Suzuki a donc choisi l’organisation façon auberge de jeunesse pour ses deux prochaines années. Un pari à haut risque et une stratégie tournée vers l’investissement plutôt qu’une politique d’achat sur le marché. Une démarche déjà connue avec Maverick Viñales et on a vu le résultat : le champion formé est parti chez la concurrence. Mais il en faut plus pour décourager le patron sur le terrain Davide Brivio qui, pour 2019 et 2020, double la mise ! Rins 22 ans et Mir 20 ans seront ses fers de lance. Mais l’âge ne fait pas tout. Il faut aussi un profil particulier. Et, sur ce point, Andrea Iannone n’avait aucune chance…
Chez Suzuki, on défend ses choix sur les pilotes en arguant du fait que l’on veut gagner avec ses propres hommes, qui font autant partie du projet que la machine. Davide Brivio explique ainsi avec conviction : « notre message est que Suzuki veut gagner avec ses pilotes. Bien sûr que c’est un grand défi, mais nous voulons gagner des courses, remporter un jour le championnat avec un pilote Suzuki. Ceci plutôt qu’avec un pilote que l’on aurait acheté sur le marché. Nous ne voulons pas acquérir un pilote qui serait supposé nous faire gagner ».
Il insiste : « on a le courage de faire ça. Je pense que si nous pouvons garder longtemps Alex Rins et Joan Mir, nous aurons un très bon team qui apportera à nos deux pilotes de quoi se battre régulièrement dans le top 5 du championnat. C’est notre objectif. Nous voulons gagner bien sûr, mais nous réalisons que gagner est le résultat d’un long processus pour une jeune équipe comme la nôtre. Et on veut réussir selon notre méthode, en respectant nos valeurs ».
Sur ce sujet, Davide Brivio décrit un Joan Mir de telle façon que l’on comprend vite qu’Andrea Iannone n’était pas dans le moule : « « Joan Mir n’a que 20 ans et, pourtant, il a déjà été sacré Champion du Monde en inscrivant pas moins de 10 victoires la saison dernière. Il a déjà démontré un certain potentiel : il peut être très rapide, redoutable, tout en étant plein d’esprit et gentil… bref tout ce que nous recherchons chez un pilote. En discutant avec lui, j’ai pu voir que ses idées étaient assez claires, que notre projet l’avait séduit et qu’il voulait nous rejoindre ».