pas seulement à être plus rapide, mais aussi à être plus régulier, à avoir un meilleur mental, à davantage croire en vous-même, et c’est tout. C’est un processus normal car j’apprends quelque chose chaque fois que je monte sur la moto, et j’ai besoin de commettre des erreurs pour apprendre. L’année dernière, j’ai commis beaucoup d’erreurs mais j’ai aussi appris de ces erreurs, et c’est pourquoi on franchit un cap à chaque fois, et c’est très important. »
Un titre mondial cette année serait-il encore plus important, de par la présence continue de Marc Márquez ?
« C’est la même sensation, avec Marc ou pas. L’année dernière s’est terminée avec le titre mondial et c’est pareil. Je pourrais dire de même que cette année il n’y a plus Valentino Rossi sur la grille, donc pour moi gagner en 2021 et en 2022 est la même chose : il n’est pas plus difficile de gagner en 2022, avec ou sans Marc, et il n’y a rien de particulier. Bien sûr, Marc est pour moi un pilote qui est le plus rapide et la référence depuis 10 ans, plus rapide que n’importe quel pilote, mais pour moi avec ou sans Marc le titre à la même saveur. Bien sûr, maintenant qu’il est rétabli son objectif sera de remporter le championnat, et il est là pour ça, donc nous verrons bien. »
Vous évoquez Valentino Rossi, et il aurait vraiment été très triste de perdre en même temps Valentino Rossi et Marc Márquez, puisque ce dernier ne savait pas s’il allait pouvoir revenir il y a encore quelques semaines…
« Pour être honnête, je suis très heureux pour Marc car
j’ai une très bonne relation avec lui. Les deux dernières années
ont été très difficiles pour lui, et dès qu’il est revenu à son
meilleur niveau, il s’est blessé à nouveau. Cela a donc été deux
années difficiles pour lui et je suis très heureux qu’il soit de
retour, car comme je l’ai toujours dit, j’ai beaucoup appris de lui
en 2019 et je pense que j’ai encore beaucoup à apprendre. Donc je
suis heureux qu’il soit de retour.
Pour Vale, c’est une retraite normale puisqu’il a eu la plus
longue carrière en MotoGP. Pour Marc, il s’agissait plus de
blessures et de malchance, mais il est de retour et je suis très
heureux, et j’ai hâte de me battre avec lui. »
Y a-t-il une erreur que tu as commise l’année dernière que tu ne veux absolument plus refaire ?
« Sincèrement, l’année dernière, non. L’histoire est difficile à refaire, mais je n’ai aucun regret de l’année dernière. Si je n’avais pas joué le championnat, je pense qu’en Autriche j’aurais peut-être dû essayer de continuer sur les slicks, mais je ne pouvais pas prendre ce risque là. Sincèrement, on peut toujours améliorer mais je n’ai pas un regret spécial d’une course de l’année dernière, où je me dis que j’aurais pu faire mieux ou prendre une meilleure décision. Pour l’instant, rien de spécial. »