La voie choisie par Honda pour l’évolution technique de sa RC213V est un sujet qui est revenu sur le devant de l’actualité depuis la victoire d’Alex Rins à Austin. Car le pilote LCR a vaincu au Texas avec une moto différente de celle réclamée par Marc Marquez, mais qui était celle proposée par HRC après la trêve hivernale. Il faudra attendre ce week-end à Jerez pour voir si cet épisode vécu aux Etats-Unis est une exception, ce qui n’est pas impossible avec un Alex Rins qui sait exprimer son plein potentiel à Austin. Cependant, ce n’est pas la première fois que l’on s’interroge sur la façon dont Marc Marquez développe la Honda. Une légitimité qu’Alex Rins a écorné, mais que Dani Pedrosa conteste aussi ouvertement avant de retrouver la piste ce week-end, pour un Grand Prix d’Espagne auquel il participera avec la KTM.
Et si Honda en était là, à cause de celui qui lui a pourtant apporté tant de titres et de victoires lorsque tout allait bien ? Pour avoir une idée sur la réponse à cette question, il faut se référer à diverses déclarations assumées, à commencer par celle de Marc Marquez lui-même dans sa série documentaire où il ne cache rien de ce qu’il est. En se rappelant de son arrivée dans le box Repsol, il dit : « à l’époque, nous avions une excellente moto et tout fonctionnait bien. Donc si une pièce fonctionnait pour Pedrosa, je n’aimais pas ça et je disais : « Ça ne marche pas, je veux l’autre, je veux cette pièce de rechange, puisque je suis en tête ! Ne lui donnez pas ça ! C’était comme ça. Et quand on me demandait : ‘et cette pièce ? Tu veux essayer ?’ Je ne voulais pas. Car je ne voulais pas qu’il l’ait ».
Cette drôle d’ambiance, cette emprise est confirmée en tout point par Dani Pedrosa qui révèle sur le site Revelo : « dans l’équipe dans laquelle on était, HRC, c’était comme ça : celui qui va le plus vite c’est le numéro 1, celui qui choisit les pièces et celui qui détermine un peu la direction. Quand il est arrivé, j’étais dans cette position puis avec les courses et les championnats, il a pris cette position et a décidé à sa manière ».
Dani Pedrosa a une éthique : « chez Honda, je ne pensais pas à mon rival juste à côté, mais à Yamaha, Ducati… Car je me considère comme faisant partie de la marque »
Une manière bien différente… « Quand je dirigeais l’évolution de la moto, j’avais d’abord les pièces et je n’ai jamais pensé à moi. Ma façon a toujours été de faire ce qui était le mieux pour l’équipe, et si j’ai les meilleures pièces pour faire de la meilleure moto, je ne pensais pas à mon rival juste à côté, mais à Yamaha, Ducati… Car je me considère comme faisant partie de la marque. Plus tard, il a eu cette autre façon de faire, que je n’ai jamais faite parce que ce n’est pas ma façon d’être. Par exemple, avant que Marc n’arrive, avec Stoner, on n’a jamais fait ce jeu-là non plus ».
Et avec les saisons qui se sont écoulées depuis que Dani Pedrosa a perdu la main, puis quitté le box, on a vu la Honda se dégrader jusqu’à apparaitre aujourd’hui comme incapable de faire des châssis que le constructeur commanderait à Kalex. Quant à Marc Marquez, sa réputation de metteur au point reste intacte, mais celle sur la piste se craquelle, sous les coups d’une intransigeance qui commence à lasser à tous les niveaux dans le paddock.
Au vu de ce qui précède, ces mots de Dani Pedrosa prononcés sur la situation de Honda au début de cette saison sonne de manière bien particulière : « je comprends qu’ils sont dans une situation étrange pour ce qu’ils sont. C’est peut-être un peu la moisson de certaines choses qui se sont passées avant. Ce que vous voyez maintenant, ce sont des choses qui se sont passées avant ». Puis il ajoute : « mais en général, c’est une marque qui a toujours réussi, je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas réussir à nouveau plus tard ». Alex Rins doit penser la même chose.
