Dani Pedrosa est à présent un pilote test KTM qui a montré lors du dernier Grand Prix d’Espagne qu’à même 37 ans il aurait tout à fait sa place sur une grille du MotoGP. Mais son histoire, sa carrière, s’est faite avec Honda, un constructeur qui était dans une bien meilleure forme lorsqu’il l’a quitté. On se souviendra que la marque ne lui a jamais proposé le rôle que lui a donné KTM au moment de faire valoir ses droits à pension. Alberto Puig, notamment, n’a jamais pensé qu’il pourrait être utile, et à l’époque, la dépendance au seul Marc Marquez au sommet de sa forme enivrait et faisait planer tout en obérant tout discernement. Le sevrage d’aujourd’hui n’en est que plus douloureux et depuis le Mugello, on s’étripe à présent sur la place publique. Une déchéance qui ne laisse pas insensible le « Titanium ».
Dani Pedrosa a déjà pratiquement tout dit de la crise que vit actuellement Honda avec cette analyse : « je comprends qu’ils sont dans une situation étrange pour ce qu’ils sont. C’est peut-être un peu la moisson de certaines choses qui se sont passées avant. Ce que vous voyez maintenant, ce sont des choses qui se sont passées avant ». Et ce qui s’est passé avant c’est ça : « quand je dirigeais l’évolution de la moto, j’avais d’abord les pièces et je n’ai jamais pensé à moi. Ma façon a toujours été de faire ce qui était le mieux pour l’équipe, et si j’avais les meilleures pièces pour faire de la meilleure moto, je ne pensais pas à mon rival juste à côté, mais à Yamaha, Ducati… Car je me considère comme faisant partie de la marque. Plus tard, Marc Marquez a eu une autre façon de faire, que je n’ai jamais faite parce que ce n’est pas ma façon d’être. Par exemple, avant que Marc n’arrive, avec Stoner, on n’a jamais fait ce jeu-là non plus ».
Et cette façon de faire est absolument reconnue comme détaillée par Marc Marquez lui-même en se souvenant ainsi de sa cohabitation avec Dani Pedrosa : « à l’époque, nous avions une excellente moto et tout fonctionnait bien. Donc si une pièce fonctionnait pour Pedrosa, je n’aimais pas ça et je disais : « Ça ne marche pas, je veux l’autre, je veux cette pièce de rechange, puisque je suis en tête ! Ne lui donnez pas ça ! C’était comme ça. Et quand on me demandait : ‘et cette pièce ? Tu veux essayer ?’ Je ne voulais pas. Car je ne voulais pas qu’il l’ait ».
Dani Pedrosa : « c’est difficile à accepter et à comprendre »
Nous voilà en 2023. Marc Marquez a été longuement blessé et Honda n’a plus eu de repères ni de recommandations de son omnipotent champion. Qui n’hésite plus à présent à identifier sa RC213V comme un genre d’abomination, à la fois inefficace et dangereux. Un dernier caractère que Marc Marquez a souligné au Mugello, ce qui n’est jamais bon pour l’image de marque d’un constructeur, et encore moins lorsque l’on est le premier mondial.
Dani Pedrosa a entendu cette analyse de Marc Marquez et constate le champ de ruine qu’est devenu son ancien camp où les blessés sont légion. On rappellera que dans le prochain Grand Prix d’Allemagne de ce week-end, sur quatre pilotes en lice, seulement deux seront au Sachsenring, les deux autres, Rins et Mir, se remettant de leurs heurs et malheurs toscans.
L’ancien pilote d’usine Honda, a parlé à ‘DAZN Spain’ sur cette situation, des propos relayés par motorsport-total… « C’est évident que ça commence à être un peu fatigant » dit-il en faisant référence aux nombreux accidents subis par les pilotes HRC. « Le schéma se répète. C’est difficile à accepter et à comprendre. L’analyse est nécessaire, il faut chercher les causes et procéder étape par étape ». Et il termine en rappelant l’importance du Grand Prix qui s’annonce : « au Sachsenring, Marc Marquez pourra s’évaluer lui-même, jauger la moto, l’équipe et les pneus. Vous pouvez évaluer correctement l’ensemble du package au Sachsenring car c’est une piste, où il a gagné plus de dix fois. Il a des références et sait dans quelles années c’était mieux ou moins bien ». On attend impatiemment le verdict.
