Au Qatar, il est devenu officiel que l’usine Ducati était seule contre toutes les autres, soit cinq autres marques que sont Honda, Yamaha, Suzuki mais aussi les européennes KTM et Aprilia. En cause, cette évolution du correcteur d’assiette influençant à présent aussi l’avant de la moto. La concurrence n’en pouvant plus de devoir suivre dans cette voie les hommes de Borgo Panigale ont dégainé le budget, la vitesse, la sécurité et l’inutilité pour les motos du marché qui sont autant d’éléments constituant un dossier visant à l’interdiction du dispositif par la Commission des Grands Prix. La contre-attaque arrive via le directeur sportif Paolo Ciabatti qui répond point par point et même un peu plus en ouvrant quelques dossiers…
Sur GPOne, Paolo Ciabatti est monté au front contre les cinq autres constructeurs engagés en MotoGP pour porter l’estocade après une fronde en règle contre les choix techniques des tuniques rouges. Le directeur sportif estime que « l’histoire se répète » une fois de plus en MotoGP lorsqu’il constate que Ducati a été laissée seule pour défendre une innovation à laquelle tous ses rivaux s’opposent, une situation que l’on « n’aime pas » à Borgo Panigale.
« Nous pensons que la réaction du reste des usines d’interdire une solution technique à une autre entreprise qui opère dans le cadre de la réglementation n’est pas correcte. Il me semble que ce qui s’est passé en 2016 avec les ailerons se répète, puis avec le déflecteur en 2019, en général avec toutes les nouveautés que Ducati a été la première à introduire », explique Ciabatti.
Il rappelle que son usine « a inventé le système pour abaisser la moto au départ et tout le monde l’a copié, ainsi que le dispositif qui abaisse la moto pendant les courses. Je pense que les raisons qu’ils ont données sont fallacieuses ». Ciabatti affirme ne pas en comprendre un des arguments présentés par les autres usines pour exclure l’utilisation de cette technologie : « ils disent que ce système ne peut pas être utilisé dans les motos de production, et je voudrais dire que tous nos concurrents utilisent des valves pneumatiques qui ne seront jamais utilisées dans les moteurs de production. On peut en dire autant des freins en carbone. Ce sont deux solutions très coûteuses, donc je ne pense pas qu’il faille argumenter sur le coût ».
« J’aimerais que les autres ne viennent pas regarder comment Ducati dépense son argent »
En plus de faire allusion à des raisons de sécurité sur la piste, Honda, Yamaha, KTM, Aprilia et Suzuki voient inutile d’investir plus d’argent dans ces systèmes à un moment où l’économie de l’ensemble du paddock ne connait pas son meilleur moment. Ducati rappelle que chaque usine peut gérer librement son économie : « je pense que chacun, dans le cadre de son budget, devrait être libre de prendre ses propres décisions, tant dans le domaine technique que d’assurer d’une certaine manière l’engagement de ses dépenses. Il y a des équipes qui dépensent beaucoup d’argent pour leurs pilotes, et cela me fait juste sourire ».
Ciabatti lance une fléchette à ses principaux rivaux en MotoGP, leur rappelant qu’ils devraient peut-être investir moins d’argent dans les salaires millionnaires de leurs pilotes et allouer un budget plus important au développement de leurs prototypes : « nous avons un budget et nous l’utilisons pour avoir des pilotes compétitifs et gagnants, et aussi pour faire le développement dont nous avons besoin, rien de plus. D’autres usines ont décidé de dépenser plus d’argent pour leurs pilotes, c’est une décision que je ne critique pas. Mais j’aimerais que les autres ne viennent pas regarder comment Ducati dépense son argent ».
Le directeur sportif de Ducati Corse espère que « le bon sens et le fair-play » reviendront au cœur de la MSMA, et insiste sur le fait que « si quelque chose est autorisé par la réglementation, et qu’il n’y a pas de raisons de sécurité pour penser à l’interdire, ça devrait être autorisé » malgré le fait qu’actuellement, « cinq usines veulent l’interdire à partir de 2023, et nous seules voulons la conserver. Il faudra attendre la décision de la Commission Grand Prix ». Qui pour le moment, garde ça sous le coude…