Casey Stoner l’a signalé pour mieux le regretter : l’évolution technologique dans le MotoGP, en particulier dans le domaine de l’aérodynamique, a considérablement modifié le rôle du pilote et la dynamique des courses. Dani Pedrosa, avec son expérience en tant que pilote de MotoGP et pilote d’essai pour KTM, offre son regard tout aussi perspicace sur ces changements, avec cette idée maitresse l’Australien validée par l’Espagnol : on a enlevé au pilote une grande responsabilité dans la gestion de la moto.
L’aérodynamique est devenue un domaine d’innovation majeur dans le MotoGP, avec des constructeurs comme Ducati explorant activement de nouvelles solutions. Cependant, comme le souligne Dani Pedrosa, cette exploration est encore en cours et il reste beaucoup à apprendre sur ce qui fonctionne le mieux en termes de configuration des motos : « avant, l’aérodynamisme était une aide pour améliorer le contact du pneu avant avec l’asphalte, mais en analysant la façon dont l’air affecte la moto, de nouveaux carénages sont créés qui obligent à modifier la configuration de la moto pour la faire fonctionner »
Il ajoute sur l’aérodynamique : « c’est un secteur qui n’a pas encore été pleinement exploré, mais au cours des deux-trois dernières années, il a été exploré au maximum. Nous ne savons toujours pas ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas, notamment parce que chaque pilote a ses propres préférences ».
Parallèlement, l’égalité technique entre les équipes s’est accrue avec un seul fournisseur d’électronique et un seul fournisseur de pneus. Cela signifie que la marge de différenciation entre les pilotes est devenue plus étroite, les forçant à rechercher des gains de performance là où ils peuvent être trouvés. Une marge de manœuvre qui nous ramène encore e toujours à l’aérodynamique : « c’est là que la différence se fait » assure le « Titanium ». « Ils ont compris que le pneu peut mieux fonctionner avec l’aérodynamisme que sans. En termes de moteur, d’électronique, de pilotage et bien plus encore, tout est tellement à la hauteur qu’il est impossible de faire la différence. C’est pourquoi l’aérodynamique est explorée ».
Dani Pedrosa : « ceux qui sont forts seront toujours devant, mais il y a moins de différence par rapport aux autres »
Ces développements technologiques ont également eu un impact sur le rôle du pilote. Avec des motos de plus en plus sophistiquées, les pilotes ont moins de contrôle direct sur la machine et doivent se concentrer davantage sur l’optimisation de leur propre performance plutôt que sur la gestion de la moto. Cela a conduit à des courses où les dépassements sont plus difficiles et où la marge d’erreur est réduite : « le pilote se concentre désormais sur autre chose. Avec toute cette technologie, les pilotes démarrent de la même manière, la moto fait certaines choses à leur place et donc tout devient plus facile »
Dani Pedrosa fait aussi ce constat : « tout le monde part de la même manière, arrive au premier virage à la même vitesse et crée moins d’espace que par le passé, où il fallait plus contrôler la moto et où il y avait plus de différences entre les pilotes. Aujourd’hui, il est plus difficile de faire la différence en raison de la technologie actuelle. Tout cela enlève au pilote toute responsabilité dans la gestion de la moto. Aujourd’hui, il lui suffit de penser à maximiser le potentiel, et non à contrôler ce que la moto pourrait faire sans ces aides ».
Malgré cela, Dani Pedrosa souligne sur Motorcycle Magazin que les pilotes forts continueront à se démarquer, mais la différence entre eux est moins prononcée en raison de la technologie actuelle : « ceux qui sont forts seront toujours devant, mais il y a moins de différence par rapport aux autres. Nous allons beaucoup plus vite, en fait nous voyons des records sur chaque piste. Pour établir ces records, il faut freiner très tard, accélérer très tôt et être super rapide dans les virages. La piste devient plus petite, ce qui signifie que vous avez moins de marge pour dépasser. Il devient impossible de dépasser si votre rival est déjà à la limite. Les dépassements sont devenus plus compliqués, c’est pourquoi nous voyons ce type de courses ». Force est de constater que de Dani Pedrosa à Casey Stoner les pilotes dits de l’ancienne génération soulève des questions intéressantes sur l’équilibre entre la technologie et les compétences des pilotes dans le MotoGP moderne…