Le cas de Franco Morbidelli en MotoGP a ceci de particulier que plus on en parle avec des propos rassurants chez Yamaha et dans le paddock, plus il y a de quoi s’inquiéter. Et pour cause : l’italo-brésilien ne devrait même pas être un sujet, puisqu’il a un contrat qui lui garantit une M1 au sein de l’équipe usine de la marque d’Iwata jusqu’en 2023. Mais ses résultats sont à ce point déprimants et les solutions, pour remonter la pente, si introuvables que personne ne voit cette crise se prolonger encore une saison de plus. L’intéressé lui-même ne nie pas ses difficultés et sait qu’il lui faut en passer par une totale remise en question de son approche et de son style de pilotage pour y remédier. Une œuvre colossale qui n’a même pas débuté… Heureusement, le vice-champion du monde peut compter sur le soutien moral de ses collègues de la VR46 pour souffler un peu…
Franco Morbidelli sait qu’il sera l’objet de toutes les attentions dans la dernière partie de cette saison qui commencera à Silverstone, dès les premiers essais libres du Grand Prix de Grande Bretagne le 5 août. Pendant que son équipier Fabio Quartararo se bat pour un second titre de Champion du Monde sur le devant de la scène, il n’arrive pas à se désengluer du fond de la grille de départ, avec la même moto. Il sait ce qu’il ne va pas, et d’autant plus qu’il s’agit de lui. Il a déjà analysé sa situation et a livré cette expertise : « j’ai compris une chose importante : pour être rapide sur cette moto, je dois changer. Même si je sais que mon style de pilotage est payant dans certaines conditions et avec un certain châssis. Mais je dois changer. Je roule sur ce châssis, cette moto, dans cette équipe, je vais changer ».
Oui mais quand et comment ? Et qu’entend-il par cette allusion voulant que son style de pilotage soit payant dans « certaines conditions et avec un certain châssis » ? Voudrait-il sensibiliser d’autres écuries sur son cas ? Une rumeur commence ainsi à courir sur des contacts le team RNF qui passera chez Aprilia en 2023, et qu’il a connu sous la bannière Petronas avec des Yamaha sous la direction d’un Ramon Forcada avec qui il a connu le succès et la belle consolation d’un statut de vice-champion du monde. Au vu de sa situation actuelle, on imagine que « Francky » aimerait retrouver son chef mécanicien des bons moments.
Mais on n’en est pas encore là. Pour le moment, il faut tenir sa position, car une fin de bail prématurée avec Yamaha ne pourra venir que d’une rupture conventionnelle demandée par le pilote. Tiendra-t-il moralement encore longtemps face à un équipier dont les performances le décrédibilisent à chaque impression d’une feuille des temps ? Pour l’aider dans cette épreuve, il peut au moins compter sur la chère académie VR46 de Tavullia.
« Vous ne pouvez pas devenir comme un autre pilote et je pense que c’est la clé pour Franco Morbidelli«
Luca Marini a ainsi cette pensée pour lui, formulée sur GPOne depuis la WDW de Misano : « je ne lui ai pas beaucoup parlé car ce sont des discours difficiles à faire. Quand on ne se sent pas bien, on traverse une période difficile, on n’a pas envie d’être là pour l’embêter. On préfère toujours parler d’autre chose et on pense ensuite à l’entraînement et à la compétition, sans se focaliser sur les aspects négatifs » commence le demi-frère de Valentino Rossi.
Puis il poursuit : « je ne sais pas, Franco a aussi eu une blessure assez importante, il a perdu beaucoup de temps et beaucoup de courses. La rééducation n’a pas été facile et puis la moto a changé par rapport à celle qu’il avait en 2020. Yamaha a suivi Fabio tout au long du développement car il l’avait comme pilote et il a gagné les courses, donc c’était bien. Peut-être qu’ils n’ont pas le même style de pilotage et donc il a du mal à s’adapter. Vous pouvez essayer de vous adapter, de vous améliorer, mais vous ne pouvez pas devenir comme un autre pilote et je pense que c’est la clé. À mon avis, Franco a été lourdement pénalisé par la blessure, mais je suis sûr qu’il reviendra au sommet. Quelqu’un qui gagne des courses MotoGP et qui est deuxième du championnat du monde a déjà tout montré à mon avis ». Mais en MotoGP, on ne vit jamais très longtemps sur ses acquis.