S’il est un pilote qui peut aider Toprak Razgatlioglu dans un choix entre le WSBK et le MotoGP, c’est bien Danilo Petrucci. D’abord l’Italien s’est révélé sur des motos de série qu’il retrouve aujourd’hui en MotoAmerica. Ensuite, bien que plus lourd, il est de la même à peu près de la même taille que le Turc et, surtout, son arme fatale dans son arsenal pilotage est le freinage. Une qualité qui a été mise sous l’éteignoir depuis que Michelin a revu la carcasse de ses pneus…
Danilo Petrucci est un authentique passionné de la moto dont il profite jusque sur les bosses d’un terrain de motocross, les sentiers d’un enduro où les dunes d’un Dakar. Le hors-piste, ça le connait et cet éclectisme a façonné un style de pilotage qu’il a aussi mis au diapason de ses mensurations. L’Italien est grand et lourd, soit ce qui est déconseillé dans la compétition vitesse moto d’aujourd’hui. Mais quand il pleut, ça peut être un avantage tandis que dans les phases de freinage, c’est aussi un plus.
Un plus mais à condition que l’on ait les munitions pour utiliser cette arme. Et c’est sur ce point que Petrux alerte un Toprak qu’il apprécie par ailleurs… Sur Corsedimoto, on peut lire ainsi du pilote Ducati en MotoAmerica : « c’est absolument une bête au freinage ! Je ne sais pas s’il sera capable de freiner aussi fort en MotoGP qu’il le fait actuellement en World Superbike, mais c’est vraiment un plaisir de le voir courir et je pense qu’il peut bien faire en MotoGP ».
Danilo Petrucci ajoute : « ça dépendra de la moto qu’il pilotera, mais c’est un talent incroyable ». Le fait est qu’en Top Class, il faut composer avec des pneus Michelin bien différents des Pirelli. « On ne peut plus freiner aussi fort qu’avant, car les pneus sont très sensibles ». Avec l’introduction du nouveau pneu arrière Michelin en 2020, les problèmes ont commencé pour Danilo Petrucci. « Depuis, j’ai empiré au freinage, et c’était mon point fort ».
Danilo Petrucci : « si vous regardez la grille MotoGP maintenant, elle devient vraiment petite »
Le vrai secret du MotoGP d’aujourd’hui est la vitesse dans les virages. Afin de concentrer le travail des pneumatiques dans cette phase, la puissance de freinage des pneumatiques a été réduite. « En 2017-2018-2019, j’étais très rapide avec la construction la plus dure, mais Pedrosa était en difficulté, car son poids léger ne l’aidait pas », se souvient l’Italien.
Un autre élément qui unit Petrucci et Razgatlioglu est la taille. Danilo mesure 181 cm et pèse 80 kilos. Toprak mesure 182 cm mais ne pèse que 68 kg, des valeurs proches de celles d’Aleix Espargarò (180 cm X 69 kg). « Mon problème l’an dernier était les lignes droites et ce handicap de 0,2-0,3 est quelque chose que vous ne pouvez plus donner en MotoGP », a déclaré Petrucci. « Si vous pesez 10 kg de moins, vous pouvez avoir 0,2 seconde d’avance dans la ligne droite, ce qui dans une course de 20 tours équivaut à quatre secondes à l’arrivée. Je pense que la bonne chose serait de mettre un poids minimum du pilote plus les motos, comme en Moto2 et Moto3 », une idée plusieurs fois avancée également par Luca Marini (184 x 70).
Danilo Petrucci termine : « la taille a toujours été mon problème en MotoGP… Si vous regardez la grille MotoGP maintenant, elle devient vraiment petite… Luca Marini s’est plaint du même problème que moi ». Certes mais le second du championnat est un Aleix Espargaró qui ne fait qu’un cm de moins que Petrux, mais surtout 11 kilos de moins… Danilo Petrucci avait fait un régime strict à l’époque du MotoGP, réussissant à perdre 5 kg, mais l’écart avec le pilote le plus léger était toujours de 15 kg et le régime l’avait affaibli. Avec ses 68 kilos, Toprak reste dans la norme de l’officiel Aprilia. Reste donc cette question du freinage…