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MotoGP

On ne sait s’il y a un lien de cause à effet avec la crise sanitaire, mais la conjoncture identifiée par les résultats et les chiffres adoube le fait que l’Europe a retrouvé sa suprématie en Grand Prix moto depuis lors. Le vieux Continent n’avait jamais autant mérité son nom lorsque l’offensive japonaise s’était abattue vers le milieu des années 70 dans le paddock, révélant une culture et une inventivité dont on s’était convaincu de son éternité. Mais nous voilà dans un monde d’après, dont les bases ont été posées par une pandémie qui a rappelé l’éloignement des Nations en ralentissant les flux. Cependant, la corrosion avait déjà cours et tout porte à croire que le balancier de l’histoire revenait déjà vers les vaincus du siècle dernier, qui ont à présent leur revanche. La preuve.

Pour se faire une idée de l’événement historique qui se déroule sous nos yeux, il n’y a qu’à se référer au dernier Grand Prix des Pays-Bas. En effet, après la chute de Fabio Quartararo, aucune moto japonaise n’a terminé dans le top 7 à Assen. Cela ne s’était pas produit au Dutch TT depuis 1969… Par ailleurs, à bien regarder la façon dont prend forme la grille de départ 2023, on constate qu’il n’y aura que six pilotes au guidon d’une machine japonaise, contre 16 équipés en marque européenne. C’est la conséquence directe du retrait de Suzuki et du transfert de l’équipe WithU de Yamaha à Aprilia. Il ne restera que quatre Honda et deux Yamaha pour défendre l’honneur de l’empire du soleil levant.

Mais il n’y a pas que ça et, pour le Japon, c’est comme une humiliation ultime : le savoir-faire nippon n’est plus qu’à citer pour mémoire et au vu du marasme qui sévit chez le premier constructeur mondial Honda, c’est une méthode de travail et une compétence, autrefois valeurs ajoutées du Japon, qui sont laminées par les Européens. Les pilotes du blason ailé ne sont ainsi pas les derniers à exiger que les ingénieurs HRC s’en remettent aux compétences des mêmes Européens.

GoodWood Festival of Speed, Wayne Rainey, Mick Doohan, Kevin Schwantz, Kenny Roberts

Ce qui est constaté en MotoGP a déjà été digéré en Formule 1

Une évolution qui peut surprendre, mais qui a déjà eu lieu en Formule 1. Les moteurs Honda de cette catégorie ont été développés, construits et entretenus pendant des années à Milton Keynes en Angleterre à côté du siège social de Red Bull Racing. Après le retrait de Honda, Red Bull Technology a pris le relais et a fondé sa propre « Powertrain Division ». Avec un emplacement au Japon, l’écart avec Mercedes et Ferrari en Formule 1 n’aurait certainement pas pu être comblé aussi rapidement, délibérément et définitivement. Honda a un « taux de réponse de mise à jour technologique » remarquable en Formule 1, c’est-à-dire une vitesse de développement exemplaire. Et c’est tout le contraire en MotoGP

Il semble que les Japonais, si fiers et si pudiques, commencent à prendre conscience qu’ils ne sont plus les références. On rappellera ainsi que Yamaha a enrôlé l’ingénieur Luca Marmorini, un ancien de la Formule 1 qui a déjà travaillé pour Toyota et Ferrari et qui devrait apporter de nouvelles idées pour augmenter les performances du quatre cylindres en ligne M1 de 1 000 cm3. Des intentions qui devront se traduire par des faits dans les process. En attendant, l’Europe est bel et bien l’actuelle puissance dominante en MotoGP.

TC_Maverick Viñales_Aprilia Racing

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